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Citations sur Anaconda (9)

Quand un être est bien constitué, agile, fort et rapide, il maîtrise son ennemi avec la seule arme de ses muscles et de ses nerfs, ce qui fait son honneur, comme il en va pour tous les lutteurs de la création. C'est ainsi que chasse l'épervier, le léopard, le tigre, nous autres et tous les êtres noblement constitués. Mais quand on est lâche, lourd et peu intelligent, et donc incapable de lutter franchement pour la vie, alors on est doté d'une paire de crochets pour assassiner traîtreusement, comme cette dame importée qui veut nous en imposer avec son grand chapeau.

Chapitre IX.
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Depuis des temps immémoriaux, le bâtiment était inhabité. Et maintenant on y entendait des bruits insolites, des coups métalliques, des hennissements de chevaux, tout un ensemble de choses qui révélaient à une lieue la présence de l'Homme.
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Être en même temps médecin et cuisinier n’est pas seulement difficile, c’est dangereux. Et le danger devient réellement grave si le client pratique à la fois le médecin et sa cuisine. J’ai pu moi-même faire la preuve de cette vérité en certaine circonstance où, dans le Chaco, je fus agriculteur, médecin et cuisinier.
Tout a commencé par la médecine, quatre jours après mon arrivée. Mon champ était en plein désert, à huit lieues du premier village, exception faite d’un chantier forestier et d’une petite ferme d’élevage à une demi lieue. Tandis que nous revenions tous les matins, mon compagnon et moi, construire notre maison, nous vivions sur le chantier. Par une nuit très froide nous fûmes réveillés par un Indien du chantier qui venait de recevoir un coup de pelle sur le bras. Le garçon souffrait beaucoup et pleurnichait. Je vis tout de suite que ce n’était rien, mais qu’il mourait d’envie d’être soigné. Comme cela ne m’amusait pas de me lever, je lui frottai le bras avec du bicarbonate de soude que j’avais à côté de ma table.
– Que lui faites-vous ? me demanda mon compagnon, sans sortir le nez de ses couvertures.
– Du bicarbonate, répondis-je et, en m’adressant à l’Indien : Tu n’auras plus mal. Mais pour que le remède soit efficace, il faut que tu appliques un chiffon mouillé.
Évidemment, le lendemain, il n’avait plus rien. Mais sans l’intervention de la poudre blanche enfermée dans le flacon bleu, l’Indien n’aurait jamais consenti à se soigner avec des chiffons mouillés. (« La crème au chocolat »)
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J'appartiens à la catégorie de pauvres diables qui, chaque soir, sortent du cinématographe amoureux d'une étoile.
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Il était dix heures du soir et il faisait une chaleur suffocante. Le temps lourd, sans un souffle pesait sur la forêt.(...) Sur un chemin au milieu des spartes blancs, Lanceolée avançait avec la lenteur générique des vipères. C'était une yarara magnifique d'un mètre cinquante, aux flancs ornés d'une lige noire , bien découpée en dents de scie, écaille par écaille. Elle avançait en s'assurant de la sécurité du sol avec sa langue, qui remplace parfaitement les doigts chez les ophidiens.
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Sur un chemin au milieu des spartes blancs, Lancéolée avançait avec la lenteur générique des vipères. C'était une yarara magnifique, d'un mètre cinquante, aux flancs ornés d'une ligne noire bien découpée en dents de scie, écaille par écaille. Elle avançait en s'assurant de la sécurité du sol avec la langue, qui remplace parfaitement les doigts chez les ophidiens.
Elle allait à la chasse. En arrivant à une intersection, elle s'arrêta, se lova sans hâte, remua encore un moment en cherchant sa position, et, après avoir ramené sa tête au niveau de ses anneaux, elle y posa la mâchoire inférieure et attendit immobile.
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--..je me demandai quelle force d'idéal réside au cœur même de l'action quand s'efface complètement le mobile qui l'a déclenchée,car là ,méconnu d'eux-même,c'est l'héroïsme tout court qui se dressait dans l'ombre des pauvres commerçants.
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Les deux hommes posèrent à terre la machine de zinc et s’assirent dessus. De là où ils se trouvaient à la tranchée, il y avait encore trente mètres et la caisse pesait lourd. C’était leur quatrième pause – et la dernière – car tout près d’eux s’élevait maintenant le talus de terre rouge.
Le soleil de midi pesait lui aussi sur la tête nue des deux hommes. La lumière crue baignait le paysage d’un jaune livide d’éclipse, sans ombre ni reliefs. Lumière d’un soleil méridien, tel qu’à Misiones, sous lequel brillaient les chemises des deux hommes.
De temps à autre, ils retournaient la tête sur le chemin déjà parcouru, et la baissaient aussitôt, aveuglés de lumière. Des rides précoces et d’innombrables pattes d’oie, stigmates du soleil tropical, marquaient d’ailleurs le visage de l’un d’eux. Au bout d’un moment, ils se levèrent ensemble, empoignèrent le bord et, pas à pas, finirent par arriver. Ils s’étendirent alors sur le dos en plein soleil, et du bras se couvrirent le visage.
La machine, en effet, pesait lourd, autant que peuvent peser quatre chapes galvanisées de quatorze pieds, renforcées par cinquante-six pieds de fers en L et en T d’un pouce et demi. Dure technique que celle-là, mais elle était gravée de A à Z dans la tête de nos hommes, car la machine en question était une chaudière destinée à fabriquer du charbon, qu’ils avaient eux-mêmes construite, et la tranchée n’était rien d’autre que le four de chauffe circulaire, résultat également de leur seul travail. Et enfin, si les deux hommes étaient vêtus comme des péons et parlaient comme des ingénieurs, ils n’étaient ni ingénieurs ni péons.
L’un se nommait Duncan Drever et l’autre, Marco Rienzi. Respectivement fils d’Anglais et d’Italiens, ni l’un ni l’autre n’éprouvait le moindre préjugé sentimental en faveur de sa race d’origine. Ils personnifiaient ainsi un type d’Américains qui, comme tant d’autres, a horrifié Huret : le fils d’Européen qui se rit avec autant de légèreté de la patrie dont il a hérité que de la sienne propre.
Mais Rienzi et Drever, couchés sur le dos, le bras sur les yeux, ne riaient pas cette fois-là parce qu’ils n’en pouvaient plus de travailler à partir de cinq heures du matin depuis maintenant un mois, le plus souvent avec un froid de zéro degré. (« Les fabricants de charbon »)
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Il était dix heures du soir et il faisait une chaleur suffocante. Le temps lourd, sans un souffle, pesait sur la forêt. Le ciel de charbon était de temps à autre déchiré à l’horizon par de sourds éclairs, mais l’orage grondant au sud était encore loin.
Sur un chemin au milieu des spartes blancs, Lancéolée avançait avec la lenteur générique des vipères. C’était une yarara mangifique, d’un mètre cinquante, aux flancs ornés d’une ligne noire bien découpée en dents de scie, écaille par écaille. Elle avançait en s’assurant de la sécurité du sol avec la langue, qui remplace parfaitement les doigts chez les ophidiens.
Elle allait à la chasse. En arrivant à une intersection, elle s’arrêta, se lova sans hâte, remua encore un moment en cherchant sa position et, après avoir ramené sa tête au niveau de ses anneaux, elle y posa la mâchoire inférieure et attendit immobile. (« Anaconda »)
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