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Critique de Valmyvoyou_lit


Sarajevo, 1992. La guerre sépare les fratries, les enfants de leurs parents et les parents de leurs enfants. Les bombes tombent sur la ville. Des enfants sont regroupés dans un orphelinat. Au début, les éducateurs venaient régulièrement. Maintenant, les petits sont livrés à eux-mêmes. Certains ont encore leurs parents, mais sont éloignés d'eux. Omar a dix ans. Chaque semaine, il attend, à genoux sur une chaise, son visage collé à la fenêtre les visites hebdomadaires de sa mère. Son frère aîné, Sen, refuse de la voir. Omar se promène avec sa maman quand une bombe explose, l'écartant d'elle. Il croit l'entendre lui dire de courir. Habitué à lui obéir, il part sans savoir si elle est vivante. Lorsqu'il rejoint ses camarades de douleur, Nada, une petite fille abandonnée, le regarde pleurer, en lui tenant la main.

Sarajevo est encerclé et l'orphelinat est bombardé. Les enfants apprennent qu'ils vont être envoyés en Italie. Omar ne veut aller nulle part sans sa mère. Est-elle encore en vie ? Nada ne veut pas quitter son frère, Ivo, en âge d'être mobilisé. Elle a peur qu'il meure. Dans le bus humanitaire qui les emmène dans leur pays d'accueil, ils se lient avec Danilo. L'adolescent ne voulait pas fuir les bombes, sans ses parents et sa soeur. Tous trois ne veulent pas partir en abandonnant un membre de leur famille. Ils ne veulent pas sauver leur vie, si un de leurs proches ne peut pas sauver la sienne.

Et moi je me contentais de t'aimer décrit l'exil des enfants forcés de fuir la guerre des Balkans. Contre leur volonté, mais dans l'objectif de les protéger, ils ont été accueillis dans un pays dont ils ne connaissaient rien. Ils ne parlaient pas italien. Déracinés, ils ignoraient le destin de leurs parents et ces derniers ne savaient pas le leur. A la fin du conflit, nombre d'entre eux ont été adoptés, alors que leurs parents étaient toujours vivants. Ils ont perdu leurs souvenirs, leurs liens avec leur passé, leur identité et certains ont oublié leur langue. Avec sensibilité, Rosella Postorino décrit leur déchirement et leurs difficultés.

Elle dépeint, également, l'horreur de la guerre, pour ceux qui s'expatrient et ceux qui restent. J'ai été bouleversée par les épreuves vécues par la population civile et par son désarroi face à l'impuissance des Casques bleus : ces derniers observaient et ne pouvaient agir. A travers le regard des enfants, l'auteure montre, aussi, que ce sont eux les premières victimes de la folie des hommes.

Enfin, elle accorde une place importante à la relation mère-enfant, qu'elle existe, qu'elle soit absente, tendre ou défaillante. Les trois personnages principaux n'ont pas la même histoire, aussi ils acceptent, différemment, leur nouvelle condition. J'ai été très émue par leurs questionnements, leurs espoirs, leurs peines. J'ai été touchée par leurs traumatismes que chacun a tenté d'exprimer et de surmonter avec ses propres armes, hélas, pas toujours efficaces.

« Que faisais-je tandis que L Histoire avançait ?
Moi, je me contentais de t'aimer. »
Izet Sarajlić

J'ai eu un immense coup de coeur pour ce roman poignant sur une page oubliée de l'Histoire, qui, malheureusement, résonne fortement avec les tragiques événements actuels en Ukraine.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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