the Godfather (
le Parrain) 1, 2 et 3 (qui n'est pas tiré du livre) sont de grands films puissants. J'ai trouvé le livre très bon et en grande partie raté..
Très bon parce que c'est une tragédie grecque (ou plutôt americano-sicilienne) contemporaine plausible à défaut d'être réelle (arrangement d'histoires que
Puzo a probablement lues et/ou entendues) et que la manière de communiquer du parrain (puis, un cran en-dessous, de son successeur de fils) est un modèle d'efficacité, un mélange fascinant de sincérité et de calcul stratégique, de psychologie et de rouerie, de duplicité et de diplomatie..(un parrain aurait pu devenir Président et au moins 3 Pdts des USA ont été aidés par des mafia..) Manière de communiquer à enseigner dans tous les "cours de communication" (puisque ça existe !), d'où l'admiration pour le personnage. Mais on n'a pas le droit d'admirer un parrain de la mafia - organisation familiale aussi légitime à ses yeux qu'un Etat - donc nous dirons "fascination" (accentuée par le jeu de Marlon Brando, d'al Pacino etc..).
"tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la mafia sans oser le demander" est dans le livre ( à faire lire dans toutes les écoles de police, de magistrature etc..) : l'organisation hiérarchique, le fonctionnement, la logique, les méthodes, les ruses, la morale qui la sous-tend.. Tout est là.
"grand livre malade" (comme disait Truffaut de certains films) car le style, simple, direct (du droit) - encore plus en traduction peut-être -n'y est pas : portraits physiques sommaires (d'où la tendance à avoir en tête les acteurs du film), pas d'analyse psychologique des personnages.. du récit, de l'action, des dialogues (le point fort du roman), comme dans le roman noir américain. Ceci empêche définitivement de qualifier
Puzo de
Balzac moderne. et, surtout, il y a des chapitres entiers sur des personnages secondaires qui n'apportent rien de nécessaire à l'intrigue, allongent inutilement le roman . En gros, ce que Coppola et
Puzo n'ont pas mis dans le film (principalement les chapitres à Las Vegas). En outre
Puzo a mis dans son livre des scènes de sexe qui sont à peine mieux que celles de Gérard de Villiers dans les S.A.S. Pour ceux qui connaissent, ça donne une idée du peu (à mon humble avis) d'intérêt de ces scènes.
Puzo partage aussi avec de Villiers le travail documenté et cela est par contre essentiel dans
le Parrain.
Un roman qui se lit comme une course vers l'abime et qui aurait pu être une grande réussite. Vive l'huile d'olives sicilienne !