La commune a rasé la dernière tasse et remplacée par des sanisettes javellisées, les parcs sont éclairés d'halogènes qui découragent les ombres, on a stérilisé chaque coin de rue, la grande lessive de la rigueur morale a chassé les cinémas pornos et les quartiers chauds vers des villes plus grandes. Pourtant la pornographie est partout mais confinée à la sphère de l'intime, contrainte à la solitude, à la consommation. Nous voilà dans le temps de la pornographie morale, celle qui bien ordonnée rapporte le plus.
La Vierge. Pourquoi la Vierge fait-elle rire mes contemporains ? Eux qui sont si soucieux de l'image de la femme ; c'est pourtant simple, la Vierge c'est l'humanité qui donne naissance à Dieu. C'est de notre temps, une femme qui figure l'humain, qui figure l'humain accouchant de Dieu, c'est pour notre temps.
La joie d'être nommé par l'être aimé est une joie qui n'est pas de ce monde.
L'obscurité allait en cercles concentriques jusqu'aux grottes où attendaient ceux qui ne voulaient pas montrer leurs monstrueuses laideurs.
Ces poissons des grands fonds, sans âge, sans visages, produisaient eux-même la lumière avec leurs cœurs désenchantés et se nourrissaient des déchets de la surface.
Ces hommes étaient nécessaires à la chaîne alimentaire des désirs qui allait du délicieux à l'épouvante.
"Tu vois ce que nous sommes."
Ce "nous" qu'il a prononcé me sauve. Il fait de moi autre chose que le voyeur que je m'apprêtais à devenir, le frère par-delà l'age et la beauté, ce frère qui ne juge pas mais aime, aime au-delà de tout possible.
Je n'ai jamais été si proche de Dieu que dans la souffrance et la souffrance seule est la terre de mon sacre. Je n'ai pour patrie que cette longueur de mon corps écrasé de douleur et de désir, cette croix de chair.
La beauté n'est belle qu'à la condition d'être inlassable.
Nous désirons des lieux, et me mot désir n'est pas usurpé puisque nous ne saurions pas aimer sans décors.
Si la poésie était une Personne, elle serait un garçon au visage de Janus, mortel ou vivifiant, et qui sait que le temps est compté. Voilà pourquoi si souvent, en croyant écrire le mot violence, mes doigts distraits écrivent douceur, de même que si souvent je prononce joie pour douleur.