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Critique de candlemas


Pour cette critique, je me propose de "prolonger" le commentaire de mon amie Rabanne car, si je rejoins Harvard sur l'idée que derrière l'éloge à l'Amour, ces échanges portent aussi sur le bien, le mal, le beau, je ne trouve pas que l'introduction de Rabanne soit superficielle. Elle introduit parfaitement le sujet, mais donne envie d'aller plus loin...
Dans ce banquet en effet (si on accepte de laisser de côté le biais civilisationnel héllène selon lequel le seul amour à louer serait celui entre deux hommes), Platon interroge le rapport amoureux sous bien des angles.
Est-il, comme l'exprime Phèdre, l'un des plus grands dieux car source de tout bien, encourageant l'amant à se bonifier ?
Eros, volontiers vulgaire, selon Pausanias, se bonifierait-il dès lors que l'amant voue son âme à un aimé en valant la peine ? Eryximaque semble le penser, tout en n'opposant ma ces deux Amours, liés par nature dans une tentative d'élévation de l'Homme...
Quant à Aristophane, il nous propose cette superbe histoire, qui fait aujourd'hui partie des paraboles inscrites dans l'ADN même de notre culture occidentale, serait la tension sans fin entre des êtres humains coupés en deux, aspirant à refonder leur union originelle et leur bonheur.
A son tour, Socrate, faisant appel à la maïeutique, tente de définir l'Amour tel qu'il est plutôt que de le louer a priori. Au détour d'une définition du beau et du vrai, du sage, il montre à ses convives que l'Amour s'en distingue clairement ... l'amour est un va-nu-pieds, toujours dans le besoin...
Par sa contemplation et poursuite du beau/du bien, mue par l'espoir de fécondité et de report de la mort et de la disparition, Amour conduit l'être à s'élever, l'invitant à passer du corps à l'âme, puis à la CIté.
Quel beau symbole que l'intervention finale d'Alcibiade, déclarant sa flamme déréglée, et son amour déçu!
Pour moi le Banquet est loin d'être le texte le plus abouti et le plus enthousiasmant de Platon. Mais la lecture de ces éloges devrait parler à la fois à tout être -homme ou femme- ayant déjà ressenti les transports de l'Amour, dans toute sa ambiguïté et son irrationalité ; et à la fois, grâce à Socrate, propose une prise de recul le resituant comme auxiliaire d'une projection éthique de soi depuis l'Amour charnel vers le partage des âmes, et, finalement, un Amour universel.
Ce faisant, ce texte imprègne nombre de développements ultérieurs dans notre culture occidentale, y compris dans les représentations artistiques, où le petit Eros, au coin du bois avec ses ailes et son arc, préside à tant de destinées...
Si petit Eros, et pourtant l'un des ressorts les plus puissants de l'être humain.... hélas, comme beaucoup je pense, je m'identifierais plus à Alcibiade, soumis à la loi de ce chasseur hors pair, qu'au sage Socrate sachant transcender sa puissance pour atteindre la plus grande vertu...

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