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Critique de ahasverus


Le deuxième volet de "La Recherche..." emporte en 1919 le prix Goncourt par six voix contre quatre face aux méritoires Croix de Bois de Roland Dorgelès. Il vaut bien une petite mention, Môssieur Roland Dorgelès : son roman est l'un des classiques de la grande guerre, avec A l'Ouest Rien de Nouveau, de Remarque, et Ceux de 14, de Genevoix. On ne soulignera jamais assez à quel point il faudrait consacrer à la guerre des livres humanistes plutôt que des spots de propagande. Mais avec les meilleures intentions du monde, comment passer devant Marcel Proust, qui s'inscrit, avec L.-F. Céline comme l'un des génies littéraires du XXème siècle français ?

A l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs retrouve nos personnages sur le chemin que nous nous suivions du côté de chez Swann. Odette de Crécy tient un salon très prisé des hommes , Charles Swann est devenu un excellent mari, Cottard un professeur renommé. le narrateur, adolescent, s'ouvre à l'amour avec Gilberte.

Le roman est construit en deux parties : "Autour de Madame Swann", et "Nom de Pays : le Pays".
La première partie se déroule autour de la séduisante Odette. le narrateur se rapproche puis s'éloigne de sa fille, Gilberte.
Dans la seconde partie le narrateur, sa grand-mère et Françoise partent quelques mois séjourner au grand-hôtel de Balbec (Cabourg). Il fait la rencontre de plusieurs personnes déterminantes pour la suite de l'oeuvre, Saint-Loup, Charlus, ou Albertine Simonet. Attiré par toutes les jeunes filles qu'il croise, il ne sait sur laquelle fixer son amour.

L'amour, la jalousie, les rapports entre la réalité et l'imaginaire, la mémoire ou le souvenir, se développent autour d'une épatante galerie de personnages. Même ceux de second plan sont un bonheur. Ainsi le directeur du grand hôtel, très snob, ou le roi et la reine d'un îlot d'Océanie, ou encore la princesse de Luxembourg dont les "regards s'imprégnèrent d'une telle bonté que je vis approcher le moment où elle nous flatterait de la main comme deux bêtes sympathiques qui eussent passé la tête vers elle, à travers un grillage, au jardin d'Acclimatation."

Ceux qui avaient décroché au cours du premier tome se verraient confirmés dans leur choix : les phrases de Proust sont toujours aussi sinueuses, son style toujours aussi précieux (on assure que son élocution était conforme à ses écrits Cf le documentaire Marcel Proust du 11 janvier 1962) ; les autres retrouveront dans ce volume tout ce qu'ils ont aimé dans le précédent, cette précision, cette subtilité, cette orfèvrerie, cette épaisseur des personnages, cette diversité dans le thème.

A l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs ne se lit pas comme un nouveau Steinbeck, un nouveau Kundera, un nouveau Despentes, un nouveau Romain Gary, un autre Victor Hugo. Ce n'est pas un livre de plus. C'est une promenade au Louvre, une déambulation dans ce tout monumental et cohérent qu'est la Recherche du Temps Perdu. Vous pouvez y revenir n'importe quand , vous dénicherez toujours quelque merveille . Il faut avoir l'envie de lui consacrer du temps. C'est là toute sa difficulté, et toute sa force.
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