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Critique de BazaR


BazaR
17 février 2017
« J'avais atteint l'âge de mille kilomètres »
Pendant des décennies, j'ai cru que cette phrase annonçait un bouquin qui emmenait le lecteur dans un monde trop difficile à conceptualiser, où le temps était remplacé par une dimension spatiale et où l'on se déplaçait physiquement dans la dimension temps. Je craignais que la réalité du roman ne soit trop difficile à appréhender.
Et puis Pavlik a écrit sa critique et là, j'ai complètement changé d'avis : il fallait que je le lise ! Nous l'avons sélectionné à la LC de l'Imaginaire de février et, résultat : un des plus beaux pieds d'imagination sur base scientifique que j'ai pris dans ma vie (égalité avec Tau Zéro de Poul Anderson) et une construction de monde parmi les plus originales (à égalité avec celui de L'Empire de Poussière de Nicolas Bouchard).

La décomposition du roman en parties très spécifiques – spécification accrue par des changements de rédaction 1ere / 3eme personne ou de point de vue – favorise l'insertion progressive du lecteur dans cet univers. Christopher Priest a pris le parti de nous faire suivre Helward alors qu'il quitte l'adolescence pour le monde adulte, dans une cité où l'éducation de « la crèche » ne prépare pas du tout le jeune à appréhender le monde tel qu'il est « réellement » (adverbe à employer avec circonspection). le début fait donc très roman initiatique. Helward découvre le fonctionnement de la cité ainsi que son éternel objectif à la Sisyphe quelque peu curieux. Puis Helward est investi d'une mission qui l'emmène dans le sud où il est victime des effets de ce monde qui apparaît de plus en plus bizarre. Là, heureusement ou malheureusement, il a suffi d'un mot écrit sur le 4eme de couverture pour que je comprenne ce qu'Heldward subissait « en réalité » (remember ? circonspection !), donc moins de surprise mais aussi une bonne compréhension des phénomènes décrits. J'avoue cependant avoir été surpris par les effets relativistes (je ne crois pas qu'ils soient scientifiquement fondés, mais bon). La suite montre de nouveaux voyages, vers le nord cette fois, qui sont l'occasion d'expliquer dans le détail ce qu'on nous raconte depuis le début (ne retenez qu'une chose : y=1/x).

Et là, pouf ! Changement de point de vue, perte de repères, questionnement sur la nature de la réalité. Au secours, P.K. Dick sors de ce roman ! le comportement d'Helward m'a surpris sur cette partie. On sentait bien l'anti-héros à la Robert-Charles Wilson en lui, mais là, je me suis demandé si Priest aimait vraiment son personnage.

La fin est un peu abrupte. Certains indices ont diminué l'intensité de la surprise en ce qui me concerne. le retournement des habitants de la cité est un peu facile. Bref, c'est peut-être un peu expédié. Mais après tout quelle importance ? L'essentiel du roman est passé : cette incroyable construction géométrique sur laquelle Christopher Priest a réussi à faire vivre des êtres humains attachants (au moins Helward) sans sacrifier l'histoire au décor. C'est un vrai tour de force.

J'irai à coup sûr fouiller à nouveau la bibliographie de Priest.
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