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Critique de Laureneb


Si j'étais snob, je m'intitulerais proustienne en disant que j'ai lu la Recherche - sans avoir besoin de rajouter la suite du titre, comme pour suggérer que je fais partie de la caste des initiés, des spécialistes. Si j'étais une invitée d'un dîner mondain, entre une duchesse aux beaux yeux mélancoliques du faubourg saint-Germain, un riche banquier parvenu, un vieil écrivain conservateur, et une maîtresse de maison devant laquelle je voudrais briller pour être présentée à de nouveaux personnages influents, je ne pourrais me contenter de mon charme personnel destiné à faner et devrais montrer les qualités de mon esprit. J'étalerais donc mes connaissances de l'oeuvre de Proust, pour expliquer en quoi ce recueil annonce la Recherche du Temps perdu par son style, ses thématiques, ses qualités littéraires.
Si j'ai bien lu effectivement la Recherche du Temps perdu, je n'ai aucune prétention à savoir analyser la somme proustienne. Je vais donc me concentrer sur ce recueil-ci, où on trouve déjà effectivement beaucoup de thématiques chères à Proust. Dans mon précédent paragraphe, j'ai insisté sur les dîners mondains, car il me semble que au moins deux tiers des récits ou nouvelles tournent autour de cette notion et celle du snobisme, qui, pourrait-on dire, est analysé - mais pour le railler avec humour : les personnages se rendent dans des dîners dans le seul but d'obtenir quelque chose qui les fasse progresser dans le monde. Proust se moque donc des nouveaux riches, des parvenus, des personnes peu spirituelles mais qui cependant croient l'être en accumulant les poncifs et les idées reçues de la société.
Outre les salles à manger, les lieux sont donc le Bois, les plages de Trouville ou de Biarritz ; avec une originalité chez l'auteur, une description de paysages des Alpes, plus précisément de lacs italiens et des glaciers. En ce qui concerne les thématiques, on retrouve des idées très proustiennes de l'amour et du désir, du désir de l'absente rêvée plus que la femme présente, du rapport à la mère, à la mort, à l'art - peinture hollandaise, musique, avec des poèmes en alexandrins, genre que je n'étais pas habitué à lire chez Proust.
C'est drôle, féroce, facile à lire pour ceux qui ne seraient pas familier du style de Proust car ce sont des récits assez courts, sans personnage récurrent, certains font même moins d'une page. Proust s'amuse à écrire certains textes, comme d'ailleurs dans Pastiches et mélanges. Il y a ainsi un véritable pastiche de Bouvard et Pécuchet.
Je mets à part les différents textes à l'intérieur de la très belle session des "Regrets", dont le titre évoque Du Bellay, et donc un sentiment de mélancolie, de douleur face au temps qui passe. Moins d'humour ici, mais plus de poésie douce et tendre, car il est question du rêve d'une femme, de la beauté d'un soleil couchant ou d'une plage sous la lune, d'une musique entendue de façon fugace... le Narrateur songe souvent depuis sa chambre ou face aux beautés de la Nature. Et, tandis que les phrases s'allongent, cette partie convoque le rêve, les souvenirs fugitifs et donc la mémoire re-créatrice...
Ne serait-ce pas finalement ce sur quoi je devrais insister si j'étais une snob proustienne ?
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