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Citations sur Traités : Tome 4, 27-29 : Sur les difficultés relatives à l'âme (10)

12. Et les âmes humaines qui aperçoivent leur image, comme si c'était dans le miroir de Dionysos, viennent s'installer ici après s'être précipitées de là-haut, sans pour autant être aucunement séparées du principe qui est le leur, l'Intellect. Car elles ne sont pas venues avec l'Intellect : en réalité, elles sont allées jusqu'à [5] la terre, mais leur tête est restée solidement fixées en haut dans le ciel. Elles sont descendues plus bas, parce que leur partie intermédiaire était obligée de prodiguer leurs soins à ce jusqu'à quoi elles s'étaient portées, et qui avait besoin de soins. Mais Zeus le père, compatissant à la souffrance de ces êtres, rend mortels les liens qui les font souffrir et leur accorde des périodes de repos en les rendant libres de corps pendant certaines périodes de temps [10], pour leur permettre à elles aussi de se retrouver là-bas où reste toujours l'âme du monde qui, elle, ne se tourne en aucune façon vers les choses d'ici-bas. Car ce que l'âme du monde possède, c'est l'univers qui existe déjà, à qui il ne manque ni ne manquera rien, et qui est assujetti à des cycles temporels dont les limites sont fixées de toute éternité suivant des rapports d'alternance établis.
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Comme tous les incorporels, c'est seulement quand elle le souhaite que l'âme s'incline vers un corps.
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Contrairement aux gnostiques, Plotin estime que la production de la matière ne peut être la conséquence d'une faute, et que l'âme ne saurait commettre une faute que sous l'influence de la matière. Il n'est pas concevable que la matière puisse se trouver "à l'écart" de la puissance divine, dont elle est un produit nécessaire. Bref, pour Plotin, l'âme engendre la matière et la configure, sans commettre de faute : c'est dans l'innocence que l'âme engendre la matière, et cette dernière est toujours recouverte d'une trace de l'âme.
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6. On doit donc dire que ce n'est qu'aux âmes qui changent de place et d'état qu'appartient la mémoire; car c'est de choses qui se sont produites et qui se sont passées qu'il y a mémoire. En revanche, les âmes auxquelles il appartient de rester dans la même place et dans le même état, de quoi auraient-elles bien à se souvenir ? (…).

7. – Mais quoi ? Elles ne se souviendront pas qu'elles ont vu le dieu ?
_ Il faut plutôt dire qu'elles ne cessent de le voir. Et tant qu'elles le voient, il ne leur est sans doute pas possible de dire qu'elles l'ont vu. C'est là quelque chose qui ne peut arriver qu'à ceux qui ont cessé de voir.
– Eh bien, ne se souviennent-elles pas qu'elles ont fait le tour de la terre, hier ou l'année dernière, ni même qu'elles étaient vivantes hier, depuis longtemps et depuis le début de leur vie ?
– Non, car elles vivent depuis toujours. Et ce qui est toujours reste une seule et même chose. (…).
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18. – Est-ce que l'âme fait usage du raisonnement avant de venir dans un corps et encore après en être sortie ?
– Non, c'est lorsqu'elle est déjà tombée dans l'embarras qu'elle est pleine de préoccupation, et surtout lorsqu'elle est dans un état de faiblesse qu'elle fait ici-bas usage du raisonnement. Car avoir besoin du raisonnement, c'est la marque d'un amoindrissement de l'intellect qui ne se suffit plus à lui-même. [5] Il en va comme dans les techniques où le raisonnement intervient lorsque les techniciens se trouvent dans l'embarras, tandis que, quand il n'y a pas de difficulté, la technique domine et agit.
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Les âmes ne viennent ni de leur plein gré ni parce qu'elles ont été envoyées; ou du moins, dans leur cas, le plein gré ne correspond pas à un choix préalable. C'est plutôt quelque chose comme bondir naturellement ou comme éprouver le désir d'avoir des relations sexuelles, ou [20] être amené sans réflexion à éprouver de belles actions. Pour tel être telle destinée est toujours fixée, celle-ci maintenant et celle-là ensuite. L'Intellect qui est antérieur au monde a lui aussi une destinée, celle de rester là où il est et d'envoyer autant de lumière que possible; et c'est conformément à une loi que chaque rayon de lumière, subordonné à l'universel, est envoyé. L'universel en effet [25] réside en chaque chose. Et ce n'est pas de l'extérieur que la loi tire la force de s'accomplir, mais elle est donnée à ceux qui en font usage et qui la transportent partout. Et si le temps venu, ce que la loi souhaite voir se produire se trouve réalisé par des êtres qui ont intégré la loi, de sorte que ce sont eux qui accomplissent la loi parce qu'ils transportent partout [30] cette loi qui tire sa force du fait qu'elle est établie en eux, qu'elle pèse pour ainsi dire sur eux et qu'elle produit en eux un désir empressé qui s'apparente aux douleurs de l'enfantement, celui d'aller là où ce qui est en eux leur dit pour ainsi dire d'aller.
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13. La règle inéluctable et la justice sont inscrites dans la nature qui commande à chaque âme de se diriger en suivant son rang vers le corps particulier qui est l'image engendrée du modèle correspondant au choix préalable qu'elle a fait et à la disposition qui est en elle. Cette règle c'est que chaque espèce d'âme se trouve dans le voisinage de ce [5] vers quoi le porte la disposition qui est en elle, et il n'est pas besoin qu'un être à un moment donné l'envoie et l'entraîne pour qu'elle entre dans ce corps-ci ou ce corps-là, mais lorsque ce moment est venu, elle descend et s'installe automatiquement, pour ainsi dire, là où il faut.
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Or, venu à l'être comme s'il était une demeure belle et variée, [30] le monde n'est pas coupé de ce qui l'a produit, sans pourtant rien communiquer de lui-même à l'âme. Mais tout entier en toutes ses parties le monde est jugé digne par son fabricant de soins qui lui sont utiles puisqu'ils lui donnent l'être et la beauté, dans la mesure bien sûr où le monde peut participer de l'être. Le monde ne peut causer aucun tort à l'âme qui s'en occupe, car c'est en restant là-haut qu'elle s'occupe de lui. C'est de cette manière que le monde est pourvu d'une âme. [35] Il a une âme qu'il ne possède pas, mais qui lui est présente; il est dominé sans dominer, il est possédé sans posséder. Car il se trouve dans une âme qui le soutient et il n'est rien en lui qui ait part à cette âme. C'est une vie qui peut être comparée à un filet jeté dans l'eau et qui est incapable de retenir l'eau dans lequel il est plongé. Em fait, dans la mesure où il le peut, le [40] filet s'étend aussi loin que s'étend la mer qui s'étendait là avant lui, car aucune de ses parties ne peut se trouver ailleurs que là où se trouve la mer. Or, par nature, l'âme est si grande, et cela parce qu'elle est dépourvue de grandeur, qu'elle renferme le corps dans sa totalité en un même lieu, et partout où ce corps s'étend, là est l'âme. Et si ce corps n'existait pas, [45] cela ne ferait aucune différence pour elle en ce qui concerne la grandeur; car l'âme est ce qu'elle est. Le monde est aussi grand que l'est l'âme, et la limite de sa grandeur correspond au point jusqu'où il peut procéder en restant sous la sauvegarde de l'âme. Ce qui revient à dire que l'ombre projetée est aussi étendue que l'est sa "raison" qui vient de l'âme, et ette raison est en mesure de [50] produire une grandeur d'une dimension aussi importante que celle qu'a souhaitée produire la Forme qui lui correspond.
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En fait, c'est sur l'âme de l'univers qu'il convient sans aucun doute de s'interroger en premier lieu; ou plutôt c'est une nécessité de procéder ainsi. Mais il faut bien comprendre que les termes "entrée" et "animation" sont utilisés dans cet exposé [15] dans un but d'enseignement et de clarté. En effet, à aucun moment le monde ne s'est trouvé dépourvu d'âme, à aucun moment non plus la matière ne s'est trouvée privée d'ordre. En revanche, dans le cadre d'un exposé, il est possible de concevoir l'âme et le corps en les séparant l'un de l'autre; il est permis dans le discours [20] et par la pensée d'isoler les termes du composé où ils forment un tout. Voici la vérité sur ce point. S'il n'y avait pas de corps, l'âme ne procéderait pas, puisqu'il n'y a pas d'autre lieu que le corps où il soit naturel qu'elle se trouve. Or, si elle doit procéder, il lui faut engendrer pour elle-même un lieu, et par suite un corps. Or le repos de l'âme est pour ainsi dire garanti par le Repos en soi; c'est comme si une forte lumière [25] brillant de tout son éclat se changeait en obscurité, une fois arrivée aux confins extrêmes qu'atteint la lumière de ce feu. Voyant cette obscurité, qui dès lors se trouvait là comme substrat, l'âme l'a informée. Car il n'est pas permis, on le sait, que ce qui se trouve dans le voisinage de l'âme n'ait point part à une "raison", du genre de celle que reçoit, on le sait, ce qui est dit obscur dans l'obscur qui est venu à l'être.
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La providence divine, (qui correspond grosso modo à l'activité de l'âme du monde) détermine le cadre rationnel général du devenir, sans toutefois intervenir directement dans la moindre action. Il convient donc de distinguer prudemment causes lointaines et causes prochaines. Le voleur et l'assassin sont bel et bien responsables de leurs actes sans que l'ensemble des causes cosmiques puissent être convoquées pour justifier l'inacceptable. Même les circonstances dites "atténuantes" n'effacent pas le poids de la décision. Cela étant, Plotin ne renonce pas complètement à parler du destin, de ce fatum que l'on croit pressentir quand l'imprévisible qui arrive semble avoir une certaine nécessité. Le surcroît de réalité propre à ce que l'on ne peut prévoir et qui arrive cependant n'est pas abandonné à la logique désabusée du "c'est comme ça". Bien que les maux ne relèvent pas des dieux, bien que l'homme soit libre, ce qui arrive s'inscrit dans l'ordre du monde. Le destin selon Plotin apparaît comme l'ultime trace de la providence, non pas une liaison nécessitante comme dans le cas du cycle des saisons ou de la course des astres, mais une liaison néanmoins telle que nos actes peuvent dans une certaine mesure être prévus.
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