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Critique de VincentGloeckler


Sous la plume de Paola Pigani, qui avait déjà su nous émouvoir, et ô combien, avec des romans mettant en scène sa rencontre d'enfance avec les tsiganes, dans N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures (Liana Levi, 2013), la vie de sa famille de paysans italiens immigrés et sa jeunesse en Charente dans Des orties et des hommes (Liana Levi, 2019), ou des poèmes comme ceux du recueil, La Chaise de van Gogh (La Boucherie littéraire, 2021), un merveilleux hommage rendu à son père récemment décédé, Et ils dansaient le dimanche est un très grand roman historique et social, montrant une fois de plus l'extrême attention de l'auteure aux simples « choses de la vie » humaine, sa manière bien à elle de révéler dans le quotidien la violence ou la beauté. En 1929, Szonja, une jeune paysanne hongroise, quitte son pays avec sa cousine Marieka, pour gagner Lyon, où les attend une promesse d'embauche dans une usine de fabrication de viscose, cette soie artificielle qui connaît alors un bel essor. Au cours même du long voyage ferroviaire, pourtant, le rêve d'émancipation commence déjà à s'effriter, et la découverte de leur nouvel environnement industriel à l'arrivée ne fera qu'empirer le désenchantement. Szonja est obligée de se loger dans une triste pension tenue par des soeurs, de partager avec les autres ouvrières les maigres repas au réfectoire, de subir à l'usine cadences infernales et mauvais traitements, victime des brimades et des inégalités entre hommes et femmes, abimant ses mains dans des produits toxiques, sa tête et ses poumons dans un brouillard de fumées nocives. Et pourtant, avec ses collègues immigrés d'Europe centrale et d'Italie, elle découvre aussi la camaraderie et la solidarité, la joie des conversations, de la fête dominicale, et des danses au bord de la Rize. Quand surgit la grande Crise, conséquence du crash économique de 1929, entraînant le chômage et l'hostilité à l'égard des étrangers, cette fraternité des ouvriers, dans la colère et la lutte, leur permettra de résister jusqu'au Front Populaire et ses promesses de jours meilleurs… Dans un récit engagé, trouvant toujours les mots justes pour dire les tourments du corps comme les sentiments, traduisant avec la même poésie la douleur et l'amour, Paola Pigani nous entraîne, comme ses héros, dans la plus belle des valses littéraires… Laissez-vous emporter par sa musique, comme par le souffle de l'accordéon du « petit bal perdu » !
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