La chaise de van Gogh de
Paola Pigani.
Éditions La boucherie littéraire
Un poème murmuré en délicatesse où palpitent deux vies, celle de van Gogh, celle de Lino, le père aimé
De Paola qui écrit. Un va-et-vient entre deux terres d'exil, deux champs travaillés au pinceau ou à l'andaineuse; deux corps ployés qui cherchent le soleil au dessus du labeur des jours, la matière ou le métal désossé ; Vincent, sa chaise; Lino, l'italien, la sienne, où il ne se pose que pour trier le métal...
Une respiration retenue, comme une confidence pour maintenir le lien en mots sobres et forts, ceux de la fille de l'italien dans ce long poème qui reprend son souffle à chaque page littéraire.
La poésie se dit et se lit, choisissez, ou plutôt non, prenez les deux ! Puis offrez ce petit ouvrage-perle de la mémoire personnelle, de la mémoire des peuples.
(Compte-rendu de Élisabeth Fabre Groelly. Avril 2021)
Extraits
« Trieste est proche de ta mémoire, certains soirs.
La bora vient jusqu'à toi.
Soulève tes dix-sept ans, ton béret de marin.
Embrasser père et mère.
Embrasser terre et mer de ton regard gris-bleu.
…
Le monde pour moi
Part de tes épaules pour descendre à tes pieds
Lavés devant la porte dans une bassine en émail.
…
Après le sanatorium, ta peau est prête à tout…
…
Le temps de vivre au cours irrégulier.
…
À l'auberge d'Auvers sur Oise,
On a gardé
la chaise de van Gogh.
Passé l'ombre, tout reste vivant.
Lui les blés, toi, les blés.
Lui le ciel, toi le ciel.
.. Lui la tristesse, et toi ?
…
Tu supportes mal l'errance, ça ravive les routes, l'exil, les heures de la peur dans les forêts de Yougoslavie. Avec ton sac de polenta pour tenir dix jours sans sel et ces vers de
Dante connus par coeur…
…
Sur la chaise vide, la paresse jamais n'a pris son aise
Seul votre corps vertical aux mains savantes
A ourler métaux et couleurs dans la doublure des jours.
Toi, Lino, toi Vincent jusqu'aux accrocs de fatigue.
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