AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 388 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Kevin Powers - Yellow Birds - 2012 : Murphy et Bartle, deux gamins avides d'aventures et de reconnaissance s'engagent comme beaucoup d'autres pour aller combattre en Irak. Il faut dire que la société américaine engendre des bataillons de jeunes hommes désoeuvrés prêt à suivre l'oncle Sam dans ses pérégrinations guerrières. Tout est bon pour vivre autre chose que le train-train des petites villes de province américaines rongées par le conformisme et l'absence de perspectives. Murphy sort à peine de l'enfance et très vite pendant les classes il forme avec bartle un duo de copains qui voient arriver l'heure du départ avec la satisfaction de ceux qui se voient déjà célébrés comme des héros à leur retour. L'angoisse est pour les familles et les proches et le jour de la séparation une promesse bien trop lourde pour ces jeunes âmes est arrachée à Murphy avant l'embarquement. La guerre telle qu'elle est décrite ici n'est pas différente pour les soldats modernes des conflits qui ont eu lieu dans le passé. le champ de bataille respire la mort de la même façon et le stress du combat s'affiche dans chaque page comme dans celles des grands chefs-d'oeuvre qui ont décrit la guerre par le passé (A l'ouest rien de nouveau, Les croix de bois, La ligne rouge). L'Irak est un piège et chaque soldat se sent pris dans la nasse, acculé par des combats d'une violence et d'une sauvagerie qui les dépassent. Les médias ont beau annoncer que l'ennemi est écrasé, sur le terrain c'est la peur qui sort victorieuse. le drame frappe nos jeunes héros comme la foudre tombe presque au hasard sur le promeneur attardé qui tente de se protéger sous un arbre. La mort va trancher avec la responsabilité pour celui qui reste de n'a pas avoir su respecter sa parole de garder l'autre en vie. Mais cette promesse arrachée par un mère inquiète pouvait elle être tenue alors que le feu renvoi ces soldats au rang de jeunes enfants effrayés. Mères dressez vous toutes ensemble !!! Que vous soyez américaine, irakienne, russe, ukrainienne, israélienne ou palestinienne, empêchez qu'on prenne vos enfants pour satisfaire les instincts belliqueux d'une minorité en mal de pouvoir et de sang. Kévin Powers livre un roman presque autobiographique. Dans une vie précédente, il a combattu en Irak et les difficultés pour se réadapter à la vie civile après les combats qu'il raconte ici, il les a connus lui aussi. L'enfer est à celui qui reste dit-on car il ramène sa guerre chez lui avec son cortège de barbarie, de terreur et surtout de regret. Grâce à ce livre éreintant, le lecteur n'ignorera rien des états d'âme d'une génération de soldats ballotés dans un monde irrespirable entre le chômage, la précarité, la violence des réseaux sociaux et le traumatisme lié au combat qu'on trimbale toute sa vie quand on ne laisse pas sur le champ de bataille une jambe, un bras ou son existence... édifiant
Commenter  J’apprécie          1184
Un premier roman magnifique !

L'auteur alterne entre la vie du soldat Bartle en opération et sa vie de vétéran, le tout avec un mélange de poésie et d'horreur savamment dosé.

Un récit bouleversant, qui vous prend aux tripes et qui me parle tout particulièrement car je connais un vétéran de l'Irak et j'ai pu constaté de mes propres yeux à quel point le retour à la vie civile peut être difficile pour ces hommes et femmes.

Une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          00
"Yellow birds" était dans ma bibliothèque depuis des années et mon esprit l'avait un peu classé comme "livre de guerre". En fait ce roman est bien plus que cela.

Oui, on y lit la guerre, les préparatifs, l'attente, les combats, mais on y lit surtout le drame des femmes et des hommes qui, enrôlés, ayant "servi le pays", survivent et rentrent chez eux en pensant que l'horreur est derrière eux.

Bartle s'est engagé et revient sans son ami Murphy.
La construction du récit - fortement inspiré du vécu de l'auteur, lui-même ancien marine - offre un dialogue entre les scènes se déroulant en Irak pendant le conflit, et l'expérience de retour aux États-Unis. Bartle n'a pu tenir la promesse faite à la maman de Murphy, et se trouve chez lui mais nulle part finalement, perdu entre ses souvenirs, ses cauchemars et ses doutes.

La responsabilité et la culpabilité qui pèsent sur les soldats, ou que l'on fait peser sur eux à coups de discours grandiloquents, les empêchent de se reconstruire, et on découvre aux côtés de Bartle l'étendue du désastre physique et psychologique de ces vétérans. Encensés hier, oubliés aujourd'hui.

Le style est sensible - presque poétique - et les descriptions des lieux et des ambiances sont vraiment très réussies. le ton sonne juste, ce n'est pas un plaidoyer, juste un témoignage d'une réalité.

Ce livre parle de la guerre, oui, de son absurdité et des drames qui s'y nouent, mais il parle surtout d'humanité. Sa lecture prend un sens particulier dans cette période toujours plus tourmentée.

          《La phrase à retenir》
"La guerre s'introduisit dans mes rêves cet été-là et me révéla son seul et unique but: continuer, tout simplement continuer. Et je savais qu'elle irait jusqu'au bout"
Lien : https://www.instagram.com/mo..
Commenter  J’apprécie          100
Je lis assez peu de romans sur la guerre, mais suite à un échange avec Isidoreinthedark sur une de ses critiques, celui-ci m'a orientée vers une lecture qui l'avait fortement marqué par sa puissance lyrique, celle de « Yellow Birds » de Kevin Powers dont le titre s'inspire d'un chant militaire américain.

« Un moineau jaune / Au bec jaune / S'est penché / Sur ma fenêtre / J'lui ai donné / Une miette de pain / Et j'lai éclaté / Ce putain d'serin… »

Le titre fait aussi référence au rôle des canaris dans les mines de charbon comme détecteur de monoxyde de carbone. Les gaz toxiques tuaient les oiseaux avant les mineurs, donnant l'alerte et leur offrant un peu de temps pour évacuer avant que l'explosion ne se produise. En utilisant cette métaphore, l'auteur souhaite montrer la détresse des anciens soldats et le choc du retour à la vie quotidienne.

J'ai aimé ce titre d'une poésie et d'une profondeur incroyables au regard du thème et c'est ainsi que j'ai abordé ce roman dont je n'avais jamais entendu parlé. Merci Isidore.

*
Le soldat Murphy, 18 ans, et le soldat Bartle, 21 ans, sont envoyés à al Tafar, à l'extrême nord de l'Irak, près de la frontière syrienne. Ils ne se connaissent pas, mais vont devenir frères d'armes, se protégeant l'un l'autre des dangers incessants.

Bartle reviendra changé de la guerre. Victime du syndrome de stress post-traumatique, il est impuissant à se réintégrer au monde civil.

« J'étais devenu une espèce d'infirme. »

Les séquelles de la guerre sur le jeune soldat ne sont pas corporelles, mais psychologiques.
Son esprit en lambeaux, gangréné par la violence et la mort, est resté piégé dans le désert irakien. Désorienté, il ne sait comment reprendre pied dans ce monde qu'il ne comprend plus. Il ne sait pas comment recoller les morceaux de son être qui se sont éparpillés aux quatre coins de la Province de Ninawa.

« Si je ne pouvais pas oublier, j'aspirais du moins à être oublié. »

Ses réflexions tournent en boucle, revenant sans cesse sur un évènement traumatisant en particulier. Petit à petit, le lecteur comprend ce qui s'est réellement passé.

*
La structure fractionnée, non linéaire du récit, permet de mieux nous décrire l'état d'esprit du jeune homme.
En effet, les chapitres alternent plusieurs temps qui s'accordent : son engagement dans l'armée, sa rencontre avec Murphy, son service en Irak et son retour à la vie civile en Virginie. Mais cette histoire m'a fait l'effet d'un boomerang, car même revenu chez lui, la guerre reste toujours présente dans sa tête.

J'ai saisi pleinement sa souffrance intérieure, sa pensée embrumée par des images de combats et de tueries, ses sentiments de peur et de honte quant à ses actes en temps de guerre, sa culpabilité d'être toujours vivant alors que tant de camarades sont morts si brutalement.
J'ai également perçu de manière plus subtile, un détachement par rapport aux évènements qu'il subit, aux hommes de son unité, à la mort qui le frôle sans cesse, comme si son corps et son esprit se détachaient l'un de l'autre pour mieux supporter la barbarie du monde qui l'entoure.

« Je me souviens comme j'étais assis par terre dans les broussailles, terrorisé à l'idée de devoir montrer ce que j'étais devenu. Pourtant, personne ne me connaissait vraiment dans ce coin, mais j'avais l'impression que si je rencontrais qui que ce fût, il devinerait ma déchéance et me jugerait instantanément. Rien ne vous exclut plus que d'avoir une histoire singulière. du moins, c'est ce que je croyais. À présent, je sais : toutes les douleurs sont identiques. Seules changent les circonstances. »

A travers le regard et les mots de Bartle, Kevin Powers donne la parole à tous ces soldats revenus brisés de la guerre, eux qui, le plus souvent, ont choisi le silence pour affronter leur traumatisme. Il met des mots sur leur souffrance, leurs peurs, leur détresse, leurs regrets.
Il évoque aussi la solitude de ces soldats devant le regard ignorant et admiratif des proches qui n'ont pas souffert de la guerre et qui les accueillent en héros alors qu'ils se sentent meurtriers dans l'âme.

« Les secrets que l'on garde pour soi sont les plus lourds à porter. »

*
On ressent une pudeur dans ce récit, mais également une grande sincérité. En effet, Kevin Powers, vétéran de l'armée américaine, a servi en Irak de 2004 à 2005 dans la région de Tall Afar et de Mossoul, les mêmes régions et au même moment que celles où patrouillent Bartle et Murphy dans le roman.
La violence des combats n'est pas esquivée, elle est présente, mais l'auteur a fait le choix audacieux et surprenant de décrire son expérience de la guerre dans une fiction mettant en avant les sensations, les émotions, les sentiments, la violence psychologique, les traumatismes plutôt que des descriptions de guerre.
Le rendu est aussi beau que poignant.

« Tu n'es rien, voilà le secret : un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière. »

*
J'ai lu qu'au retour du front, Kevin Powers avait obtenu une maîtrise en poésie. Cela se ressent dans son écriture. Je l'ai trouvée belle et originale pour un roman sur la guerre.

« Lorsque les obus de mortier tombèrent, les feuilles, les fruits, les oiseaux s'effilochèrent comme des bouts de corde. Ils gisaient sur le sol en un tas épars ; un enchevêtrement de plumes déchiquetées, de feuilles lacérées et de fruits éventrés. Les rayons du soleil glissaient entre les cimes, scintillant ici et là sur le sang d'oiseau et les citrons. »

Il décrit aussi la beauté du monde et ces éclats de lumière amènent une touche de douceur et d'apaisement. Les couleurs, les sons, les odeurs sont très présentes dans ce roman.

« Une aigrette vola juste au-dessus de mon épaule et rasa la surface de la rivière de si près que je songeai qu'il était impossible qu'un corps pût rester si près d'un autre en contrôlant parfaitement sa position. Mais le bout des ailes de l'animal filait malgré tout sans même effleurer quoi que ce fût. L'oiseau, qui semblait ne prêter aucune attention à ce que je pouvais penser, vira légèrement et disparut avec une grâce extrême dans l'éclat du soleil. »

*
Pour conclure, ce récit, aussi poétique que brutal, nous immerge dans la guerre et dans l'esprit des soldats.

« La guerre fabrique surtout des solipsistes : comment vas-tu me sauver la vie aujourd'hui ? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j'ai plus de chances de rester en vie. »

Kevin Powers livre un témoignage émotionnellement fort sur la guerre et la vie qu'il faut redécouvrir après les combats. Ce récit admirable et émouvant offre une réflexion profonde sur la liberté, la peur des combats, la futilité de la guerre, l'amitié, le poids de la honte et du mensonge.
Commenter  J’apprécie          5730
Quand un diplômé en littérature, enrôlé dans l'armée américaine et parti combattre en Irak, décide de raconter son expérience, il produit un des récits les plus forts qui n'ait jamais été écrit sur la guerre. le journal le Monde ne s'y est d'ailleurs pas trompé en attribuant à Kevin Powers son prix littéraire.
L'auteur ne parle jamais des irakiens comme des ennemis. La seule véritable ennemie, c'est la guerre, dont il montre l'absurdité et la fatalité : « la guerre prendrait ce qu'elle pourrait. Elle était patiente. Elle n'avait que faire des objectifs, des frontières. Elle se fichait de savoir si vous étiez aimés ou non ». Bartle, âgé de 21 ans, a juré à la mère du jeune Murph qu'il prendra soin de lui et qu'il le ramènera vivant au pays. Bartle ne put tenir sa promesse. L'innocence de Murph ne résiste pas aux horreurs quotidiennes du champ de bataille. Son esprit l'abandonne et il y perdra la vie. Bartle se sent responsable de la mort de son cadet. Son sentiment permanent de culpabilité, ses cauchemars hantés par le bruit des fusils d'assaut et le cri des blessés, sa dérive de vétéran dont les cicatrices de se referment pas, constituent la trame de ce roman qui tire sa force de son réalisme. A un moment du livre, un journaliste demande à Bartle de lui décrire ce qu'il ressent quand il est au combat. Il répond: “c'est comme un accident de voiture. Tu comprends. Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours". Que cette métaphore est juste et puissante !
Quand il nous fait partager chaque instant de sa vie de soldat, Kevin Powers ne joue pas la comédie. Il ne feint pas, il n'élucubre pas sur la base de quelques témoignages glanés ici et là. Il a pris toutes ses émotions, brutes, intenses, et il nous les a transmises par la littérature pour les couvrir d'humanité.
Commenter  J’apprécie          80
Quelle découverte, une narration a bout de souffle .. Bravo !
Commenter  J’apprécie          10
Un très beau récit de la destruction morale d'un jeune américain par la stupide guerre d'Irak. Ce sont en fait deux jeunes américains, soldats de l'absurde, dont l'un va vivre en portant le remords de n'avoir pu sauver son compagnon d'armes. le texte est superbe tout en finesse même s'il plonge le lecteur dans un cauchemar dont il sera le seul vrai survivant à la dernière page.
Commenter  J’apprécie          60
Le 20 mars 2003, les États-Unis d'Amérique avec le soutien d'une coalition internationale commencèrent l'invasion de l'Irak, qui était alors sous le régime de Saddam Hussein. La principale raison du Président américain, Georges W. Bush, était le développement et la détention d'armes de destruction massive (chimique et bactériologique). Ainsi commença la guerre que l'on nomme la troisième Guerre du Golfe. Une guerre qui sèmera la controverse à travers le monde.

Résumé :

Bartle, 21 ans, s'engage dans l'armée américaine afin de ne plus avoir à prendre des décisions. Sa destination est l'Irak, plus précisément Tal Afar. le jeune homme et Daniel Murphy, surnommé Murph, se sont liés d'amitié dès le début du camp d'entraînement. Avant le départ des militaires pour leur mission en Irak, Bartle fit une promesse à la mère de Murph : ramener son fils vivant au pays. Cette promesse le hantera.

Critique :

Passionnée de littérature de guerre, je ne pouvais définitivement pas résister à ce nouveau roman sur une guerre dont les conséquences sont encore d'actualité. Ainsi, je me suis mise à la lecture m'y suis mise avec avidité. Ce ne fut pas du temps perdu : je me plongeai dans une incroyable histoire! Il n'est donc pas nécessaire de vous mentionner que j'ai adoré ce premier roman de Kevin Powers, qui mérite absolument la mention du New York Post, « 10 best books of the year ». Je le recommande fortement à tous les passionnés de littérature militaire, mais aussi à toutes les personnes qui voudraient lire un livre profondément humain et désarmant. Ce roman nous amène à réaliser qu'un retour « normal » à la vie civile est impossible pour ces soldats traumatisés par la guerre. Il soulève la réalité invisible du stress post-traumatique.

UN ROMAN À LIRE ABSOLUMENT DANS SA VIE!

Vous pouvez lire la suite de cette critique en cliquant sur le lien lié à la critique.
Lien : https://wordpress.com/view/c..
Commenter  J’apprécie          10
A yellow bird
Whith a yellow bill
Was perched upon
My windowsill

I lured him in
Whith a piece of bread
And then I smashed
His fucking head... (1)

Chant militaire traditionnel de l'armée américaine.

(1) Un moineau jaune
Au bec jaune
S'est penché
Sur ma fenêtre

J'lui ai donné
Une miette de pain
Et j'lai éclaté
Ce putain d'serin...

Le soldat Bartle revient chez lui, à Richmond (Virginie), après vingt mois de guerre en Irak.
Il n'est et ne sera plus le même : la guerre l'a détruit.
Beaucoup de militaires ne reviennent pas indemnes, quand ils voient leurs camarades de régiments mourir dans d'atroces souffrances. Dans le cas de Bartle, il va voir disparaître son ami Murph, le sergent Sterling et tant d'autres.
Extrait : "Je n'aurais pas pu le formuler à l'époque, mais j'étais entraîné pour croire que la guerre fédérait tout le monde. Qu'elle rassemblait les gens plus que toute autre activité humaine. Tu parles. La guerre fabrique surtout des solipsistes : comment vas-tu me sauver la vie aujourd'hui ? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j'ai plus de chances de rester en vie. Tu n'es rien, voilà le secret : un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière."

Comme pour la guerre du Vietnam, la première guerre en Irak.... les futurs militaires n' ont pas été préparés aux atrocités dont ils vont être témoins ou qu'ils vont eux-même exécutées.
L'autre choc qu'ils vont subir est le retour à la vie civile, les stress post-traumatique que certains soldats vont développer : un mois à attendre au Koweit, puis transit par la base américaine en Allemagne où ils sont simplement debriefés.... puis retour au bercail.

Yellow Birds est un sans cesse va-et-vient, parmi les différents chapitres, traitant de la guerre en Irak et de la vie quotidienne, à Richmond, de Bartle.
Le lecteur peut sentir monter la tension, de jour en jour, pendant et après la guerre. L'ex soldat s'enfonce de plus en plus loin dans la dépression, le dégoût des autres, de lui-même.

Alors, Bartle avale pack de bière sur pack de bière. Il s'isole de ses anciens amis pour ne pas à avoir à leur raconter la guerre. Il ne peut plus faire semblant, comme si tout allait bien. Et surtout, il dort, beaucoup trop, pour oublier tout ce qu'il a laissé de lui dans la chaleur et le sable d'Irak.

Extrait : "Luke et les autres garçons et filles nageaient encore dans la rivière... Il me fallut résister à l'impérieuse envie de les haïr. J'étais devenu une espèce d'infirme. Ils étaient mes amis, n'est-ce-pas ? Qu'est-ce que je leur dirais ? "Hé, comment ça va ?" s'exclameraient-ils en me voyant. Et je répondrais, "J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi ; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit." Ou un truc du genre, "Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde m'adore et ça me rend fou."

Ce roman de Kevin Powers (né en 1980) est dans la lignée des romans et films américains traitant des vétérans de guerre. La violence, le désespoir, la recherche de leur part d'innocence à jamais perdue sont les vecteurs communs de leurs histoires.

Extrait : " Un journaliste nous avait demandé ce que cela faisait de se battre... "Racontez-moi, les gars, comment c'est vraiment. Je veux savoir quel genre d'adrénaline vous ressentez"... Murph tenta de lui expliquer. "C'est comme un accident de voiture. Tu comprends ? Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours."
Commenter  J’apprécie          30
J'ai très apprécié cet ouvrage qui se lit bien, récit assez court, sur un engagement volontaire d'un jeune américain en Irak en 2004, une promesse légère et impossible, un retour espéré et difficile, une attente de ces proches légitime et insupportable, en partie autobiographique et poétique.
Histoire bien construite avec alternance des chapitres se situant entre l' Irak et l'Occident.
Comment peut-t'on cautionner l'engagement volontaire d'un jeune de 18 ans ?
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (831) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3229 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}