Dix ans dans la vie d'un couple : Dorothée et Théodore, parisiens, ensemble depuis deux ans, s'installent dans un petit appartement du douzième arrondissement le 1er avril 2005. Les onze chapitres qui racontent leur histoire ne sont pas chronologiques, chacun aborde un thème particulier : logement, nourriture, mariage, enfants, sport(s), vie sociale, vie sexuelle, etc. Il y a là une description de l'habitus de l'homo parisianus qui fait penser au roman de Perec, Les Choses, auquel il est d'ailleurs fait allusion dans les premières pages du livre. Mais on rit beaucoup plus en lisant
Les Deux Pigeons. Sans jamais forcer le trait, Alexandre Postrel met au jour les travers de notre époque, les aspirations contradictoires, les injonctions auxquelles se soumettent ou pas Dorothée et Théodore. Il les observe à la loupe, sans les regarder de haut ni les juger. Ils font comme ils peuvent, versatiles et velléitaires, mais aussi sympathiques et attendrissants dans leurs ratages et leurs déconvenues. le chapitre sur l'alimentation, avec un passage hilarant sur leur engagement dans une amap, est particulièrement réjouissant. Et celui où ils décident d'écrire – « En cas de succès, quelle vie ce serait ! » – donne lieu à des échanges très drôles à propos de
Houellebecq, Michon et
Modiano (entre autres).
L'ironie légère de l'auteur fait de ce couple banal, à la vie ordinaire, les héros d'un roman au ton profondément original.
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