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Cécile Dutheil de La Rochère (Traducteur)
EAN : 9782264082602
240 pages
10-18 (21/09/2023)
4.4/5   84 notes
Résumé :
Homeira naît en 1980 à Hérat, en Afghanistan, dans une maison où se côtoient trois générations qui tentent de survivre tour à tour à l'occupation soviétique, à la guerre civile puis à la première prise de pouvoir des talibans. Au sein de ce foyer aimant, l'enfant chérit les livres et la liberté, se révolte contre les privilèges accordés à la gent masculine et les interdits visant les filles. Adolescente, elle ira jusqu'à animer une école clandestine dans une mosquée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Herat, Afghanistan, 1980. Homeira naît dans une famille aimante, cultivée et relativement libérale. Mais la vie, ou la survie, est difficile. L'occupation soviétique, puis la guerre civile, puis la première prise de pouvoir des talibans n'ont fait que brider de plus en plus cruellement les libertés, en particulier celles des femmes et des jeunes filles, asphyxiées sous d'épaisses burkas, interdites de presque tout, et surtout d'aller à l'école et de travailler hors de la maison. C'est dans ce contexte de plus en plus obscurantiste et mortifère qu'Homeira grandit, en révolte contre cette injustice et les privilèges des hommes. Incapable de se résoudre à la cuisine ou à la couture, elle ira, à peine adolescente, jusqu'à créer une école clandestine dans une mosquée et à mettre sur pied un atelier d'écriture tout aussi clandestin, risquant sa vie à chaque fois qu'elle quitte la maison familiale.
A 17 ans, elle accepte, pour préserver l'honneur de sa famille, d'épouser un inconnu. Dans son malheur, la chance sourit cependant à la jeune femme : son mari l'emmène vivre à Téhéran, où elle découvre un monde de libertés inimaginables pour elle, dans lequel les femmes ont même le droit de conduire des voitures. Elle entreprend des études, obtient brillamment son diplôme, travaille, écrit des livres. Au bout de quelques années, elle donne naissance à un fils. La vie est presque belle, jusqu'au jour où son mari décide de rentrer en Afghanistan. A cette époque (années 2010), le pays est relativement ouvert et tolérant envers les femmes, mais pas au point d'empêcher le mari d'Homeira d'épouser une deuxième femme. Elle s'y oppose, se révolte, mais son mari lui impose alors le divorce, et la séparation d'avec son fils. Désespérée, Homeira s'exile aux USA, mais reviendra quelques années plus tard en Afghanistan pour tenter de récupérer son fils. Avant que la donne change une nouvelle fois, avec le retour des talibans en août 2021.

Je mets cinq étoiles à ce livre dans l'espoir dérisoire d'attirer l'attention sur lui, sur son auteure, ses combats pour les libertés et l'égalité hommes-femmes, dans un pays désormais à nouveau sous le joug d'un des régime les plus cruels et les plus arriérés de la planète. Parce que le peuple afghan (et d'autres avant et ailleurs) a été abandonné lâchement par la communauté internationale, parce que les filles et les femmes afghanes sont des mortes-vivantes en sursis dont le taux de suicide est très élevé, parce que cette situation me crève le coeur, me révolte et me fait honte, et que je ne sais pas quoi faire à mon petit niveau, parce que j'ai pas le millième du courage d'Homeira Qaderi.
Parce que pour les Afghans, lire un livre autre que le Coran est un crime puni de mort, et que je peux lire, moi, bien tranquille dans mon salon ou dans le tram, je tiens à vous en parler et vous inciter à faire de même, pour ne pas oublier les femmes afghanes, ni que la liberté est une lutte de chaque instant, même dans nos petits pays confortables.

En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley.
#Danserdanslamosquée #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Danser dans la mosquée de Homeira Qaderi est un livre sensible, poignant, un cri pour l'instruction et le droit des femmes.

Homeira naît en 1980 à Hérat, en Afghanistan, subit l'occupation russe, c'est une petite fille pleine de vie, qui n'a peur de rien, elle est heureuse au milieu de sa famille. Trois générations cohabitent, s'aiment, adorent les livres, presque libres de mener leur vie tout en faisant attention aux balles invisibles.

Les Russes partent et arrivent le pire, la guerre civile, les talibans. Ils vont bâillonner les femmes, tout leur est interdit, de donner leur avis, de sortir sans burkas et accompagné d'un homme, elles n'ont plus le droit d'aller à l'école, de travailler hors de la maison, en un mot elles doivent une obéissance totale aux hommes.

Malgré cette injustice terrible, Homeira, n'acceptera jamais cette situation. La peur de la mort ou d'être fouettée, ne l'empêchera pas de donner des cours clandestins dans une mosquée pour que les enfants puissent au moins savoir lire ou écrire quelques mots.
Elle est révoltée contre cette injustice, les hommes ont tout les droits ou presque car lire, écouter de la musique peut vous conduire à la mort.
Homeira, créera aussi un atelier d'écriture caché dans la maison d'une amie, rien ne l'arrêtera malgré les risques et les agressions.

A 17 ans elle sera obligé de se marier, pour mettre sa famille à l'abri du déshonneur.
Elle connaitra quelques années de bonheur à Téhéran où son mari l'a conduit après leur mariage, les moeurs sont plus libres, elle se gorge de livres, d'études, écrira comme elle a toujours voulu le faire.

Ce bonheur sera de courte durée, retour en Afghanistan décidé par son mari. Elle espérait continuer à profiter de sa liberté d'enseigner, de conduire, mais tout change.
Elle aura un fils qu'elle adore, mais sera obligé de s'exiler aux USA, un déchirement total. Elle n'accepte pas que son mari épouse une seconde femme. Il lui impose le divorce et dans ce cas là l'enfant appartient au père.
Elle reviendra quelques années après pour essayer de récupérer son fils.

Ce livre est un plaidoyer, pour toutes les femmes, les filles afghanes qui souffrent atrocement de cette situation, qui sont maltraitées et n'ont aucune liberté.

Un livre qui remue douloureusement. Lisez-le.
Malheureusement rien n'a changé, puisqu'ils sont de retour.
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Danser dans la mosquée est un livre de non-fiction. Cependant, par sa structure, son rythme, sa fluidité, le mélange de faits et d'émotions, il se lit comme un roman.

Homeira Qaderi est une femme afghane, née en 1980, durant les affrontements entre les moudjahidines et les troupes soviétiques. Après avoir vécu, en 1989, le retrait de l'occupant, puis la guerre civile, elle a été confrontée, en 1996, à la première prise de pouvoir des talibans, avant d'émigrer en Iran et de revenir en Afghanistan dans une société où les droits de la femme sont toujours bafoués, l'obligeant à un exil aux Etats-Unis.

Ce récit chronologique se fixe sur les événements personnels, de l'enfance heureuse, aux expériences d'enseignement, en passant par le premier amour, le mariage, les études, la maternité et le divorce, pour une meilleure compréhension de l'Histoire. Les lettres qu'Homeira Qadari adresse à chaque fin de chapitre à son fils donnent beaucoup d'humanité, avec une approche mettant en lumière l'importance de l'éducation des filles et des garçons, pour permettre d'établir une société qui reconnaîtra la place de la femme.

Entre fermeture des écoles de filles, mariage arrangé ou mariage forcé, polygamie, déni du statut de mère, ce texte est un manifeste nécessaire pour que les femmes afghanes ne tombent pas dans l'oubli.

Un grand merci à Homeira Qaderi pour ce partage si poignant : ce livre est un véritable coup de coeur !
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Un témoignage autobiographique poignant de l'autrice Homeira Qaderi, qui est née et a grandi en Afghanistan. Enfant un peu indisciplinée et adolescente éprise de savoir et de liberté , Homeira n'a eu de cesse d'apprendre et d'écrire. Soutenue par des parents aimants, elle a toujours pu s'exprimer au sein de sa famille, ce qui ne va pas de soi, là où elle a grandi. Après l'occupation russe de sa ville, elle et sa famille ont dû faire face aux lois édictées par les Talibans comme par exemple, l'interdiction pour une fille ou une femme de sortir sans être accompagnée par un homme de sa famille même s'il n'est âgé que de 5 ans. Cette injustice entre homme et femme la révolte dès son plus jeune âge et elle décide assez tôt d'écrire, ce qui est également formellement interdit dans son pays.
Femme courageuse, bravant les interdits au péril de sa vie, elle a écrit ce livre comme une lettre à son fils. Fils qui lui a été retiré pendant trois longues années lorsqu'elle a refusé de partager son mari avec une deuxième épouse, les enfants « appartenant » exclusivement aux pères dans la loi talibane. Un livre bouleversant qui mérite à mon avis d'être lu par le plus grand nombre et qui fait écho à ce qui se passe actuellement en Iran.
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S'il ne doit pas y avoir que du roman dans une vie de lecteur, et parce que c'est un texte qui parait aussi dans cette Rentrée littéraire 2022, et, enfin, parce que l'on « célèbre », dans l'actualité de cette fin d'été, le terrible premier anniversaire du retour des Talibans au pouvoir à Kaboul, et que l'on ne parlera jamais assez de ce drame-là, cette plongée brutale de tout un pays dans la faim, la privation de libertés, de culture et d'éducation, la régression vers le plus sombre des obscurantismes, et, surtout, surtout, l'effroyable humiliation des femmes, le refus de leur accorder égalité et dignité, ou, simplement, le droit de vivre et de choisir leur destin, libérées des burkas… alors, oui, ouvrez sans tarder Danser dans la mosquée (Julliard, septembre 2022), l'autobiographie d'Homeira Qaderi, le témoignage émouvant des années de lutte de cette femme courageuse contre tous les carcans qu'on voulait lui imposer. Présenté comme une « Lettre d'une mère afghane à son fils », son récit retrace une enfance sous l'occupation soviétique, puis la guerre civile et la première prise du pouvoir par les Talibans. Ayant eu la chance de grandir dans une famille aimante et cultivée, elle évoque son goût pour les livres, sa passion, très tôt, pour la culture et l'éducation, une vraie vocation qui gouvernera ses activités et son parcours de résistante. Elle raconte aussi le mariage avec un inconnu, le divorce imposé lorsqu'elle résiste aux demandes de son mari, ce fils qu'on lui arrache et qu'elle mettra longtemps à récupérer. Et puis, le retour des Talibans et sa fuite du pays. Un témoignage, vibrant d'émotions, où elle parle de sa « chance », des multiples fois où elle a échappé aux balles des soldats ou aux violences des islamistes, de sa condition de « résiliente », mais aussi de sa ténacité de femme en lutte pour sa survie et sa dignité, au service aussi de toutes les autres femmes, ses soeurs… S'il ne fallait garder en mémoire, et l'on sait qu'elle y restera longtemps, qu'une scène du livre, c'est celle qui lui donne son titre, cette danse superbe, qu'institutrice clandestine improvisée, elle organise pour les filles dans la mosquée ! Une danse, comme un fragile défi au plus mortel des obscurantismes, la meilleure façon de ne pas oublier le dur combat quotidien des afghanes sous la férule talibane ?
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
[Au cours de l'invasion soviétique de l'Afghanistan]
Pendant les cessez-le-feu, nous allions ramasser des pommes de pin ou courir entre les tanks et jouer à cache-cache avec les garçons. Souvent, quand ils étaient introuvables, les soldats russes m'indiquaient leur cachette du haut de leurs tourelles. Je me souviens que chaque fois que je trouvais un garçon, ils applaudissaient en criant, le visage rouge comme une tomate tellement ils riaient. J'ai compris pourquoi l'armée soviétique s'appelait l' "Armée rouge".
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Les Russes ont quitté l'Afghanistan en février 1989. La veille, les hélicoptères survolaient la ville comme des dragons ailés furieux et nous courions nous abriter dans le noir. Le lendemain, le ciel était infiniment bleu et plein de colombes, de moineaux et de mainates profitant de leurs ailes après des années de clandestinité.
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Elle avait plus d'histoires de monstres que de perles sur son tasbeh. Elle me les racontait pour m'empêcher de jouer avec les garçons, de me couper les cheveux, de porter des jupes courtes, de grimper aux arbres, de parler à la voisine de l'autre côté du mur, de rire à gorge déployée et de me disputer avec elle.
Elle était persuadée que la plus difficile des missions que le tout-puissant pouvait confier à quiconque était d'être une fille en Afghanistan.
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L'inconnu s'est présenté à lui derrière le rideau en expliquant qu'il était venu remplir l'acte de naissance du nouveau-né pour compléter son dossier. « C'est une fille ou un garçon ? » a demandé l'intrus. J'ai senti l'excitation de ton père. « C'est un fils-roi », a-t-il répondu. « Son nom ? - Siawash. » De toute évidence, cet homme était en train de remplir les fiches jaunes qui correspondaient aux actes de naissance.
Il a voulu connaître le nom de ton père, puis le nom du père de ton père. Il a demandé les différents certificats du gynécologue. Ton père est venu prendre les papiers sur la table à côté de mon lit pour les lui remettre. J'ai entendu l'inconnu feuilleter les papiers.
Quelques instants plus tard, il avait fini de remplir ses fiches, il a félicité ton père et il est parti.
Tu étais en train de téter. Ton père a ouvert le rideau, l'acte de naissance jaune à la main. Je l'ai pris et j'ai lu. Il comprenait ton nom, celui de ton père et celui de ton grand-père. Personne ne m'avait demandé le mien. Je ne comptais pour rien. Je t'ai regardé et j'ai eu envie de te cacher dans mon ventre pour qu'ils sachent que tu étais aussi mon fils.
J'ai donné l'acte de naissance à ma mère. Elle l'a lu en poussant un long soupir. Elle était bouleversée mais peu surprise : c'était une femme et elle avait vécu toute sa vie en Afghanistan.
(P. 35)
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Dans les livres que nous avions remontés de la cantine, il n’y avait pas de burqa. Pas de filles que l’on fouettait avec des branches de grenadier ou que l’on échangeait contre des chiens de combat. Pas de filles que l’on offrait au vieillard le plus pieux de la cité. Pas de filles battues qui préféraient se jeter dans un puits plutôt que d’être lapidées à mort. Il n’y avait pas non plus de fillettes que leur père obligeait à porter des vêtements de garçon et à jouer le rôle du fils de la famille. Dans ces livres-là, les femmes n’allaient pas confier leurs histoires à l’eau du fleuve ni parler aux morts des cimetières pour fuir la solitude.
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