AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de boudicca


Après le succès amplement mérité de son premier roman, Stefan Platteau renoue avec l'univers des « Sentiers des astres » à l'occasion d'un second volume qui met enfin un terme à l'insoutenable attente dans laquelle nous avait plongé le final de « Manesh ». L'auteur opte à nouveau pour une double narration, donnant ainsi la parole à deux des neuf membres restants de l'expédition du capitaine Rana parti vers le Nord en quête de l'oracle connu sous le nom de Roi-diseur. le premier reste Fintan Calathynn, second du capitaine et surtout barde, gardien du « vrai dire » habile à manier les mots aussi bien que les notes. le second, par contre, n'est plus le Bâtard de Marmach qui nous avait fait don de son histoire dans le premier tome mais la Courtisane, personnage au moins aussi énigmatique que l'être solaire. Si on pouvait reprocher au premier tome une certaine lenteur, ce deuxième opus démarre sur un rythme beaucoup plus nerveux.qui ne faiblira que rarement tout au long des quelques trois cent pages que compte le roman. Dans la première partie, on suit avec un mélange d'inquiétude et d'émerveillement la fuite éperdue de nos neuf compagnons, pourchassés par des créatures d'un autre temps dans une forêt tellement chargée d'histoire et d'étrangeté qu'elle en devient presque un personnage à part entière. Et quel personnage ! L'auteur puise cette fois encore son inspiration dans différentes mythologies (notamment asiatiques) qui donnent davantage de profondeur et de complexité à son univers qu'il nous dévoile par petites touches.

Arrivé au premier tiers du roman, le récit du Barde se fait d'ailleurs tellement prenant qu'on éprouve quelques réticences à s'en écarter pour se plonger dans l'histoire de la Courtisane, personnage qui a pourtant le don d'éveiller la curiosité du lecteur depuis le début. Et puis, en à peine quelques pages, la conteuse nous prend à son tour dans sa toile et ne nous lâchera plus avant la toute dernière ligne : « Vous attendez donc que je vide mon sac. le récit des fautes et des plaintes de la putain. Très bien. Vous allez être servis ! Je ne promets pas d'avoir honte. Je vais faire ce que je fais le mieux : me livrer sans pudeur. Conter pour le bon plaisir des hommes... » La voilà donc qui réveille pour son auditoire les souvenirs de son enfance sur l'île de Fintami : les heures passées dans le Lempio, la grande forêt jouxtant le domaine de sa mère ; sa connexion profonde avec les esprits peuplant ces bois ; sa rencontre décisive avec le beau mais orgueilleux Meijo ; leur épique lutte contre la Croque-carcasse... le récit de la Courtisane se fait aussi captivant que celui du Bâtard de Marmach et c'est avec frustration que l'on comprend qu'il faudra patienter davantage avant de la voir révéler tous ses secrets ainsi que les raisons qui l'ont conduites à se joindre à l'expédition sur le Vyanthryr. Outre l'intérêt porté à l'intrigue et aux différents personnages, le charme du roman repose en grande partie sur le soin que l'auteur apporte à son écriture qui se distingue très nettement par son raffinement et sa puissance évocatrice (le rapprochement avec un autre auteur comme Jaworski est à ce titre assez tentant).

Avec « Shakti » Stefan Platteau signe un deuxième tome encore plus abouti que le premier qui ne fait que confirmer son talent. C'est avec regret que l'on s'arrache à cet univers foisonnant porté par une plume d'une grande finesse et incroyablement immersive. Les visions du barde entonnant son Chant afin de gagner la forêt à sa cause, du combat contre les guerriers de l'Hermine ou de la cité aérienne des Teules sont de celles qui vous restent en tête pendant longtemps…
Commenter  J’apprécie          293



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}