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sur 88 notes
Les deux pigeons ou la chronique ordinaire d'un jeune couple au début du XXIe siècle, durant 10 années. Ni plus ni moins. Pas d'événements dramatiques à signaler mais la captation des affres du quotidien avec des questions existentielles : faut-il se méfier des aliments industrialisés ? Faire un enfant tout de suite, attendre ou adopter ? Finir sa thèse sur Guy Mollet ou abandonner ? Une existence en duo que les bien prénommés Théodore et Dorothée, complémentaires comme il n'est pas permis, mènent avec appétit d'abord, puis un certain désenchantement. Quelque chose comme l'air du temps, un peu à la manière du film de Jacques Becker daté de 1947, Antoine et Antoinette, petite merveille cinématographique qui était plutôt du côté de l'optimisme, mais c'était une autre époque, celle d'une France en reconstruction. le livre d'Alexandre Postel est un roman, soit, mais sans doute beaucoup y reconnaitront-ils des préoccupations générationnelles. Chaque chapitre semble vouloir aborder un thème spécifique : le mariage, l'alimentation, les animaux de compagnie, le (non)désir d'enfant, etc. de là à dire que l'on a parfois l'impression de lire un manuel de sociologie, il n'y a pas loin. S'il est vrai que le style de l'auteur est plutôt plaisant et que l'on apprécie son humour et son ironie plus cinglante qu'il n'y parait, le roman ne se départit que peu d'un rythme routinier, de manière charmante, certes, mais qui ne laisse qu'une place étroite aux surprises de la fiction.
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Le 2 avril 2005, Dorothée et Théodore emménagent dans leur premier appartement, une modeste location parisienne. Il s'aiment depuis deux ans : elle est professeur d'histoire-géo, lui a un petit boulot intermittent de webmestre en attendant mieux. Jeunes, heureux ensemble, curieux de tout malgré la faiblesse de leurs moyens, ils sont confiants de voir bientôt s'ouvrir devant eux la route de la prospérité. En dépit des pressions familiales et amicales, ils ne sont pas pressés de se marier ni d'avoir un enfant. Les années passent...

Forcément on pense dès la couverture à un double sens dans le titre, malgré la citation du fabuliste en épigraphe (“ [...] Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste [...] ”). D'ailleurs on comprend vite que les amoureux ont une tendance un peu ridicule à l'emballement tous azimuts et qu'ils n'éviteront pas erreurs et déceptions. Mais ils possèdent une capacité de revirement d'opinion étonnante qui leur évite, au moins au début, l'amertume et les regrets.

J'avoue que pendant une cinquantaine de pages, j'ai attendu en vain l'irruption d'un drame, d'une trahison, avant de me faire petit à petit une idée complètement différente de la probable intention de l'auteur, et de me laisser aller à goûter l'ironie moqueuse du catalogue des engouements et atermoiements successifs du jeune couple. L'intérêt de ce roman n'est pas à chercher dans une histoire palpitante, mais plutôt dans sa construction, sa présentation et son écriture, qui en font une véritable autopsie générationnelle. Un peu comme une actualisation des "Choses" de Perec (d'ailleurs cité assez vite dans le texte).

Onze chapitres, un par année pour couvrir la décennie 2005-2015. On glisse de l'un à l'autre avec l'illustration à chaque fois, par un épisode significatif, des grands thèmes de discussion et d'intérêt au sein d'un couple. On passe de l'équipement et décoration d'appartement, à l'élaboration des menus, le choix des loisirs, la fondation (ou non) d'une famille, l'évolution de la relation amoureuse avec le temps, etc. Comme l'on fait avant eux les copistes de Flaubert, on voit Dorothée et Théodore se passionner pour la littérature, la culture, le sport, la politique ; faire des choix qu'ils s'imaginent être personnels et qui au final engendrent chaque fois mécomptes et désillusions, et les poussent dans une nouvelle direction. Cette accumulation de situations porte en elle sa vis comica, mais elle est encore multipliée par l'humour élégant de l'écrivain, son style impeccable, son souci de la description détaillée, et la pertinence de ses analyses psychologiques.

J'aurais conclu sur une petite réserve due au manque d'empathie suscitée par des héros bécassons, si il n'y avait eu, in extremis (dans le dernier chapitre), deux épisodes concomitants qui nous les font, sinon admirer, du moins plaindre avec sympathie. Cette fois encore, l'une et l'autre se font pigeonner, mais leurs réactions laissent espérer en une lucidité peut-être enfin trouvée. Sauf si cette fois, c'est moi, lectrice, qui suis le pigeon de l'histoire !
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Un roman étonnant, à la limite du documentaire, qui nous conte la vie d'un jeune couple sur plusieurs années dans leur vie quotidienne, les petits bobos, les réussites, les détails, l'engagement, les enfants, le boulot. On pourrait croire que ce n'est pas franchement intéressant, mais c'est tellement bien écrit et amené qu'on se prend au jeu !

Théodore et Dorothée viennent de s'installer ensemble à Paris. Mais voilà, ils ont beau s'aimer, le quotidien et les questions pratiques s'immiscent entre eux : comment se nourrir ? La malbouffe ne peut durer qu'un temps, mais manger de la viande à tous les repas, est-ce bien ? Et manger équitable ? Oui mais comment, surtout quand on ne sait pas cuisiner ? Vaut-il le coup de finir une thèse depuis longtemps entamée ? Comment changer cette société qui ne convient plus aux jeunes ? Et le mariage ? Est-il nécessaire de se marier pour se lier ? Pour prouver son amour ? Et fonder une famille, est-ce un passage obligé ?

La vie commune de ces deux pigeons est ainsi décortiquée. Les diktats de la société sont analysés, la vie de deux jeunes personnes dans la vingtaine en plein coeur des années 2000 montre les questionnements qui se posent aux jeunes d'aujourd'hui. On sent leur individualisme, leur égoïsme, couplé à un désir de bien faire, de s'indigner, de se politiser. Et ce, dans un monde difficile, où la génération Y est bien secouée ! En bref, c'est moi, c'est tous les jeunes entre 20 et 35 ans qui se sont cherchés durant les années 2000, qui ont espéré autant que désespéré, qui ne savent pas bien ce qui est le mieux pour eux, qui doutent de tout. Avec une question latente : est-on heureux ? Et ces questions se posent en regardant les voisins, en analysant toujours tout, en jalousant tout le monde et en minimisant ce qui les rendent heureux. Quel est ce besoin de justifier ses propres choix en fustigeant ceux des autres ? C'est malheureusement bien ce qui caractérise la jeunesse de notre époque, puisqu'elle est obligée de se battre pour tout, pour un travail, pour un logement, pour trouver l'amour et garder des amitiés. Ou est-ce autre chose ? Un mal actuel ?

Ce roman est à la fois très cynique et très touchant. Parce que les personnages dépeints dans ce roman sont attachants. Parce qu'ils sont perdus, plein d'espoir et fragiles. Parce qu'ils sont nous. Parce que nous sommes comme eux. Parce qu'on veut tout, sans vraiment savoir quoi exactement. Parce que nous sommes inutilement et faussement compliqués, qu'on se crée des problèmes quand il n'y en a pas. Organiser une crémaillère, aller à un mariage, ne pas oser parler avec certaines personnes qu'on trouve trop au-dessus de nous, se cacher derrière un projet – une thèse – pour ne pas avouer – et s'avouer à soi-même – qu'on sera sûrement professeur toute sa vie, et pourquoi pas ? Ne pas assumer qu'on a trouver sa place dans le web quand on aspirait à 18 ans à être journaliste, fustiger les autres en cas d'échec, garder de petits griefs au fond de soi pour mieux se cacher derrière et les dévoiler au milieu d'uns dispute. Se perdre dans des idées de décoration, parce qu'on pense que le paraître est sûrement ce qui nous définit le mieux. On est tous comme ça, on est tous comme Dorothée et Théodore, et ne pas se l'avouer est peut-être pire… Et pourtant, on ne le perçoit pas vraiment comme cela à la lecture, on se laisse prendre au jeu de l'écrivain et ce n'est qu'après l'avoir refermé qu'on se rend compte de son cynisme. En enchaînant les pages, on adhère à leur histoire, on compatit, on s'énerve et on est d'accord avec eux. On se rend compte ensuite que c'était bien vain, et que ce cynisme qui transpire du roman est également en nous.

Ce roman, qui s'apparenterait presque au documentaire, est d'une grande fluidité. Il se lit d'un trait – il faut dire qu'il ne fait que 220 pages – et sans que les vies de Dorothée et Théodore soient palpitantes, la belle plume de l'auteur nous embarque dans leur vie quotidienne. C'est frais et touchant, c'est cynique et ironique, c'est un équilibre parfait entre la douceur et l'amertume.

Les deux pigeons est un livre vrai sur un couple qui grandit et s'épanouit comme il peut dans les années 2000, pris par les diktats de la société, plaisant à lire et dressant un portait touchant et cynique sur la jeunesse du XXIe siècle. Je conseille !
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Radiographie de la France des années 2000.

Dorothée et Théodore s'installent ensemble sur Paris: elle fraîchement nommé professeur d'histoire, lui en formation dans le domaines de l'informatique.

Une décennie à leur côté dans une France où la Gauche s'effrite, le bobo écolo s'installe, la société goûte aux réseaux sociaux et la pression moralisatrice s'intensifie.

Roman intéressant pour sa retrospection d'une décennie en France.
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Un roman dans lequel il ne se passe rien ou presque et pourtant...
C'est l'histoire d'un jeune couple qui décide de vivre ensemble. Ils sont assurément faits l'un pour l'autre, ont la même conception de la vie. Ils ne peuvent pourtant s'empêcher de se comparer aux autres. Ils sont d'ailleurs souvent incompris de leur entourage. On vit dans une société truffée de normes : le mariage (où il y a champagne et fleurs sur la table), faire des enfants, manger bio, voyager, avoir des loisirs et même une moyenne de relations sexuelles à la semaine...Alors ils vont essayer, au moins de manger bio, de changer de mobilier (l'auteur en profite pour faire une description détaillée des objets de l'appartement, on fait alors le rapprochement avec "Les choses" de Perec), d'apprendre à danser le tango, de faire du sport...
Un roman complètement différent des deux premiers de l'auteur mais aussi intéressant. Une rétrospective de notre société, une réflexion sur le bonheur, la vie de couple et l'image qu'on peut donner aux autres.
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J'ai beaucoup ri en lisant ce livre (même lorsque je me suis un peu reconnue dans le couple de personnages), qui se moque de façon si réaliste de ces “deux pigeons” de parisiens un peu amers, qui subissent les diktats de la mode bobo sans toutefois réussir à combiner l'ensemble des codes sociaux imposés par leurs congénères. Alexandre Postel réussit à transformer une subtile critique sociale en vrai roman, et la lecture en est d'autant plus délectable.
Il a fort à parier qu'on relise un jour ce lire, à la manière dont on lit aujourd'hui "Les Choses" de Perec, comme un témoignage des années 2000, de nos velléités et des faiblesses de nos actions.
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Dix ans dans la vie d'un couple : Dorothée et Théodore, parisiens, ensemble depuis deux ans, s'installent dans un petit appartement du douzième arrondissement le 1er avril 2005. Les onze chapitres qui racontent leur histoire ne sont pas chronologiques, chacun aborde un thème particulier : logement, nourriture, mariage, enfants, sport(s), vie sociale, vie sexuelle, etc. Il y a là une description de l'habitus de l'homo parisianus qui fait penser au roman de Perec, Les Choses, auquel il est d'ailleurs fait allusion dans les premières pages du livre. Mais on rit beaucoup plus en lisant Les Deux Pigeons. Sans jamais forcer le trait, Alexandre Postrel met au jour les travers de notre époque, les aspirations contradictoires, les injonctions auxquelles se soumettent ou pas Dorothée et Théodore. Il les observe à la loupe, sans les regarder de haut ni les juger. Ils font comme ils peuvent, versatiles et velléitaires, mais aussi sympathiques et attendrissants dans leurs ratages et leurs déconvenues. le chapitre sur l'alimentation, avec un passage hilarant sur leur engagement dans une amap, est particulièrement réjouissant. Et celui où ils décident d'écrire – « En cas de succès, quelle vie ce serait ! » – donne lieu à des échanges très drôles à propos de Houellebecq, Michon et Modiano (entre autres).
L'ironie légère de l'auteur fait de ce couple banal, à la vie ordinaire, les héros d'un roman au ton profondément original.
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On ne sait pas comment Théodore et Dorothée se sont rencontrés, « probablement sur internet » comme le soupçonne le père de cette dernière. Mais ils s'aiment tendrement et décident vivre ensemble. Ils se posent beaucoup de questions, et n'ont souvent qu'internet pour y répondre. Ils se cherchent un style de vie en décryptant, analysant et parfois dénigrant les choix des autres couples. Ils fuient les conventions et ont peur de ressembler à leurs parents. Ils ne savent pas s'ils veulent des enfants, ce qu'ils feront dans dix ans, mais ils vivent. Théodore et Dorothée sont un peu comme nous, perdus dans une société où les codes sont brouillés et qui ne reconnait qu'un seul péché : l'ennui.
Lien : https://souslescouv.wordpres..
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L'histoire c'est celle d'un couple, tout ce qu'il y a de plus ordinaire, un couple parisien, elle une professeure d'histoire-géo qui tente de terminer sa thèse, lui travaille dans l'informatique. Ils sont jeunes, ils s'installent ensemble et sont pris dans le tourbillon de la vie. S'ouvrent alors devant eux les problématiques du couple, la routine, que mange-t-on ce soir ? doit-on se marier ? et un enfant ? le sexe ? le travail ?

Tout semble être passé en revue dans ce roman, on pourrait dire qu'il s'agit d'une chronique ordinaire, celle d'un couple des années 2000. Sont-ils si particuliers que cela ? En quoi diffèrent-ils de leurs parents ? Les années 2000 dans le roman sont vues comme une sorte de révolution dans le couple, tout est bouleversé parce que nous avons le choix. le choix de ne pas faire d'enfant, de ne pas se marier, de changer de compagnon... La pression de la société et son regard sont toujours aussi forts mais ce couple résiste, analyse et fait des choix. Ils sont pris dans le quotidien, et c'est un puissant adversaire qui met à l'épreuve le couple. le roman dresse un portrait sans concession de la société, le mariage est un sujet qui est central, mis à mal, mais ce qui est dit semble tellement juste. Les amis du couple prennent des chemins différents ce qui invite souvent Dorothée et Théodore à s'interroger, se remettre en question dans une folle course à qui sera le plus heureux ? qui réussira le mieux sa vie ? qui gagnera le plus d'argent ? ou aura le plus de pouvoir ?

Mais ce n'est pas seulement un portrait de la société, on se prend d'affection pour ce couple, comme dans une véritable histoire, on se retrouve en tant que lecteur, un peu voyeur mais on aime beaucoup cela. Pas de grandes aventures, on ne s'évade pas beaucoup, mais on comprend, on compatit et ça fait du bien de trouver de l'ordinaire dans un roman. J'ai adoré le passage sur la nourriture, où le couple cherche à manger correctement, puis sainement, puis végétarien et de fil en aiguille, de reportages en reportages, d'avis en avis, retour à la malbouffe sans complexe. C'est très drôle car poussé un peu à l'extrême pour revenir au point de départ. de même avec la thèse de Dorothée qui n'en finit pas et qui se termine sur un épisode assez fameux.

Ce qui en fait un roman peu ordinaire, c'est le style de l'auteur. Je ne connaissais pas ce romancier, mais je suis tombée sous le charme de ces énumérations sans fin qui se terminent par un trait d'esprit. C'est fin et drôle, cruel et sensible, terriblement vrai. On se pose des questions sur soi, on se reconnaît et grande réussite, on ne lâche pas le roman. J'ai beaucoup aimé l'humour également du roman : les personnages sont parfois englués dans une situation et en quelques phrases l'auteur donne une conclusion drôle parfois sans appel et on passe à autre chose.

J'ai adoré lire ce roman, à lire si l'on ne craint pas de se reconnaître et d'être un peu moqué, remis en question par un roman qui décrit une vie ordinaire.
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Très bon roman sur une jeune couple qui à l'aube des années 2000 entrent dans l'âge adulte. Tout au long de ce roman on va suivre Theodore et Dorothee dans la foule de leurs questionnements existenciels : faut-il se marier, avoir des enfants, manger bio, écrire un roman? Qu'est ce que reussir sa vie et celle de son couple. C'est un livre tendre, drôle et peut etre dérangeant parfois car il nous renvoit à notre réalité.
Une réussite qui me donne l'envie de lire cet auteur et de relire les vies minuscules de Pierre Michon.
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