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Citations sur Inséparables (67)

Ah, la parole donnée. Ce crétin avait osé lui expliquer combien elle était sacrée dans leur milieu. Comment dans leur milieu cette parole donnée représentait la vraie, l'authentique richesse. A l'entendre, cet imbécile, on aurait dit que l'industrie textile internationale était une espèce de confrérie pleine de bonnes intentions. Pas une savane peuplée de chacals, pas un océan infesté de requins à la Jacob Noterman, mais une sorte de chevalerie.
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C'était comme si une héroïne des comédies musicales dont Semi raffolait s'était incarnée à l'endroit le plus inattendu. Une de ces jeunes femmes en technicolor qui vivent dans des mansardes en carton-pâte et qui, lorsqu'elles doivent exprimer enthousiasme ou contrariété, se mettent à chanter et danser accompagnées par des orchestres invisibles.
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Se fréquenter soi-même avec assiduité suffit pour comprendre que si les autres nous ressemblent, alors il ne faut pas leur faire confiance.
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Il avait réussi à protéger sa tranquillité, au moins jusqu'à ce qu'il mette les pieds chez lui la veille.
Ensuite, le délire.
Quel imbécile, il était ! Comment le mari d'Anna Cavalieri pouvait-il s'attendre à un peu de solidarité conjugale ?
Il était revenu avec la ferme intention de convaincre Anna de ne pas faire de caprices et de participer au Seder de Pessah. Il l'avait trouvée en T-shirt et petite culotte, un écouteur dans l'oreille, en train de circuler dans la maison. Il devait s'agir de la énième conversation quotidienne avec son père. Aucun doute, ces deux-là étaient en train de dire du mal de lui. Filippo en avait eu la certitude quand sa femme avait chuchoté : "Le voilà. je te rappelle."
Une longue pratique conjugale lui avait appris que les mariages obéissent à des lois guère différentes de celles qui régissent une bagarre de bar : celui qui cogne le premier cogne doublement. Dans des circonstances normales, en prenant Anna de court, il l'aurait apostrophée d'un sarcasme. Mais, décidé comme il l'était à se comporter de la façon la plus anodine possible, il s'en était sorti avec un simple : "Oui, mon chou, me voilà."
Anna l'avait regardé comme si c'était un assassin.
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Quelques jours après le début du séminaire, il pouvait se dire satisfait de son tout nouveau curriculum universitaire. Il n'enseignait que depuis deux semaines et avait déjà fait visiter sa chambre d'hôtel à plusieurs étudiantes. Il était désormais rompu à l'art de mettre ses admiratrices dans son lit. Et grâce à ce savoir-faire, il pouvait dire que la pire des choses était que l'admiratrice du moment ne décampe pas tout de suite après.
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La chambre lui avait été offerte par la Bocconi. Vu l'accueil triomphal qu'il avait reçu dans le grand amphithéâtre, ils lui avaient demandé s'il ne voulait pas animer pendant cette fin de semestre un petit séminaire sur un thème de son choix. C'était l'expression exacte qu'ils avaient employée : "un thème de son choix".
Les étudiants seraient enthousiastes et, détail non négligeable, ils le paieraient une somme colossale.
Sur le moment, Filippo avait hésité. On lui proposait vraiment un cours ? A quel titre ? Qu'avait-il à enseigner ? Comment pourrait-il intituler son séminaire ?
L'Art de se faire tuer.
Cours accéléré de fornication appliquée.
Comment vivre aux frais d'une épouse riche et névrosée.
Comment rendre furieux les extrémistes en dessinant.
Hypocrisie et Ressentiment.
C'étaient les seuls "thèmes de son choix" qui lui venaient à l'idée. Ca ne tenait pas debout. Qu'on lui confie un séminaire indiquait vraiment que l'enseignement universitaire, au moins, en Italie, était en fin de course. Et compte tenu de tout ce qu'il avait subi étudiant, il était particulièrement heureux de contribuer au coup de grâce qui allait être infligé à une institution qui l'avait aussi mal toléré. Et puis la perspective de pontifier devant tous ces jeunes snobs (bottes pointues, jeans serrés, petits sacs Vuitton) lui faisait venir l'eau à la bouche.
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Où était passée sa sagesse ? Le fatalisme plein d'humour avec lequel il avait toujours accepté l'idée d'être un raté ? Son savoir-faire avait-il été dévoré par les ovations ? Alors c'est vrai qu'aucune drogue ne crée une plus grande dépendance que la célébrité. Que l'euphorie de voir son visage sur la couverture d'un magazine en papier glacé est bien plus puissante que la douleur de découvrir à une semaine de distance que ce même magazine vous a été infidèle et a consacré sa couverture à un autre.
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Filippo se voit tout à coup en mari. Le quotidien avec une femme lui paraît une véritable bénédiction. Il se prend secrètement à envisager sa vie avec Elodie, balloté d'un endroit pourri de la planète à un autre, à s'occuper de la santé des enfants des autres. Ce scénario mental devrait l'angoisser. Au contraire, il l'exalte. Il ne désire rien d'autre que partager son expérience de coopérant humanitaire avec cette femme. Il veut coopérer avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le jour il veut l'admirer comme mère Teresa de Calcutta, la nuit la baiser comme une star du porno !
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"J'aime l'odeur du napalm le matin. Il a le parfum de la victoire."
Filippo n'avait rien trouvé de mieux que recourir aux mots du lieutenant-colonel Bill Kilgore, héros immortel d'Apocalypse Now, pour expliquer à Elodie Claudel pourquoi il évoquait toujours avec beaucoup de nostalgie tendre son expérience de fusilier d'assaut à la caserne de Cesano.
Six mois étaient passés depuis son retour à la vie civile. Il était depuis quelque temps à Dacca, au Bangladesh, avec Médecins sans frontières.
Mais hélas il s'était rendu compte immédiatement qu'Elodie - son chef de projet - n'était pas la personne indiquée pour apprécier l'arrière-goût cynique de la citation. Le cynisme n'était vraiment pas son fort. Et l'endroit fourmillait de gens comme Elodie.
Bizarre, parce que si un endroit avait besoin d'un peu d'ironie, c'était justement Dacca. La première impression était horrible, mais pas autant que la deuxième, quand sur la Jeep qui vous emmenait au dortoir dans la partie ouest de la ville vous étiez cerné par la succession implacable d'énormes bidonvilles, respirant l'air brûlant et putride du premier après-midi, sans cesser de vous demander qui vous avait poussé à venir. Si la vie dans ces avants-postes de l'humanitarisme progressiste avait plus d'un point commun avec l'expérience de la caserne, toute forme de camaraderie était néanmoins interdite. Ironiser sur les raisons pour lesquelles vous étiez là était on ne peut plus inconvenant, tout comme ne pas effectuer correctement les tâches qui vous étaient confiées.
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Malgré son surpoids et ses pieds plats, il avait passé la sélection pour devenir élève officier et quelques mois plus tard il avait été appelé...
Jamais encore il n'avait subi une quantité aussi épouvantable de contraintes. Jamais son idée de la liberté n'avait été aussi sévèrement contestée. Une seconde après l'avoir arraché à la vie civile et lui avoir rasé la tête, ils avaient commencé à lui hurler dessus et à le menacer, en lui faisant comprendre qu'au cours des trois mois suivants (la durée de la formation), non seulement ses droits civiques seraient suspendus, ni plus ni moins que ceux de n'importe quel prisonnier, mais que ses conditions de vie dépendraient de son aptitude à faire briller son ceinturon et ses bottes, de sa dextérité à faire un lit au carré digne de ce nom, ou de sa rapidité à saluer ses supérieurs d'un mouvement à la fois précis et désinvolte.
Puis l'été s'en était mêlé. Les longues marches de reconnaissance sous un soleil de juillet à son zénith, torturé par les orties, les ampoules aux pieds, les courbatures douloureuses et les essaims d'insectes; alourdi par son uniforme, ses bottes, son casque, son paquetage, son fusil, outre ses presque trente ans de vie sédentaire; tout cela et beaucoup d'autres choses avaient constitué une épreuve très au-dessus de sa capacité de résistance.
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