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Critique de Chouchane


Quand on ouvre un roman de plus de mille pages, on sait qu'il existe deux façons de le finir, la première : épuisé, la seconde : ébloui et insatisfait de s'arrêter, c'est de cette façon que j'ai fermé le livre de Richard Power : bouleversée. Toutes les dimensions d'un très bon roman y sont réunies : Un contexte historique passionnant, la lutte pour les droits civiques aux États Unis ; une réflexion sur la notion de couleur de peau mais aussi sur le temps ; de l'érudition , la musique sous toutes ses formes ; une histoire , celle d'une famille mixte. David est un physicien brillant, juif, il fuit le nazisme en allant aux États Unis. Il y rencontre, lors du concert (réel) de Maria Anderson, Delia une femme noire. Tout deux sont des musiciens mélomanes, leur passion les rapproche et leur permet d'inventer un futur qui est, à leur époque, interdit aux États-Unis. Un blanc ne peut pas épouser une noire, c'est illégal. Ils vont pourtant se marier et avoir trois enfants, qu'ils élèveront à leur façon afin qu'ils soient ce qu'ils doivent être sans subir les folies des hommes. Pourtant aucun des trois n'échappera à la difficulté d'être ce qu'il est. C'est l'un deux, Joseph, qui raconte le roman de sa famille. Il relate surtout le parcours de son frère Jonah un ténor dont la voix est d'une rare pureté et l'oreille absolue, la rencontre de ses parents et l'errance de sa soeur Ruth dans la lutte pour les droits des noirs américains . Cette petite famille va démarrer son existence en musique autour de l'épinette de la mère qui apprend à ses enfants, le solfège, le piano, le chant et la vie. Une famille qui chante tous les jours et permet à Power de nous offrir de très belles pages sur la musique. Il y eut des moments courts où j'ai trouvé les descriptions musicales un peu longues mais surtout des moments longs où j'ai été emportée par le tourbillon de la famille Storm.
Chaque chapitre retrace une période mais comme le récit ne se déroule pas de façon chronologique, il faut beaucoup de temps pour tout recomposer. On passe des années soixante à la fin du XIX°, on traverse l'hiver 1941, on revient aux années 1970, et ainsi de suite… tout ça parce que le temps fait des boucles et pirouettes et que dans les replis du temps on peut voir son passé et son futur. Ainsi le roman se termine sur la rencontre initiale entre David et Delia et nous offre une surprise émouvante que chacun aimerait pouvoir vivre. C'est très beau et douloureux comme la vie.
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