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Critique de Lucilou


Bon sang! Quel coup de coeur! Quel souffle!
"Moi Julia", formidable épopée de l'espagnol Santiago Posteguillo a été le vrai soleil de mon été, bien avant la canicule et, même si je m'étais engagée à attendre la sortie en poche du second volume de cette merveille de fougue et de romanesque, j'ai faibli sous la morsure de la chaleur et j'ai enchaîné avec "Julia et la Colère des Dieux"... Mais ça, c'est une autre histoire.

L'ouvrage est épais, pas loin de 950 pages, et sa couverture qui superpose à un vieux rose un peu douteux quelques antiques éléments violacés n'est guère engageante mais que nenni! Il faut se laisser tenter par son résumé et surtout s'y plonger. Bien sûr, au début, on pense qu'il faut du temps pour venir à bout de cette somme et qu'on le prendra. Il faut savourer, faire durer. Et puis, on se fait piéger et on dévore à toute vitesse. Les soirées s'allongent, le téléphone vibre dans le vide, les nuits blanchissent tandis que l'histoire jaillit des pages qui virevoltent à toute vitesse.

Si "Moi Julia" se dévore, c'est parce que ce roman est l'heureuse combinaison de plusieurs éléments qui, réunis, ne sont pas loin de former le roman historique parfait, à commencer par un sujet méconnu et palpitant.
Santiago Posteguillo nous mène donc d'un trait de plume dans l'Antiquité en 192 ap. J.C., à Rome où règne encore Commode. Sanguinaire, tyrannique, inquiétant... Ceux qui ont vu "Gladiator" savent et savent combien cet empereur glaçant portait mal son prénom. Il est bientôt assassiné et l'Empire sombre dans le chaos. Tuer un fauve, c'est en libérer d'autres après tout, un peu comme ave l'Hydre de l'Herne... Commode n'a en effet pas d'héritier et cette carence éveille l'ambition des puissants qui s'affrontent pour conquérir les lauriers.
Julia Domna est la jeune épouse de Septime Sévère, l'un des prétendants au titre d'Auguste. Issue de la noblesse syrienne, elle est aussi belle qu'ambitieuse (et d'une intelligence féroce) et dès lors ne ménagera aucun effort pour assouvir le projet -grandiose- qu'elle caresse dans l'ombre: aider coûte que coûte Septime à monter sur le trône et fonder avec lui une toute nouvelle dynastie. Cela ne se fera pas sans heurts ni combats et les ennemis à décimer donnent d'ailleurs leurs noms à chacune des grandes parties qui composent le roman et qui narrent, à travers la voix du médecin Galien, la trajectoire de cette femme hors du commun et des siens, à commencer par Septime Sévère.

Rien de manque au roman pour y passer un moment délicieux: grand amour, trahisons, batailles, meurtres, complot, politique, querelles familiales, embuscades, secrets chuchotés, haines à peine voilées, sang, poison... Tout y est et rien n'est de trop, rien n'est gratuit ou mal dosé. Bien au contraire. L'auteur a construit son intrigue avec beaucoup d'intelligence et de clarté, une écriture fluide et évocatrice. Il en résulte un roman bien rythmé , vivant et absolument palpitant et immersif.
On sent par ailleurs la rigueur historique dont a fait preuve Posteguillo tant dans la composition de son contexte que dans la construction de ses personnages mais ni ladite rigueur et la vaste documentation qu'elle a due exiger n'alourdissent le propos ou le rendent pompeux. Exigeant donc, mais digeste également. Grandiose vous dis-je!

Et que dire de ce sujet? de cette Julia Domna qui fut une figure dominante quoique aujourd'hui oubliée de la fin du Haut Empire Romain (comme nombre, hélas, de figures féminines. Je dis ça, je ne dis rien!) qui domine le récit qui, en mêlant très habilement la fiction et la réalité historique, en fait un personnage absolument passionnant, bien plus charismatique que Septime Sévère par exemple? Que dire, si ce n'est exprimer sa hâte de la retrouver dans la suite de ses aventures. Pas grand chose.





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