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Critique de chartel


Je précisais dans ma critique du premier tome de la Recherche qu'il ne fallait pas faire l'amalgame entre le narrateur et l'auteur. Pourtant, dans ce cinquième tome, La Prisonnière , Marcel Proust s'identifie très fortement au narrateur, allant jusqu'à lui prêter son propre prénom. Mais les conditions d'élaboration de ce tome furent particulières. Très malade, Proust se coupa du monde et passa ses dernières années enfermé dans sa chambre à composer obsessionnellement son grand oeuvre. Cette intensité créative a laissé un récit marqué par de nombreuses contradictions telles que ces personnages annoncés comme morts puis réapparaissant au cours de l'histoire et une tendance à l'identification narrateur/auteur. Comme si cette écriture compulsive lui avait joué des tours au point d'en oublier ses premiers principes de composition. Mais qu'importe, la magie proustienne est toujours là, ses arabesques font toujours grande impression.
De retour de son second séjour estival à Balbec, le narrateur a emporté dans ses malles l'une des jeunes filles en fleurs, Albertine ; qu'il tient presque cloîtré, profitant de l'absence de sa mère retenue pour un long temps à Combray, dans son appartement parisien. Fou de jalousie, il veut à tout prix empêcher toute rencontre possible d'Albertine avec d'improbables prétendants. Même si ses sentiments pour elle ne sont déjà plus ceux qu'ils étaient quand Albertine restait encore une inconnue aperçue sur les plages de Balbec et qu'elle nourrissait les fantasmes d'un narrateur qui n'en manque pas, il exige, rien de moins, qu'elle ne vive et respire que pour lui.
Mais la prisonnière n'est peut-être pas celle que l'on croit. L'amour, nous le savons bien - c'est l'un des grands thèmes de la littérature - s'apparente à un enchaînement, à un servage volontaire. le narrateur s'enferme dans ses craintes et ses névroses, tel Othello devant Desdémone, devenant ainsi prisonnier de ses propres tourments. Celui qui narra auparavant (voir Un amour de Swann) les désillusions de Swann avec Odette de Crécy, rejoue la partition, mais en tant qu'auteur-compositeur.
Ce roman est aussi une sorte d'essai sur le mensonge, qu'il soit amoureux, amical ou mondain ; on n'en a jamais aussi bien parlé.
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