AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de helhiv


Voilà un petit roman très original, datant de la fin du 19ème siècle, et qui pourrait être une contribution venue du passé aux débats sur les théories du genre.
L'histoire en un mot est celle d'une femme qui veut être homme pour aimer un homme en tant que femme. Il s'agit donc bien d'une question d'identité que d'une question de sexualité et le roman est bien plus sexué que sexuel (les allusions sont infimes). Ce n'est pas non plus l'homosexualité qui est évoquée.
J'aurais aimé suivre Rachilde, qui s'est déclarée plus tard non-féministe, dans une vision réconciliatrice de l'homme et de la femme (quels que soient leurs sexes biologiques) mais l'autrice décrit son héroïne comme voulant devenir un homme de son époque (avec ce que ça peut comprendre de misogynie) et comme voulant aimer une femme de cette même époque (à savoir un être inférieur). le vocabulaire employé est sans ambiguïté : pour Jacques Silvert, se muer en femme doit être un avilissement, une dégradation, une humiliation, etc même s'il ne le vit pas comme tel, aveuglé par son amour.
L'opposition des classes est aussi très forte : Raoule, l'héroïne est noble, alors que Jacques, bien que très beau, est le fils et le frère de prostituées. On n'imagine pas qu'un être acceptant une telle inversion des rôles (dans le sens homme vers femme) puissent être issu d'un autre milieu que la plus basse classe sociale. Par ailleurs, l'amour de Raoule pour Jacques est uniquement dominateur de façon protectrice et de façon violente. Je ne suis pas arrivée à saisir si Rachilde voyait dans son récit une revanche possible de femmes soumises ou une confirmation de la dissymétrie du couple.
Le style quant à lui est d'une grande richesse et d'une grande maîtrise pour une écrivaine d'une vingtaine d'années et la lecture est un régal.
Enfin, comme souvent, les préfaces, qui visent à défendre un texte en le nuançant et en prétendant lui ajouter quelque chose, nuisent à l'oeuvre. C'est le cas de celle de Maurice Barrès que j'ai trouvé superflue.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}