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Critique de Thrinecis


Un dîner chez Min nous entraîne dans un voyage culinaire, poétique et politique dans la Chine contemporaine où le contrôle de l'information et de l'expression sévit plus que jamais.

A Shanghai, l'inspecteur Chen est en "congé de convalescence", un terme politiquement correct pour désigner une mise à l'écart de la police, suite à ses révélations désastreuses sur la corruption des cadres du Parti. On se souviendra d'ailleurs que ce n'est pas la première fois qu'il est mis à l'ombre. Devenu Directeur d'une officine sans pouvoir ni réelle charge, Chen s'ennuie et tente d'occuper ses journées en lisant les enquêtes du juge Ti quand il est contacté par Vieux Chasseur pour enquêter sous couvert sur l'assassinat d'une cuisinière par sa patronne Min, une belle courtisane qui reçoit chaque semaine à sa table privée de riches hommes d'affaires. Mais Min est-elle vraiment coupable ou bien est-ce un de ses invités ? Ne pouvant plus enquêter officiellement, Chen emprunte "une route de montagne", métaphore utilisée pour désigner un stratagème de guerre consistant à se jouer d'un ennemi puissant en utilisant un sentier secret pour le vaincre. Chen décide donc de laisser croire à ceux qui le surveillent qu'il souhaite écrire un roman sur le juge Ti.

L'originalité de l'intrigue tient à sa double source d'inspiration : celle du destin tragique de la poétesse Xuanji qui aurait tué sa servante durant la dynastie des Tang au IXème siècle et sa réécriture romancée par l'écrivain Robert van Gulik dans l'une de ses enquêtes du juge Ti. Cette mise en abyme est surtout astucieuse pour Xialong Qiu car elle nous invite sans détours à découvrir la version qu'il en a faite en 2020 dans "Une enquête du vénérable juge Ti".

Mais les stratagèmes utilisés par Chen Cao sont cousus de fil blanc et ne m'ont pas semblé de taille à berner les espions de la Sécurité Intérieure du Parti. Aidé par sa ravissante secrétaire qui non seulement maîtrise l'utilisation des pare-feux et de WeChat, mais sait aussi se faire télépathe pour deviner les intentions et instructions que son chef n'ose lui dévoiler de vive voix, l'inspecteur Chen chemine vers la vérité avec lenteur et beaucoup de digressions qui nous immergent dans le quotidien des Shanghaiens.

Si j'ai peu aimé l'intrigue un peu trop tarabiscotée et décousue à mon goût, j'ai bien plus apprécié son ambiance et l'aperçu très intéressant des arcanes du régime politique chinois.

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