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Citations sur Les rêves qui nous restent (18)

Je me demande souvent pourquoi je continue à vivre, alors, j'allume une cigarette et ça me calme. Et ça me donne une réponse: pour fumer. Je suis venu au monde pour fumer. Fumer une cigarette et regarder la planète flamber de tous côtés.
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Si la vie n’est plus possible, il restera toujours les rêves pour nous sauver.
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Je prends le mug à deux mains, comme si c’était un cœur palpitant. Comme si c’était mon propre cœur qu’il fallait remettre à sa place rapidement, avant que mon corps ne se rende compte de son absence.
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Tandis que Buda parle, les écrans de la salle s’animent à nouveau et affichent des scènes de la vie courante, capturées par la vidéosurveillance de la City. Des carrefours, des couloirs du métro… Régulièrement, une des caméras se fixe sur quelque chose puis zoome sur des électroquants qui sont tournés vers la caméra. Buda poursuit en me regardant droit dans les yeux, semblable à ces troquants qui se savent observés :
« Certains croient que les compilateurs introduisent des fragments de codes dans les systèmes de la City, pour tromper les protocoles de contrôle. Mais si ce n’était que ça, ce serait facile à régler. Le problème est ailleurs. Les premiers codes de toutes nos machines ont été écrits il y a plus d’un siècle. Sur ces codes, on en a réécrit d’autres, et ainsi de suite. Des millions de couches de code se sont ainsi superposées, pérennisées, compactées au fil du temps. Nécessitant chaque fois moins d’espace. Il y a une infinité de fractions entre le 1 et le 2. Comme avec les couches géologiques, nous pouvons examiner nos machines et remonter très loin dans l’histoire. Nous le pouvons, mais jamais nous ne trouverons où se cache l’erreur. Car il y a une erreur dissimulée parmi tous ces codes. Personne ne sait si elle est arrivée là par hasard ou si quelqu’un l’a introduite, dans un passé lointain, malgré tous les processus de sécurité. Et on ne le saura jamais. Il n’y a aucun moyen de décompresser le tout pour faire des recherches sans revenir à un passé préélectrique chaotique. »
Alors que Buda termine sa phrase, les écrans de l’immense salle montrent toutes sortes d’aberrations et d’accidents, depuis les événements d’Oslo jusqu’à aujourd’hui. Certains sont connus de tous, mais je vois aussi, répétées en séquences rapides, de toutes petites étrangetés, des erreurs bêtes et anecdotiques. Je pense à mon troquant et à ses anomalies, que j’ai choisi d’ignorer. Buda continue à parler et son ton inchangé devient inquiétant. Je me dis que ce n’est peut-être pas Buda, mais une copie de lui-même. Un de ces électros ultrasophistiqués dont on parle mais que personne n’a jamais vu.
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Ça pourrait être pire, je pourrais être l’un de ces dissidents. La trappe sous mes pieds est une frontière. On est soit au-dessus, soit en dessous, asphyxié. Je suis sur la première ligne de front et la victoire est encore lointaine. Ce silence peut aussi être un piège. Parfois, les dissidents stockent des masques à gaz dans leurs cachettes. Plus d’un collègue, rouvrant l’une de ces trappes en pensant ne découvrir que des cadavres, s’est pris une lance bricolée dans le ventre. Je n’ai même pas mon aleka pour me défendre. J’ai dû la consigner au ministère en échange des grenades suffocantes.
Ils ne veulent pas le reconnaître, ils le démentent et ça ne figure sur aucun protocole, mais ils savent que les grenades sont la meilleure façon d’en finir rapidement avec les dissidents. Dans ces souterrains, les morts par inhalation de monoxyde de carbone sont monnaie courante, vu que le seul moyen de se chauffer, c’est de brûler les ordures. Si j’étais entré en tirant, ça se serait transformé en procédure policière en bonne et due forme, et personne n’a intérêt à ce que ces persécutions se fassent au grand jour. Mais il faut arrêter la vague d’attentats qui étrangle la City, c’est une nécessité impérieuse. Les dissidents sèment le chaos et s’en prennent aux postes-frontières des portes, qui peinent déjà à freiner les flux migratoires venant de la vieille ville. Pour le ministère, il faut se débarrasser d’eux au plus vite, quelle que soit la manière, un point c’est tout.
Le liquide refroidissant finit de s’accumuler autour de l’encadrement de la trappe, me laissant isolé sur ma petite île métallique.
Quel dommage pour mon électro, il fonctionnait bien, je m’y étais habitué, et je n’ai certainement pas assez de crédits pour me racheter le même modèle. Je vais devoir aller à Electros-Intel pour voir ce qui reste au rayon des occasions. Il ne manquerait plus que je me balade tout seul dans les rues, sans électro à mes côtés. Je ne peux pas tomber aussi bas. Même un classe 5 mérite d’avoir un électro, nous ne sommes pas encore le dernier maillon de la chaîne alimentaire de la City.
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Mon électroquant se vide de son sang.
Le liquide de refroidissement forme une grande mare autour de son corps, et de minuscules ruisseaux vaporeux s’écoulent dans les rainures des dalles de béton jusqu’à la plaque de métal sur laquelle je me tiens. C’est comme si cette humeur chaude et visqueuse, qui s’échappe de sa tête fracassée, était autonome et cherchait à s’infiltrer dans le sous-sol pour dégouliner sur les dissidents et se venger.
Tout s’est passé très vite.
Dès que l’électroquant a ouvert la trappe, les dissidents lui ont lancé une bombe magnétique artisanale qui s’est collée à sa tête. Dans ces cas-là, il n’y a plus rien à faire, on l’a tout de suite su. Il n’a même pas cherché à s’en débarrasser. Il m’a regardé et, juste avant l’explosion, il a ouvert la bouche pour me dire quelque chose, je ne sais pas si c’était un adieu ou un avertissement pour que je m’éloigne. Je me suis instinctivement jeté au sol afin de me protéger des éclats de son crâne. À présent, il ne reste plus de lui que des circuits noircis secoués d’étincelles. Quel gâchis. C’est dommage, mais il vaut mieux que ça tombe sur ton électro que sur toi.
Ma réaction a été immédiate : quelques secondes après l’explosion, sans laisser aux dissidents le temps de sortir, j’ai lancé une grenade suffocante dans le sous-sol, j’ai refermé la trappe du pied et je me suis posté dessus. Ça fait quelques minutes que je n’entends plus les cris étouffés et le bruit des ongles contre le métal. C’est le silence complet. Mais je ne bouge pas. Je ressemble à une statue sur un minuscule piédestal, je me sens même héroïque, quelque part. Mais qui érigerait une statue à la gloire d’un misérable classe 5 ?
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Si la vie n'est plus possible, il restera toujours les rêves pour nous sauver.

(P194)
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La vie ne serait d'ailleurs pas si mal si on pouvait toujours rester à la surface des choses. Mais la couche de glace de notre lac intime est mince, et on passe régulièrement à travers.

(page 76)
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Je suis encore dans les limbes à me demander si tuer quelqu'un qui va mourir est plus grave que tuer quelqu'un qui vivra éternellement. (114)
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Aucun humain ne peut passer inaperçu ou effacer ses traces. Il n'y a que nous, les machines, qui pouvons nous rendre invisibles. (112)
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