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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Horacio Quiroga (1878-1937) était un homme tourmenté, dont la vie fut hantée par la mort pratiquement dès sa naissance, puisqu'il n'avait que trois mois au décès de son père (suicide ou accident?). Quiroga lui-même, atteint d'un cancer, se suicidera à 59 ans, en avalant du cyanure. Il était par ailleurs fasciné par la Nature et la forêt tropicale en particulier, dans toute sa splendeur violente. Ces deux ingrédients, tourments de l'âme humaine et puissance des éléments, se trouvent, séparément ou cruellement mêlés, au coeur des 19 nouvelles qui composent ce recueil.
La première, « Anaconda », est la plus longue, et on y assiste à une vaine conjuration de la gent serpentine de la forêt contre un envahisseur humain. La dernière, « Miss Dorothy Phillips, ma femme », est également assez longue et se déroule dans le monde du cinéma. Le narrateur, « pauvre diable qui, chaque soir, sort du cinématographe amoureux d'une étoile », se rend à New York et à Los Angeles pour réaliser son rêve d'amour avec la star Dorothy Phillips. Cette nouvelle, avec son personnage un peu ridicule, pris dans un délire doux-amer et évoluant dans un univers mièvre et artificiel, est assez différente des autres, bien plus ravageuses.
Si la plupart des nouvelles se situent en Argentine, on voyage également dans le bassin du Niger, au Sahara, aux Philippines. On s'y embarque dans des projets fous, absurdes, presque désespérés, on y frôle parfois le fantastique, souvent la folie et la mort, toujours l'angoisse. Parfois c'est la Nature hostile et grandiose qui met à mal les caractères les plus solides : chaleur, froid, pluies, tempêtes, animaux et maladies font vaciller les corps et les esprits. Parfois c'est seulement l'Humain qui est à l'affiche et nous présente des personnages pris dans des huis-clos hypnotiques et oppressants, tout aussi aberrants que périlleux.
Avec un style rugueux sans fioriture, Quiroga nous raconte la fragilité et la cruauté de l'existence sur le fil de la folie. En maître du désarroi, il instille froidement le malaise et nous laisse nous tourmenter avec des questions sans réponse.

En partenariat avec les Editions Métailié.
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