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Anaconda est une nouvelle beaucoup plus longue que de coutume du toujours très talentueux auteur uruguayen Horacio Quiroga. (N. B. : pour les accros de la fusion d'édition, il s'agit bien d'une édition différente de celle du recueil qui porte le même nom mais qui lui comporte 19 nouvelles.) Il s'y adonne à un exercice où il excelle, à savoir celui de prendre le point de vue des animaux.

Ici, l'anthropomorphisation extrême des sentiments des serpents nous rapproche toutefois plus du conte que de la nouvelle. Il y est question d'une assemblée de serpents sud-américains qui s'inquiètent de la venue sur leur territoire d'un groupe d'hommes.

L'auteur doue chaque espèce d'une personnalité bien à elle ce qui rend l'assemblée des serpents absolument jubilatoire. le problème débattu à cette assemblée est de savoir quelle stratégie adopter face à ces hommes qui, après enquête de la couleuvre Ñacanina, s'avèrent être des scientifiques là justement pour mettre au point un sérum antivenin.

Il semble que ces empêcheurs de piquer en rond soient, de plus, aidés d'un chien et d'un cheval. Il est donc grand temps de prendre une décision. Croisée, une vipère venimeuse est donc mandatée pour aller voir de plus près ce qu'il en est. En chemin, elle enfonce bien consciencieusement ses crochets dans la peau du chien qui… ah ! horreur !… est immunisé contre le venin de serpent ! Si bien que la malheureuse Croisée se retrouve illico dans le vivarium.

Elle y fait la connaissance d'une étrangère, une cobra venue d'Inde. Cependant, les autres serpents continuent la réunion au sommet quand soudain, une intruse s'invite dans la réunion. Il s'agit… d'anaconda !

Je vous laisse, bien entendu, découvrir ce qu'il adviendra de ce foisonnement d'ophidiens. Encore une fois, il me faut saluer la forme, c'est-à-dire le style propre d'Horacio Quiroga, qui est l'un des tout grands maîtres du genre qu'est la nouvelle. En revanche, je suis, comme souvent, un peu moins enthousiaste sur l'histoire en elle-même, quoique très plaisante. Somme toute, y a pas d'lézard, y a qu'des serpents et ce n'est qu'un long et tortueux avis lové, plein de méandres et à la langue bifide, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Recueil phare de l'oeuvre de ce génie du récit court, il possède l'évidence promise à ces membres de « bibliothèques idéales » : la sud-américaine, les recueils de nouvelles, le « nature writing » d'avant ces catégories commerciales, etc.

Encadrés par deux nouvelles de taille plus conséquente ( dont celle qui nomme le recueil ) dix-huit petits chefs-d'oeuvre de cruauté toute naturelle, hymnes au monde sauvage face à la pauvre petite humanité…
C'est d'ailleurs dans ces formats d'une dizaine de pages que le talent de Quiroga semble le mieux s'épanouir, poussant le lecteur avide à les déguster calmement.

A l'heure où la post-modernité offre à la Nature une imperturbable morale, où l'humanisme se dissout dans l'eau de rose ou bien de mer, il est bon de se rappeler ce temps où Elle était encore considérée comme hors de l'Homme, voire son ennemi mortel.
Ce 19ème siècle à présent honni, alors qu'il a formé des individus de la trempe de l'affronter, où l'on pensait enfin se débarrasser des religions et autres superstitions, marque de son emprunte ce livre publié en 1921, hésitant entre admiration et sourde résignation envers ses pionniers, synthétisant la vie de l'auteur, passée entre grandes capitales sud-américaines et jungle profonde, où proximité et étrangeté s'entremêlent en permanence.

L'Amérique du Sud concentre décidément à merveille, jusqu'à l'absurde, ces éléments qui semblent contraire, avec cette littérature élégiaque et ricanante, source précieuse semblant avoir résolu certains dilemmes que l'Occident jamais ne solutionnera, le rapport à la mort comme meilleur exemple.

Un livre pour ceux qui, à nouveau, n'aiment pas beaucoup les nouvelles.
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Horacio Quiroga (1878-1937) était un homme tourmenté, dont la vie fut hantée par la mort pratiquement dès sa naissance, puisqu'il n'avait que trois mois au décès de son père (suicide ou accident?). Quiroga lui-même, atteint d'un cancer, se suicidera à 59 ans, en avalant du cyanure. Il était par ailleurs fasciné par la Nature et la forêt tropicale en particulier, dans toute sa splendeur violente. Ces deux ingrédients, tourments de l'âme humaine et puissance des éléments, se trouvent, séparément ou cruellement mêlés, au coeur des 19 nouvelles qui composent ce recueil.
La première, « Anaconda », est la plus longue, et on y assiste à une vaine conjuration de la gent serpentine de la forêt contre un envahisseur humain. La dernière, « Miss Dorothy Phillips, ma femme », est également assez longue et se déroule dans le monde du cinéma. Le narrateur, « pauvre diable qui, chaque soir, sort du cinématographe amoureux d'une étoile », se rend à New York et à Los Angeles pour réaliser son rêve d'amour avec la star Dorothy Phillips. Cette nouvelle, avec son personnage un peu ridicule, pris dans un délire doux-amer et évoluant dans un univers mièvre et artificiel, est assez différente des autres, bien plus ravageuses.
Si la plupart des nouvelles se situent en Argentine, on voyage également dans le bassin du Niger, au Sahara, aux Philippines. On s'y embarque dans des projets fous, absurdes, presque désespérés, on y frôle parfois le fantastique, souvent la folie et la mort, toujours l'angoisse. Parfois c'est la Nature hostile et grandiose qui met à mal les caractères les plus solides : chaleur, froid, pluies, tempêtes, animaux et maladies font vaciller les corps et les esprits. Parfois c'est seulement l'Humain qui est à l'affiche et nous présente des personnages pris dans des huis-clos hypnotiques et oppressants, tout aussi aberrants que périlleux.
Avec un style rugueux sans fioriture, Quiroga nous raconte la fragilité et la cruauté de l'existence sur le fil de la folie. En maître du désarroi, il instille froidement le malaise et nous laisse nous tourmenter avec des questions sans réponse.

En partenariat avec les Editions Métailié.
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Il y a quelques nuits de cela je lus le conte Oreiller de plumes d'Horacio Quiroga avant de m'endormir...Madre de Dios !
Cette fois-ci, je pris mes précautions. j'entends déjà certains ricaner derrière leur écran. Je sais, ces précautions sont bien dérisoires mais on combat avec nos maigres moyens chez nous en ville. j'attendis donc qu'il fît grand jour et grand soleil. J'enfilai les bottes en caoutchouc canari qui me servent à pêcher les bigorneaux, j' empruntai la vieille canne chenue de mon père pendant qu'il faisait sa sieste, la bouche béante, totalement inconscient du danger. Je m'assurai enfin que les deux baies vitrées du séjour fussent hermétiquement fermées en relevant prestement le clapet rouge.
Et puis j'ouvris mon livre, j'inspirai longuement et je plongeai dans la jungle ténébreuse. Lanceolée mon guide ondulant, une belle vipère d'un mètre cinquante, m' introduisit rapidement dans la grotte grouillante où se tenaient des débats pour le moins houleux. Terrifique, un vieux sage édenté à trente deux sonnettes présidait un Congrès de yararas (Venimeux). Coraline la splendide vipère corail débattait avec sa grande rivale la svelte Croisée aux beaux reflets café. C'est encore Croisée qui affronterait plus tard fort bravement un redoutable ennemi avant de rencontrer en captivité Hamadryade l'imposant Cobra royal. Mais-- n'en déplaisent à certain(e)s qui se méfient des étrangers et que je me garderais bien ici de nommer afin de ne pas envenimer davantage les débats-- les deux congressistes, dis-je, les plus attachants étaient incontestablement Nacanina, la furtive couleuvre qui peut espionner les Hommes et puis enfin bien évidemment notre magnifique Anaconda. Une sympathique exilée désireuse de s'intégrer et fort courtoise en toutes circonstances. Elle n'avait pas non plus trop à craindre des Hommes. Mais n'anticipons pas. L'enjeu des débats est crucial. Il faut serrer les rangs.

Je m'en voudrais de dévoiler les méandres de cette histoire passionnante et glaçante.
Mais à la fin...
Que ceux qui ne veulent rien savoir ferment les yeux.
A la fin, dis-je, Anaconda s'en sort.
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L'Amérique du Sud. Sa végétation folle, ses fleuves .... On irait bien, à lire l'Anaconda de Quiroga, vivre parmi les serpents et on irait bien volontiers travailler comme simple péon ou comme employé de l'administration, qu'importe, tant qu'on peut vivre comme l'Anaconda dans la jungle, après avoir recouvré sa liberté ... Mais attention, l'Anaconda comme l'Amérique (du Sud) nous étreint langoureusement, mais c'est à nos risques et périls car l'amour comme la mort pousse jusqu'au délire (surtout lorsque le baiser du serpent nous enfièvre).

PS : Un film dans la même veine, pour ceux que ça intéresse : El abrazo de la serpiente ou l'Etreinte du Serpent .
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A l'image du premier recueil de nouvelles découvert il y a peu d'Horacio Quiroga, j'ai été de nouveau séduite par la plume du nouvelliste, bien que l'ensemble du recueil soit tout de même moins noir et âpre que Contes de folie, d'amour et de mort. L'intensité, la violence, la sécheresse, narrative comme stylistique, sont ici, encore une fois, parfaitement au service d'histoires, humaines comme animalières - j'ai particulièrement apprécié la nouvelle éponyme qui nous fait entrer dans la vie des serpents par anthropomorphisme -, a priori banales, souvent cruelles, mais aussi, cette fois, parfois porteuses d'espoir quant à la capacité de chacun d'avoir la force d'affronter les épreuves de la vie, plus ou moins douloureuses, plus ou moins hasardeuses, plus ou moins ironiques.

Je continue donc ma découverte des autres recueils parus en français de l'auteur : le désert est dans mon pense-bête.
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
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Recueil de 19 nouvelles de l'auteur uruguayen Horacio Quiroga. Si cet auteur du début du XXème siècle est connu pour ses textes fantastiques et souvent macabres, force est de constater une grande diversité de thèmes et d'ambiances dans ce recueil.


Dans Anaconda, qui donne son nom au recueil, nous sommes à la limite du conte philosophique avec une assemblée de serpents décidés à lutter contre les hommes qui viennent s'installer dans la région. le thème du rapport (souvent conflictuel) entre l'homme et la nature est repris plusieurs fois et engendre les meilleurs textes du recueil, très bien racontés et qui invoquent images et émotions pour le lecteur : on retrouve le dépassement de soi d'une épouse qui remonte un rivière à contre-courant ou encore deux récits qui nous amènent dans un décor africain hostile et farouche que ce soit pour nous parler d'une fièvre mortelle au Niger ou des tempêtes de sable sans fin du Sahara.


C'est sur les autres textes que cela se gâte davantage. On retrouve quelques textes fantastiques d'une qualité variable (de bon à très moyens) qui supporteraient difficilement la comparaison avec ceux d'un Lovecraft ou d'un Maupassant (à l'exception notable d'un texte aussi original que remarquable nommé Diète d'amour qui assemble bien étrangement l'amour et une privation alimentaire draconienne). Il est également bien dommage que le livre se conclue sur une note bien insipide avec un texte que j'ai trouvé très fade et mal vieilli sur le voyage d'un Sud-américain dans le Hollywood des années 1910/1920.


Si Horacio Quiroga exprime ici son talent pour créer des ambiances particulièrement envoutantes et réussies, je suis arrivé à la fin de ce recueil avec un brin de déception ayant l'impression que les quelques très bons textes du recueil se retrouvent noyés entre des récits plus moyens et dans l'ensemble assez oubliables.
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Recueil de nouvelles labyrinthiques et ambigües, illustrant parfaitement le style rigoureux de Quiroga, habité dans la vie comme dans ses livres par un univers passionnel agité.
Ces textes aussi inquiets qu'inquiétants donnent la pleine mesure de son écriture concise et son imaginaire marqué par le danger et l'étrangeté, mais surtout pas la notion de limite où la dimension fantastique n'est qu'une des possibles manifestations du réel : les personnages et les situations sont au seuil d'eux-mêmes, à la frontière de la normalité, sur le fil du rasoir séparant nature et culture, folie et rêve, vie et mort.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Anaconda est un recueil de nouvelles. le première, qui donne son nom au livre, est la seule qui raconte une histoire où les animaux, des serpents, sont les personnages. le thème en est la lutte des animaux contre les hommes et d'union de différentes races. Les autres nouvelles nous racontent des histoires d'hommes ayant des rêves, de fortune bien souvent, qui vont s'apercevoir que la nature est plus forte qu'on ne le crois. Deux récits nous amènerons vers l'Afrique ou là encore la nature peut être cruelle. La dernière laissera la nature de côté pour n'explorer que le rêve d'un homme face à une étoile.
Un recueil de nouvelles aux thèmes différents, dont parfois le récit traine un peu en longueur.
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Une des nouvelles les plus connues de Quiroga, qui figure dans plusieurs éditions. Celle-ci, en espagnol, est destinée aux lecteurs dont ce n'est pas la langue maternelle. Elle ne s'adresse pas aux débutants, il faut avoir un niveau moyen pour l'apprécier, même si les mots les moins courants sont expliqués en espagnol dans la marge.

En outre, Edelsa a eu la bonne idée de retranscrire le texte dans une langue plus simple, puis de reprendre en fin de livre quelques-une des passages du texte original. Ce qui permet d'apprécier la langue puissante de l'auteur.

Bon, c'est pas tout ça, mais de quoi donc nous parle-t'il, Quiroga? Nous sommes quelque part dans la forêt tropicale, au centre de l'Amérique du Sud. Un groupe d'hommes vient s'installer, dérangeant les animaux qui y vivent. Quels animaux? Des êtres gluants, visqueux, rampants, que les humains n'aiment pas trop: les serpents !

On va vite découvrir ce que ces humains sont venus faire dans cette jungle. Il est malin, Quiroga: ce ne sont pas des orpailleurs, ni des fermiers venus brûler la forêt pour y cultiver des salades... Non, ce sont des scientifiques, venus exploiter les serpents pour leur venin. En face, les ophidiens vont se liguer contre cette intrusion. Ils vont passer outre leurs différences et leurs divergences pour combattre ces ennemis.

Quiroga nous propose donc une fable à tiroirs, à plusieurs morales, beaucoup plus subtile que la Ferme des animaux d'Orwell. Ici, ce ne sont pas les bons contre les méchants, ni même simplement la nature contre la culture. Au premier rang, il nous fait découvrir la beauté de ces animaux, les serpents, que nous trouvons répugnants et effrayants. On peut aussi le lire comme un plaidoyer anti-raciste. Il nous invite également à se poser des questions sur la science. Comment faire pour que les espèces vivent en bonne intelligence, alors même qu'à l'intérieur de chacune d'elle il existe des tensions et des haines? Ces haines ne sont-elles pas dérisoires?
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