C'est un superbe petit album que j'ai eu la chance de recevoir là, grâce à la masse critique de Babelio. le texte, qui date de 1978, n'a malheureusement pas beaucoup vieilli. Il me semble que les femmes sont moins éduquées qu'avant à être “les femmes des hommes importants” ou les “maîtresses de maison”. Et pourtant, les chiffres sont là pour prouver l'inégalité des sexes aujourd'hui devant les tâches ménagères, l'aspect extrêmement sexualisé de certains métiers, les écarts de salaires, et j'en passe. La discrimination ordinaire est bien présente. Ce texte est donc tout a fait pertinent à lire encore aujourd'hui.
J'ai envie de souligner la qualité de travail d'illustration de
Luci Gutiérrez, qui amène une nouvelle lumière sur le texte et apporte un contenu supplémentaire.
J'ai lu cet album à mon fils de 5 ans. Il lui plaît beaucoup et nous donne l'occasion de vivre des moments complices de lecture. Je crois qu'il est plus jeune que le public visé, mais ce livre est quand même bien adapté. C'est une occasion d'aborder ces thèmes. Ça me semble utile d'en parler dès le plus jeune âge, tant la distinction des sexes est effective dès la naissance (vêtements, réactions différenciées, jouets, ...).
Ce livre pose un postulat tout simple : les femmes et les hommes se ressemblent beaucoup. La seule différence c'est qu'ils ont un sexe différent. Pour être honnête, cette affirmation m'a laissée bien perplexe... Les hommes sont tout de même "naturellement" plus fort que les femmes, en regard par exemple aux performances de sportives et sportifs de haut niveau. Mais peut-être que cette différence est hormonale. Et certainement qu'elle est bien moins grande que ce qu'en pense l'opinion publique.
Ce qui m'interroge, surtout, ce sont les questions de genres. Si les différences entre identité masculine et féminine sont essentiellement éducatives et sociétales, que veut dire "se sentir homme" ou "se sentir femme"? Pourquoi y a-t-il des personnes qui se revendiquent de l'autre sexe que celui qui leur a été assigné à la naissance alors qu'elles n'ont pas été eduquées à ça ? Et qu'en est-il des personnes intersexuelles ? Cette classification sexuelle binaire n'est-elle pas obsolète ? Ne serait-ce pas plus exact de nous créer, chacun-e, une identité qui adopterait les éléments dans lesquels on se reconnaît, sans chercher les associer à un sexe particulier ? Je rêve d'un société où tout serait légitime pour tout le monde...
Je vois bien que je dévie du thème de ce livre, le féminisme, vers des questionnements du mouvement queer. C'est que les deux mouvements me semblent tellement liés.
Beaucoup de questionnements pour moi, donc, à la lecture de ce livre. Un peu de frustration que le texte soit si court. Mais c'est qu'il répond au format de l'album jeunesse, en cela ça me semble tout à fait juste. Pour ma part, j'adore me retrouver avec de nouvelles questions, comme autant de nouvelles pistes qui s'ouvrent. J'irai chercher dans des livres destinés aux adultes des (pistes de) réponses.