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Critique de lulu8723


Rosella POSTORINO. Et moi, je me contentais de t'aimer.

Un roman qui nous retrace la guerre en Bosnie, guerre fratricide, au cours des années 1990. Il y a un peu plus de trente ans. Mais cette guerre, vue par Rosella POSTORINO, nous permet de suivre de jeunes enfants au cours de 20 années. le siège de Sarajevo (1992-1995), capitale de la Bosnie-Herzégovine, nouvel état crée suite au démantèlement de la Yougoslavie, a fait de nombreuses victimes, environ 12 000 dont 1 500 enfants.

Omar, 10 ans, est dans la rue en compagnie de sa mère, lors d'une attaque et cette dernière lui lâche la main et lui ordonne de courir, courir se mettre à l'abri des balles. L'enfant obéit, mais, à la fin des tirs, il ne retrouve plus sa mère. Il est recueilli dans une institution avec son frère aîné, Sen. Omar, Sen, Cotcot, Ivo et sa soeur Nada, enfants confiés à l'orphelinat vont tenter d'oublier la guerre. Ils vont cohabiter avec d'autres enfants dont les parents sont encore là. Omar est persuadé que sa mère a échappé aux bombes ; un bus humanitaire va transporter ces enfants en Italie, les éloigner provisoirement de la zone du conflit. Lors de ce déplacement, Nada va rencontrer Danilo et sympathiser avec ce jeune garçon ; les parents de ce dernier sont vivants mais ils éloignent volontairement leur fils de la zone de combat. Ce déracinement, cet exil va bouleverser la vie de ces jeunes enfants ; des familles italiennes s'offrent et se déclarent même prêtes à les adopter. Certains vont réussir à s'intégrer, pour d'autres, ce sera plus difficile. Nous suivons le parcours d'un certain nombre d'adolescents. Cette brutale séparation va les perturber profondément et les plonger bien trop vite dans le monde des adultes. Fini le temps de l'insouciance, des jeux, du foyer protecteur…

C'est à partir de témoignages reçus que l'autrice a imaginé ce roman. Les faits historiques se mêlent à la vie de ces petits bosniaques, déportés, exilés en Italie. Combien réussiront à s'intégrer dans ce pays, à s'y fixer, à vivre normalement ? Lors de leur arrivée sur cette terre d'accueil, il y a l'obstacle de la langue, l'ignorance de l'existence ou la mort de leurs parents. le rôle de l'éducation est primordiale. Beaucoup souffrent profondément de cette situation, s'enfoncent dans la dépression. Les amitiés liées par ces tragiques évènements vont se dissoudre petit à petit, en fonction de l'adoption. Qu'en sera-t-il de nos petits héros ? Danilo, lors du déplacement en car a promis à Nada de l'épouser ! le fera-t-il ? Une grande solidarité existe entre ces enfants, projetés trop vite dans le monde des adultes. Ils sont les victimes collatérales des guerres et subissent, à des degrés divers des symptômes post-traumatiques, nécessitant un suivi médical. Et lorsque le siège de Sarajevo s'achèvera, ces jeunes voudront-ils rentrer au pays dévasté par les bombes, abandonner un certain confort ! Certains ont perdus leur identité, leurs souvenirs, leurs familles, oublié les coutumes de leur patrie d'origine, leur langue. Mais une note d'espoir luit au fond du tunnel….

Avec compassion, j'ai suivi l'existence, d'Omar, Nada, Danilo, découvrant l'Italie. Scolarisés, vont-ils être en mesure de suivre un cursus scolaire leur permettant de s'insérer dans le monde du travail, avoir une vie sociale ordinaire : un travail, un toit, un ou une compagne et fonder, à leur tour, une véritable famille. Ce livre est bouleversant. Il nous dévoile plusieurs cas : ceux qui ont réussi, ceux qui se sont perdus, etc... Encore une fois, c'est les larmes aux yeux que j'ai quitté tous ces jeunes héros. Je vous recommande la lecture de ce récit délivré par Rosella, à partir de fait réels. Si vous ne la connaissez pas, empruntez sans réserve « La goûteuse d'Hitler », son premier livre traduit en français et que j'ai adoré. Bonne journée.
( 11/04/2024)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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