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Charles Pietri (Autre)Georges Duby (Autre)
EAN : 9782701011868
359 pages
Editions Beauchesne (01/04/1997)
4/5   2 notes
Résumé :
Personnage énigmatique de l’Histoire Sainte, Marie Madeleine traverse comme un emblème notre culture occidentale. Sa beauté, sa séduction, son repentir, ses larmes sur les pieds du Christ qu’elle essuya de ses longs cheveux, le vase de parfum qu’elle répandit, le pardon qu’elle en obtint, sa douleur près de la croix et du sépulcre, sa présence privilégiée à la résurrection, son arrivée en Provence et sa solitude contemplative au désert de la Sainte-Baume en font le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet élégant volume regroupe les actes du colloque organisé en 1988 par le Musée Pétrarque d'Avignon, sur la figure de Marie Madeleine dans les arts, la mystique et les lettres. Rédigés par des universitaires principalement (mais pas que) il est agrémenté de notes et de quelques illustrations en couleur ou noir et blanc.

L'ensemble des 22 articles présente un intérêt inégal, certains sont atypiques, savants et passionnants, d'autres tiennent plutôt de l'élucubration (habituelle et sûrement inévitable quand on traite le personnage de Marie Madeleine...). La célèbre sainte est abordée à travers une perspective tantôt transversale, tantôt très précise voire carrément anecdotique. Il faut dire que le sujet est inépuisable.
Mais ce n'est pas avec cet ouvrage érudit qu'on peut le découvrir en première intention : mieux vaut avoir déjà une bonne connaissance du personnage de Marie Madeleine et de ses enjeux, sous peine d'être complètement noyé.

Le recueil se divise en différents chapitres thématiques : aspects exégétiques et historiques, traditions hermétiques et mystiques, esthétique et représentation, aspects analytiques (avec l'indispensable psychanalyste jungienne...), le mythe littéraire et poétique.
Les articles les plus marquants à mon sens sont ceux sur Bérulle, l'occultisme du XIXe siècle, les 3 interventions traitant de la représentation de Marie Madeleine au fil de l'histoire de l'art avec une mention spéciale à celui consacré au rôle qu'elle a joué dans le dispositif de la contre réforme.
On peut sauter directement certaines contributions qui n'apportent pas grand chose (le tantrisme, vraiment ?!)

L'ensemble reste très intéressant... quand on se passionne comme moi pour le personnage, avec des détails sur des sujets dont j'avais une connaissance superficielle (comme le projet de basilique auquel collabora Le Corbusier à la ste Baume).
Avec aussi de belles découvertes autour de la poésie et la littérature: Pétrarque bien sûr, la référence obligée elle aussi, Vaucluse oblige, à René Char, en revanche, est plus ésotérique (il aurait peut être été judicieux d'intégrer dans l'ouvrage les textes dont il était question). Mais aussi Rilke et Claudel.
On s'approche alors moins de Marie Madeleine que de la spiritualité de ces auteurs. C'est sûrement la vocation de Marie Madeleine que de nous rendre proche ceux qui l'aiment.

Il y a une pépite dans ce recueil: l'incroyable contribution portant sur les chantres provençaux de la Madeleine au XVIIe siècle, qui nous fait découvrir l'inénarrable Père carme de Saint-Louis, dont la tête, selon son biographe "était comme une horloge qui se détraquait souvent". Passionné par la sainte, ce bon père, passablement atteint de logorrhée poétique, commis en son honneur pas moins de 7000 vers qui déclenchent l'incrédulité voire l'hilarité.

"Jérusalem la vit comme la pécheresse
Et Marseille l'ouit comme sa précheresse
La première abhorra ses vains déportements
La seconde adora ses saints emportements"

Mais oui on peut rire de tout, et surtout de ces stupides stéréotypes dont on a affublé Marie Madeleine depuis des siècles. Que dire de plus ?
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très bon bouquin qui explique l origine des reliques notamment le fameux badilon qui aurais ramener le corp de marie de Magdala au 9 e siècle il y avait probablement deux femmes marie de Magdala et marie de Béthanie Grégoire de tour aurait inciter a fusionner les deux en une seul pour rendre le christ plus divin
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Dans le cas de sainte Madeleine, le rôle du concile paraît essentiellement positif dans le domaine de la peinture: quelques scènes de sa vie, liées à des sources peu sûres, disparaissent, tandis que de nombreuses nouvelles scènes font leur apparition.
Les épisodes de la vie de la Madeleine qui ne sont plus représentés après la Contre-Réforme étaient dans la plupart des cas tirés de La Légende Dorée de Jacques de Voragine, unanimement condamnée comme trop légendaire. On ne peindra plus la Mondanité de la Madeleine (gravée de Lucas de Leyde en 1519) ni la Prédication de la Madeleine aux Marseillais ni les miracles de l'apostolat provençal.
A la fin du Moyen Age et à la Renaissance, les artistes multiplient l'image de la "myrrophore", élégante jeune femme représentée dans le riche accoutrement que portait la Madeleine dans les représentations des Mystères. Elle porte un vase généralement somptueux pour souligner le prix insigne du parfum qu'elle va répandre sur les pieds du Christ. Molanus s'insurge contre ce riche costume "c'est indécemment qu' elle est représentée par les peintres avec des vêtements d'apparat". Les théoriciens italiens de la Contre-Réforme s'élèvent aussi vivement contre ce luxe incongru
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La fortune de l'iconographie magdalénienne en Italie, entre les XIIIe et XVe siècles, s'inscrit au cœur de la Réforme Mendiante, puis des mouvements de l'Observance qui la traversent. Au XIIIe siècle, Marie-Madeleine est liée à l'Ordre des Franciscains : trois des plus grands cycles de peinture monumentale qui lui sont dédiés, sont commandés ou inspirés par les Franciscains. Ce sont d'abord les fresques qui décorent la chapelle consacrée à la sainte dans l'église inferieure de la Basilique Saint-François d'Assise, puis celles peintes dans la chapelle Rinuccini à l'intérieur de l'église Santa Croce, à Florence, enfin celles de la chapelle du Podestat dans le Palais du Bargello, à Florence aussi, dont il ne reste plus grand-chose aujourd'hui . Marie-Madeleine appartient à la pastorale des Frères.
A partir des années soixante-soixante-dix du XIVe siècle, un reclassement s'effectue au sein de la clientèle des Ordres Mendiants, au profit des Dominicains, mieux insérés dans le patriciat urbain. Parmi les couvents des Prêcheurs, ceux de Fiesole à la fin du XIVe et de Saint-Marc à Florence au XVe assurent à Marie-Madeleine son plus vif succès : elle en vient à incarner, aux yeux des Observants et de leur clientèle, l'image parfaite de la pénitence.
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Les Dominicains Observants, acteurs principaux de la figure, portent la Madeleine très haut dans la théologie morale à travers une formulation iconographique simple. Leur discours est relayé par une pratique artistique qui n'hésite plus à renouer avec les leçons de l'Antiquité. Marie-Madeleine triomphe seule sur les retables, dans la pierre ou dans le bois. Du personnage christique à l'Eglise des derniers temps, de la sainte qui tient son rôle dans la congregatio sanctorum à la martyre sans le sang, Marie-Madeleine a gagné, sous l'influence des Ordres Mendiants, Franciscains et Dominicains, un rayonnement de plus en plus dense et un sens de plus en plus profond. A ce point de l'évolution une question se pose : quelle place laisse-t-elle à la Vierge Marie ? Ne contribue-t-elle pas à en faire un personnage éthéré, un peu plus éloigné des préoccupations morales de tous les jours, la Mère de Dieu ? En 1358, sur le petit triptyque qu'il peint pour l'église des Saints-Sixte-et-Dominique à Rome, Lippo Vanni présente les trois figures de femmes qui sont en question : Marie sur son trône; Marie-Madeleine sur la droite ; Eve pécheresse assise au pied du trône de Marie. Le peintre illustre le thème marial de la nouvelle Eve. Face à Madeleine, il dispose saint Dominique nouvel apôtre assistant au Mystère de l'Incarnation. Marie-Madeleine intervient comme le premier des Apôtres, le premier témoin du Christ Ressuscité. Sa résonance ne connait dès lors aucune limite.
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Mais le principal enseignement proposé par l'illustre pécheresse repentie est bien entendu l'exemple de la pnitence, Speculum penitentiae. Les protestants rejetaient certains sacrements comme la confession car ils jugeaient le baptême et la foi suffisants pour la rémission des péchés. « Péche hardiment mais crois plus hardiment encore » clamait Luther. Les exégètes catholiques s'emploient activement à réfuter cette affirmation ; le cardinal Robert Bellarmin, saint jésuite célèbre pour ses Controverses, consacre en 1613 un épais volume à la faute et à la à nécessité de la pénitence. La Madeleine éplorée représentée pieds du Seigneur chez Simon le Pharisien est l'image même de l'absolution : « Remissa sunt ei peccata multa, quoniam dilexit multum » ; dans sa retraite à la Sainte-Baume, elle incarne à la fois pénitence et repentir, c'est-à-dire, avec l'absolution, les trois éléments du sacrement de pénitence.
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Marie-Madeleine est bien plus qu'un personnage du Nouveau Testament ou qu'une sainte chrétienne. Elle est aussi, et surtout, celle qui du Moyen Age au Baroque, a attisé l'imagination de bon nombre d'artistes, peintres, poètes, musiciens. Dans la tradition occidentale, hébraïco-chrétienne, elle est peut-être l'unique expression significative d'un Féminin véritable, intégral, collectif et archétypique, apte à recueillir dans sa polyvalence, une infinité de projections. Ce que dit Jung du Christ comme archétype, est aussi valable pour elle
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