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Critique de Tanvyeboyo


Lecteur ‘sympathisant' mais occasionnel de ‘science fiction', L'Adjacent de Christopher Priest me rappelle les qualités et limites du genre. Priest, né en 1943, se dédie à la SF depuis 1966 et a une production considérable à son actif. Il a gagné de nombreux prix de SF en Grande Bretagne. Mais il est resté dans les confins littéraires de la SF, un segment de lectorat qui paraît marginal par rapport à celui de la littérature classique.
La notion d'adjacence évoque les schémas un peu trop classiques de ‘bilocation', d'univers parallèles et de voyages dans le temps. Chez Priest, cet aspect fait penser à ‘The City in the City' de China Miéville, une historie qui fait coexister deux villes en une, tout en s'ignorant. Priest et Miéville, au regard plus jeune, sont des rivaux sur la scène britannique de la SF.
L'Adjacent est, par moments, d'une lecture très agréable mais le livre semble quelque peu maladroit, un sentiment que suscite souvent la SF. En le terminant, on a plus envie de lire les premiers textes à succès de Priest, qui remontent aux années 1970, que ses titres plus récents.
Un livre dont l'intrigue initiale se déroule, dans un avenir relativement proche, en République islamique de Grande Bretagne (RIGB) interpelle forcément. Tony Blair pourrait éprouver de regrets. Mais Priest passe vite sur la future évolution de notre île voisine qui aurait désormais d'autres soucis que Bruxelles. En effet, le pays et l'Europe sont ravagés par une météo de fin du monde et, de la RIGB jusqu'en Turquie, des attentats étranges ébranlent l'époque. le nihilisme a fait des progrès. On ne sait plus si ses victimes sont rayées de l'histoire voire dédoublées dans l'adjacence. L'humain redevient poussière d'étoile, ou juste une tâche résiduelle au sol. La SF qui fait peur, le temps d'une lecture, n'a finalement même pas plus d'impact que l'écologie qui prêche et punit. Les deux causes et leurs petits publics acquis méritent mieux.
Priest est un admirateur de HG Wells (1866-1946), le grand prêtre anglais de la SF et aussi figure de la vie publique. Wells apparaît même dans un rôle mineur dans l'Adjacent. Mais chez Priest, même les personnages principaux ne font que passer, comme dans les films d'art et essai, à l'instar de particules éphémères. On est loin de l'optimisme de ‘l'Utopie moderne' (1900) de Wells. Christopher Priest se voit-il en avatar moderne d'HG Wells ? Pas certain que son héritage, ou sa planète, soient aussi durables, même si ce livre et l'ensemble de son oeuvre méritent une place un petit peu plus large dans le monde contemporain de la fiction tout court.
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