La mort de
Florence Arthaud remonte à 2015, mais
Yann Queffélec a attendu 2020 pour écrire cette biographie – hommage très personnelle. Il lui a fallu la parenthèse du confinement pour s'y coller. Il avait été sollicité par la navigatrice pour rédiger ses mémoires mais avait toujours refusé, par crainte d'imposture – elle a finalement publié son autobiographie seule en 2009. Ils avaient pourtant beaucoup en commun, tous les deux, ces enfants terribles en marinière! Leur relation, telle que la définit
Yann Queffélec, ne s'inscrit pas dans la proximité, mais plutôt dans une sorte d'effet miroir lors de rencontres furtives et jamais programmées.
Le récit de l'auteur restitue bien son émotion, intacte, malgré le temps passé. Loin d'une narration chronologique, il est fait de souvenirs qui semblent remonter à la surface, dans un désordre qui n'obéit qu'à la sensibilité de l'écrivain. On perçoit une grande agitation en réponse au choc de la mort accidentelle de
Florence Arthaud. Elle fait écho aux turbulences qui ont animé sa vie. En sursis, après un grave accident alors qu'elle n'avait pas 18 ans – rescapée par le père Jaouen,
Yann Quéffelec ne le mentionne pas - tout ce qu'elle a vécu ensuite semble avoir été volé à la destinée.
Les souvenirs sont plus ou moins fidèles et
Yann Queffélec revendique son travail d'écrivain qui tisse un récit avec sa mémoire et son imagination mêlées. Il n'y a rien de larmoyant, bien au contraire. La première rencontre est relatée avec un humour chargé d'autodérision, et le quiproquo est assez savoureux. Les descriptions de la méditerranée et de
Florence Arthaud au sommet de sa beauté, après son succès sur la route du Rhum en 1990, ne le sont pas moins. L'écriture de
Yann Queffélec scintille et pétille. Il sait ménager le suspense lorsqu'il raconte par exemple l'invité aux yeux bleus au dîner chez les parents de Florence alors qu'elle a tout juste 7 ans. Il y a un rien d'espièglerie dans le récit, et s'en est un vrai régal!
Yann Queffélec retrace la trajectoire folle d'un électron libre qui avait trouvé l'élément qui lui permettait de s'exprimer : la mer.