Wakolda

Voici les faits: Josef Mengele fut certainement le médecin le plus connu du camp d'extermination d'Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. À chaque arrivée de trains, c'est Mengele qui assure la sélection des prisonniers qui iront travailler, ceux qui seront cobayes pour expérimentation et ceux qui vont directement à la chambre à gaz. Son surnom d'ailleurs d' “Ange de la mort” lui vient de son attitude froide et cruelle. Il a pu, durant son séjour à Auschwitz, donner libre cours à des expériences terribles, et ça, sans restrictions. Après la guerre, il fuit en Amérique latine et ne fut jamais capturé. le 7 janvier 1979 il meurt noyé à Sao Paolo.

Dans ce roman: Josef Mengele lors de son passage en Argentine rencontre Lilith une jeune fille de 12 ans qui voyage vers la ville de Bariloche. Rapidement elle s'entiche de lui, et lui voit en elle un “sujet” fort intéressant. Car voilà, Lilith est une pré adolescente dans un corps de petite poupée. Elle souffre de métaplasie, un problème de croissance. Mengele étant Mengele, il se servira d'elle pour expérimenter des hormones de croissance, se rapprochera de sa famille dont la mère est enceinte de jumeaux, afin de mener à bien ses ambitions.

Un roman trop court qui fait froid dans le dos. Comment des gens peuvent-ils être si naïfs ? Si facilement ensorcelés par ce monstre ? Ah ! La nature humaine ! Ce roman de Lucia Puenzo, dont c'est le premier que je lis, est vraiment passionnant …

Wakolda de Lucia Puenzo est un roman très intéressant mais terriblement éprouvant. L'un des narrateurs est Josef Mengele, un médecin SS ayant entrepris des expériences atroces à Auschwitz pour l'essor de la race aryenne. Il a trouvé refuge en Argentine à la fin de la seconde guerre mondiale où il se fait passer pour un chercheur vétérinaire étudiant les bovins. le roman se déroule dans les années 1960 en Patagonie. Josef voyage avec une famille d'allemands chez qui il s'installe. Il se lie d'amitié avec la petite fille de la famille, prénommée Lilith. le regard qu'il porte sur cette enfant est souvent très malsain et met le lecteur dans une posture vraiment embarrassante. La gamine, elle, est fascinée par le personnage du médecin élégant et mystérieux, même si elle se méfie un peu de lui par moments. Leur passage chez une famille mapuche par une nuit de tempête est un moment particulièrement horrible, tellement les pensées monstrueuses du personnage trouvent leur paroxysme. Ce que le médecin allemand avait tout de suite remarqué chez Lilith c'était sa poupée en porcelaine, un objet qui le fascine. Installé à la pension de la famille il va pousser le père à lancer la production d'une série de ces poupées et en parallèle proposer d'aider à la croissance de Lilith en lui prodiguant une hormone de croissance. Vivant dans la crainte constante, notamment après avoir découvert que le Mossad israélien avait arrêté d'autres nazis en Amérique du Sud, il ne se lie d'habitude pas avec les locaux mais cette fois il peine à abandonner cette famille.

Le roman nous embarque non seulement dans la tête d'un monstre mais aussi dans un réseau organisé argentin qui le protège délibérément. À travers son regard puis celui de Lilith nous découvrons des villages refuges où l'héritage du troisième Reich est à peine dissimulé. Cela donne assez souvent la nausée. Toutefois il faut reconnaître que le sujet est puissant et plutôt bien mené, ce n'est pas si facile de rendre une telle idéologie palpable. Ce qui est dommage c'est que la dernière partie du récit est vraiment bancale. Dans le tout dernier quart du roman seulement, nous découvrons un nouveau narrateur qui désire se venger du médecin. Nora, est un ancien cobaye que le médecin avait traité dans les camps de concentration ; elle suit sa trace depuis plus de dix ans. Il aurait été plus intéressant à mon sens de nous présenter ce personnage plus tôt dans l'intrigue, d'autant qu'elle apporte un éclairage pertinent et offre notamment un miroir au personnage de Lilith dans laquelle elle se retrouve au même âge. Ce qui est aussi très difficile pour le lecteur c'est le dénouement ; on n'y trouve pas la justice morale attendue et c'est déstabilisant.

Malgré ces défauts et son propos très dur ce roman est prenant. Parce que l'auteur parvient à créer une atmosphère énigmatique où l'étrangeté croise souvent la science : ce sont deux poupées échangées par une nuit de grêle en pays mapuche notamment.
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Patagonie 1959, Josef Mengele, réfugié depuis la guerre, croise au hasard d'une route une famille argentine dont la petite fille va fasciner le médecin. La jeune fille va l'obséder par ses imperfections, une fascination réciproque aux limites du dérangeant. Traqué par des agents israéliens, il ne pourra s'empêcher de rester près de la fillette, mettant en péril sa couverture et sa cachette. Un récit haletant qui ne nous quitte pas, bientôt adapté au cinéma.

Le nom de famille de Joseph n'est jamais écrit, mais outre que la quatrième de couverture le donne (ce qui, à mon avis, est une erreur, car c'est au lecteur de le trouver), tous les indices sont là. Lucia Puenzo a donc écrit un roman autour d'un personnage ayant existé, imaginant comment il évolue après la guerre. Pour moi, ce qu'elle décrit est très réaliste... et assez effrayant.

C'est ce personnage qui fait que l'ambiance du roman est oppressante. À partir de cela, la romancière tisse tout un réseau d'éléments qui rendent cette ambiance de plus en plus lourde.
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Un livre intéressant sur le passage de Mengele en Argentine. Sur le lien ambigu et dérangeant d'une enfant avec ce monstre qui semble si lisse et si sympathique. J'ai été déroutée par la non implication des parents face aux relations du médecin et de leur fille, le fait qu'il ferme les yeux sur son passé.