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Critique de JustAWord


En France, c'est par l'auto-édition que se fait connaître Audrey Pleynet dans le milieu de l'imaginaire. de son premier roman, Noosphère, on ne gardera le souvenir que d'un roman inabouti, au mieux médiocre et ennuyeux. Par la suite, on la retrouve dans la revue Bifrost avec la nouvelle Encore Cinq ans qui rassure sur la sensible amélioration de sa plume mais aussi sur le traitement de ses thématiques science-fictives. À présent, c'est dans la collection Une Heure Lumière du Bélial' que l'on retrouve la française pour un titre aussi doux qu'évocateur : Rossignol.
Que vaut cette nouvelle incursion dans le genre de la science-fiction ?

Pour tout dire, l'immersion est difficile. Rude même.
Audrey Pleynet choisit de balancer le lecteur au beau milieu de son univers et cela sans ménagement. Raccrochons-nous à donc ce que nous pouvons…
D'abord, le lieu : une sorte de station intergalactique créée suite aux guerres (la rencontre entre les espèces différentes se soldent souvent par ce genre de désagrément apparemment ) par des déserteurs et contrebandiers de races diverses, qui phagocyte les civilisations extra-terrestres comme elle consomme les astéroïdes.
La singularité de ce lieu, hormis son florilèges de peuples différents, c'est d'être capable de s'adapter aux multiples physiologies et capacités de ses habitants pour que tous puissent vivre ensemble. Une technologie appelée Paramètres…mais que plus personne ne sait guère contrôler.
Ensuite, les personnages, où, devrait-on dire, le personnage puisque c'est une narratrice qui va nous guider dans ce dédale civilisationnel, une « Humania » Majo… comprenez que ses gênes sont majoritairement Humania, une race que l'on devine assez proche de l'humain.
Enfin, l'intrigue qui tourne autour d'un conflit politique entre deux factions, les Fusionnistes et les Spéciens, les premiers voulant poursuivre cette intégration multiraciale plus avant tandis que les autres veulent imposer un régime plus « pur » en termes génétique.
Ainsi résumé, Rossignol semble assez simple à comprendre dans son versant « Utopie en péril ». Ce qui n'est pas du tout le cas car la lecture demande une attention de tous les instants puisque le lecteur apprendra cela par petites touches.
L'univers, au fond, est solide, bien que présenté de façon fouilli. Autre bon point, l'écriture d'Audrey Pleynet continue sa marche en avant et s'avère, cette fois, particulièrement convaincante et solide.
Rossignol est-il pour autant une réussite ?

À ce stade, il faut bien comprendre que beaucoup d'éléments concourent à saluer le travail de la française mais que c'est le format choisi qui va, de façon surprenante, la desservir. le lecteur est littéralement noyé sous les espèces et les variations génétiques dans cet univers où tout repose finalement sur vos pourcentages de telle ou telle race.
Si quelques rares extra-terrestres sont particulièrement bien exploitées (notamment les ‘Has), la plupart ne font que passer et la succession des noms étranges devient un catalogue plus qu'autre chose. Ce qui manque ici, c'est l'incarnation des personnages qui gravitent autour d'une narratrice qu'on devine pourtant émouvante et sincère dans sa quête d'un amour maternel et filial.
Audrey Pleynet a du mal à gérer l'aspect émotionnel de la relation de sa narratrice avec son enfant, Joshua, tout en jonglant avec une sorte de révolution conservatrice qui en dit long sur les thématiques sociales exploitées ici, parabole sur le vivre ensemble et la tolérance qui, pourtant, semble particulièrement bien trouvée.
Ce qui déçoit en réalité, ce n'est ni le style ni l'univers ni l'ambition, c'est cette constante sensation de frustration qui naît du trop peu.
Dès lors, les races comme les personnages semblent effleurés, sous-exploités, comme si Adam-Troy Castro avait voulu résumer l'univers d'Andrea Cort en une novella de 130 pages ou comme si la Nouvelle-Crobuzon de China Miéville se survolait au lieu de s'explorer.
Le résultat, dès lors, semble bancal et l'on peine à trouver des prises émotionnelles véritables sur ce que l'autrice met pourtant une grande énergie à construire. N'est pas Ken Liu qui veut…

Infusé de sense-of-wonder, intelligemment pensé mais malheureusement bien mal agencé, Rossignol est une tentative de science-fiction qui se loupe en touchant pourtant ses objectifs du bout des doigts. On espère que l'univers ici effleuré sera un jour exploité à sa juste valeur.
Lien : https://justaword.fr/rossign..
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