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Critique de VincentGloeckler


S'il ne doit pas y avoir que du roman dans une vie de lecteur, et parce que c'est un texte qui parait aussi dans cette Rentrée littéraire 2022, et, enfin, parce que l'on « célèbre », dans l'actualité de cette fin d'été, le terrible premier anniversaire du retour des Talibans au pouvoir à Kaboul, et que l'on ne parlera jamais assez de ce drame-là, cette plongée brutale de tout un pays dans la faim, la privation de libertés, de culture et d'éducation, la régression vers le plus sombre des obscurantismes, et, surtout, surtout, l'effroyable humiliation des femmes, le refus de leur accorder égalité et dignité, ou, simplement, le droit de vivre et de choisir leur destin, libérées des burkas… alors, oui, ouvrez sans tarder Danser dans la mosquée (Julliard, septembre 2022), l'autobiographie d'Homeira Qaderi, le témoignage émouvant des années de lutte de cette femme courageuse contre tous les carcans qu'on voulait lui imposer. Présenté comme une « Lettre d'une mère afghane à son fils », son récit retrace une enfance sous l'occupation soviétique, puis la guerre civile et la première prise du pouvoir par les Talibans. Ayant eu la chance de grandir dans une famille aimante et cultivée, elle évoque son goût pour les livres, sa passion, très tôt, pour la culture et l'éducation, une vraie vocation qui gouvernera ses activités et son parcours de résistante. Elle raconte aussi le mariage avec un inconnu, le divorce imposé lorsqu'elle résiste aux demandes de son mari, ce fils qu'on lui arrache et qu'elle mettra longtemps à récupérer. Et puis, le retour des Talibans et sa fuite du pays. Un témoignage, vibrant d'émotions, où elle parle de sa « chance », des multiples fois où elle a échappé aux balles des soldats ou aux violences des islamistes, de sa condition de « résiliente », mais aussi de sa ténacité de femme en lutte pour sa survie et sa dignité, au service aussi de toutes les autres femmes, ses soeurs… S'il ne fallait garder en mémoire, et l'on sait qu'elle y restera longtemps, qu'une scène du livre, c'est celle qui lui donne son titre, cette danse superbe, qu'institutrice clandestine improvisée, elle organise pour les filles dans la mosquée ! Une danse, comme un fragile défi au plus mortel des obscurantismes, la meilleure façon de ne pas oublier le dur combat quotidien des afghanes sous la férule talibane ?
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