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Lorsque Raoule de Vénérande rencontre Jacques Silvert, peintre-fleuriste à qui elle passe commande d'une composition pour l'une de ses tenues, c'est la révélation : en lui, le féminin est d'une telle puissance qu'il ne parvient qu'à faire, encore davantage poindre, le masculin qui étreint la jeune femme depuis ses plus jeunes années. de cette rencontre magnétique naîtra une passion qui transgressera tous les codes, de genre, de société, de narration également, le roman faisant, bien évidemment, scandale à sa publication dans le dernier quart du XIXème siècle.

Rachilde fait partie de ces autrices fin de siècle qui me sont connues depuis bien longtemps, mais dont je n'avais pas eu l'occasion de découvrir les écrits, ce qui est chose faite avec Monsieur Vénus, roman indéniablement novateur quant à la façon dont il aborde des thèmes pourtant assez classiques en littérature, mais finalement très classique stylistiquement parlant.

A la fermeture du roman, je dois avouer que j'ai été quelque peu déçue, m'étant attendue à quelque chose de plus : en effet, la plume est belle, indubitablement, mais l'intrigue, de même que certains passages dialogués, sont assez confus, peu naturels, et la construction entière du roman en pâtit, certaines scènes se succédant parfois comme des coq-à-l'âne malencontreux. Si l'on n'excepte les transgressions thématiques que se permet l'autrice, qui n'en ont pas moins leur importance dans une société de la fin du XIXème particulièrement misogyne, qui hystérisait la femme pour tout et n'importe quoi, et de fait dans l'histoire de la littérature française même, le roman n'est pas, en soi, inoubliable.
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Monsieur Vénus! paru à Bruxelles en 1884 à maintes reprises a été rangé dans l'enfer des bibliothèques de son temps. Ses lecteurs ont ils été choqués , dérangés ou plutôt amusés ? Je ne sais mais l'auteure est à elle seule un sacré personnage. Quand vous saurez que Rachilde née en 1860 d'un père militaire qui lui en a voulu de n'être pas un garçon a demandé et obtenu auprès de la Préfecture de police en 1865 la permission de travestissement vous serez plus à même de comprendre le propos de ce roman . La belle Raoule de Vénérande , l'héroïne "diabolique" de ce récit, tombe follement amoureuse de Jacques Silvert modeste fleuriste fils et frère d'une prostituée; elle ne peut se résoudre à vivre avec lui l'humiliation d'être femme soumise. Elle va donc s'attacher ce Jacques en devenant elle l'amant et lui sa maîtresse. Croyant se détacher de tous les préjugés attachés à son sexe et à sa condition sociale elle va devenir le maître d'oeuvre d'une descente vertigineuse dans le sordide avec comme seule raison et moteur la passion.
Un roman dérangeant , détonnant, surprenant écrit par une toute jeune femme à une époque où ces choses là étaient inconcevables , jusqu'à quelles limites ira t'elle ? saura t'elle à un moment reprendre le contrôle d'elle-même ou au contraire s'enfoncera t'elle d'avantage dans un univers pathologique ? je vous laisse le découvrir par vous même.
Une histoire glauque qui devient fascinante ou une histoire fascinante parce que glauque ? seul petit bémol l'écriture un peu simpliste qui révèle la jeunesse de l'auteure .
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Un roman qui a causé le scandale.

L'histoire d'une passion toxique écrite par une autrice qui a défié les conventions.

Rachilde est née en 1860 et morte en 1953.
Durant sa vie, elle s'est habillée en homme, contrevenant aux « bonnes moeurs » de l'époque.

Ce roman, son second, a été écrit alors qu'elle n'avait que 24 ans.

On y suit Raoule de Venerande, une jeune noble, élevée par sa tante suite au décès de ses parents.

Elle rencontre Jacques Silvert, jeune homme simple mais doté d'une grande beauté. Elle va en faire son amant.

Mais, ce n'est pas l'amour de cet homme, au sens classique, qui l'a guidé. C'est la beauté, seule, qui l'attire.

Et Raoule qui préfère les costumes d'hommes, et le libertinage, va s'attacher à transformer Jacques en maîtresse parfaite.

Une relation de domination, malsaine se joue entre les deux êtres…mais une telle relation peut-elle durer ?

Ce roman est très atypique et plutôt moderne. On y retrouve une inversion des codes en vigueur dans les histoires de séduction classique.

Ici, pas de grisette, mais un jeune homme qui adopte tous les comportements qui sont, habituellement, dévolus aux femmes. À l'inverse, Raoule se comporte comme un jeune libertin.

Entre les deux, les pronoms elle et il sont interchangeables, les qualificatifs féminin et masculin se bousculent.

La plume de Rachilde est soignée, crue et offre un récit dérangeant mais dont il me tardait de découvrir la conclusion.

Un récit qui a défrayé la chronique et qui a m'a chamboulé. Une découverte que je ne regrette pas.
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Marguerite Eymery (1860-1953), dite Rachilde, est une femme de lettres française. Fille de militaire, rejetée par son père qui aurait voulu un garçon, et d'une mère excentrique adepte de spiritisme, elle refusa durant son adolescence un premier fiancé militaire proposé par son père, en mettant en balance une menace de suicide, et adopta le pseudonyme de Rachilde lors d'une séance de table tournante. Romancière prolifique, elle écrivit plus de soixante-cinq ouvrages et publia sous les pseudonymes de Jean de Childra et Jean de Chibra.
Monsieur Vénus, son roman le plus connu, a été publié pour la première fois en 1884 à Bruxelles pour échapper à la censure. de futures éditions paraitront en France allégées de certains passages mais il s'agit bien du roman intégral et initial qui vient d'être réédité.
Raoule de Vénérande, jeune noble orpheline vit avec sa vieille tante Elisabeth dans un luxueux hôtel particulier sur les Champs-Elysées. Refusant les valeurs de la société de son époque, elle adopte le mode vie masculin et lorsqu'elle tombe amoureuse d'un jeune artiste sans le sou, Jacques Silvert, les codes de la sexualités explosent dans l'inversion des rôles. Raoule est l'homme et Jacques sa « maîtresse » ! Vous imaginez le tollé causé par ce texte aux résonnances érotiques à cette époque !
Pour rassurer les lecteurs les plus prudes, il n'y a pas de scènes explicites telles qu'on en croise dans tous les romans d'aujourd'hui, mais le non-dit très clair néanmoins, ne pouvait qu'affoler les vertus d'hier.
Excellent bouquin parce que l'écriture est d'un haut niveau, la langue est très belle de celle qu'on lit dans les livres des cadors du XIXème siècle tout en étant assez moderne pour ne pas obliger le lecteur à faire le petit effort de recontextualisation. Et bien entendu, le sujet est riche en commentaires, extraordinairement en avance pour son époque, avec peu de personnages mais hauts en couleurs, faits d'opposition et de liens multiples basés sur les inversions des rapports de force.
Raoule, c'est la noblesse, le grand luxe des riches de son époque, une femme qui se vit en homme donc avec un caractère très fort. Jacques, le dominé, se vit en femme pour celle qui l'a sorti du ruisseau et qu'il aime comme une déesse. Il a une soeur, Marie, prostituée, qui voudrait tirer son épingle du jeu et obtenir une part de ce gâteau bien juteux. La tante Elisabeth Ermangarde, « chanoinesse de plusieurs ordres », se consacre aux bonnes oeuvres, attendant que sa nièce se marie avec un bon parti pour se retirer du monde, elle est la voix de l'ordre moral de son temps. Et puis il y a le baron de Raittolbe, un ex-officier des hussards, prétendant malheureux de Raoule, ami intime et dévoué, troisième larron d'un trouple ?
Tout ce petit monde tourne autour de Raoule l'astre dominant, les passions se déchainent, librement consenties ou au corps défendant de certains, ça pleure, ça griffe, ça se réconcilie, les jeux de l'amour, ici sadomasochistes dans une version aux rôles inversés.
Un bon bouquin mais notez que Rachilde se défendait d'avoir écrit un roman féministe.
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Voilà un petit roman très original, datant de la fin du 19ème siècle, et qui pourrait être une contribution venue du passé aux débats sur les théories du genre.
L'histoire en un mot est celle d'une femme qui veut être homme pour aimer un homme en tant que femme. Il s'agit donc bien d'une question d'identité que d'une question de sexualité et le roman est bien plus sexué que sexuel (les allusions sont infimes). Ce n'est pas non plus l'homosexualité qui est évoquée.
J'aurais aimé suivre Rachilde, qui s'est déclarée plus tard non-féministe, dans une vision réconciliatrice de l'homme et de la femme (quels que soient leurs sexes biologiques) mais l'autrice décrit son héroïne comme voulant devenir un homme de son époque (avec ce que ça peut comprendre de misogynie) et comme voulant aimer une femme de cette même époque (à savoir un être inférieur). le vocabulaire employé est sans ambiguïté : pour Jacques Silvert, se muer en femme doit être un avilissement, une dégradation, une humiliation, etc même s'il ne le vit pas comme tel, aveuglé par son amour.
L'opposition des classes est aussi très forte : Raoule, l'héroïne est noble, alors que Jacques, bien que très beau, est le fils et le frère de prostituées. On n'imagine pas qu'un être acceptant une telle inversion des rôles (dans le sens homme vers femme) puissent être issu d'un autre milieu que la plus basse classe sociale. Par ailleurs, l'amour de Raoule pour Jacques est uniquement dominateur de façon protectrice et de façon violente. Je ne suis pas arrivée à saisir si Rachilde voyait dans son récit une revanche possible de femmes soumises ou une confirmation de la dissymétrie du couple.
Le style quant à lui est d'une grande richesse et d'une grande maîtrise pour une écrivaine d'une vingtaine d'années et la lecture est un régal.
Enfin, comme souvent, les préfaces, qui visent à défendre un texte en le nuançant et en prétendant lui ajouter quelque chose, nuisent à l'oeuvre. C'est le cas de celle de Maurice Barrès que j'ai trouvé superflue.
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Rachilde sait surprendre. Quelle autrice ! Découverte avec le terrible La Tour d'amour, c'est à présent Monsieur Vénus qui me laisse coite. Publiée en 1889, Rachilde fait le récit de Raoule qui veut agir en homme et faire d'un jeune éphèbe sa femme. Une inversion des rôles mordantes, et on l'imagine, une critique piquante de la représentation des femmes, que l'on aiment pour leur beauté et que l'on gardent enfermées dans des tours d'argent à l'abris des autres. Sans oublier la chute de l'histoire, quelle surprise !
Il n'est pas question d'un propos foncièrement féministe, quoi que, mais davantage une réflexion sur les attirances, sur les attitudes de soi par rapport à son sexe et ce que cela révèle.
Et comme toujours, une écriture fine, le sens de la formule, et de l'humour.
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Est-ce un roman féministe ?
Que nenni, et quel dommage, car certaines descriptions du corps masculin et de sa beauté sont mémorables et uniques dans l'histoire de la littérature féminine - si l'on excepte Camille Dalleray et son "Ève" poétique qui chante le corps de l'éphèbe au bénéfice exclusif des femmes.
Rachilde ne fait dans Monsieur Vénus que produire une énième variation de la misogynie sociale, puisqu'elle dit très clairement que la condition de femme est humiliante par nature.
Ainsi donc, Jacques Silvert est une femme, et Raoule de Vénérande, un homme.
La véritable révolution eût été de laisser ses deux héros être l'homme et la femme qu'ils sont, et de ne pas intervertir les sexes (et les rôles culturels qui leur sont assignés).
Car les jeunes hommes en fleurs doivent rester des garçons, et les don juanes qui les séduisent, les femmes qu'elles sont.
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Romancière du siècle dernier, Marguerite Eymery avait le culot de signer ses textes par un « Rachilde – Homme de lettres ». Rien que ça !
J'étais donc très impatiente de lire Monsieur Vénus. Roman qui promettait de renverser les rôles entre les sexes.
Constatez plutôt !
Monsieur Vénus est l'histoire d'une passion amoureuse entre un homme et une femme. Rien de plus banal me diriez-vous. Et pourtant, toute l'originalité du récit repose sur le renversement des rôles que l'autrice va nous propose d'étudier.
Les deux personnages adopteront les normes du genre de l'autre : Jacques sera la femme séduite et soumise, Raoule sera l'homme froid, dominant et égoïste.
Tout dans ce roman est assumée et va jusqu'au bout de son idée. Je n'ose imaginer la réception d'un tel ouvrage en 1889. le roman n'évoque qu'une passion amoureuse, mais ce changement de perspective agit comme une loupe grossissante qui met en lumière les rapports de domination, les comportements et les normes qui entretiennent ce rapport de force entre les deux sexes. Il rapporte également l'ensemble des déviances et la folie des personnages qui s'enfoncent petit à petit dans ce jeu malsain. Raoule ira jusqu'au bout de son rôle en jouant à outrance un homme incapable de contrôler sa passion physique, exigeant, n'ayant aucune considération pour Jacques qui lui sera dévoué corps et âme. Les rapports sont biaisés non seulement par ce jeu de dupes mais également par la condition sociale. Jacques est pauvre, Raoule est une femme riche.
Aussi, tout le roman est orienté de tel sorte à démontrer à quel point ces rapports sont viciés : Jacques est, à de nombreuses reprises, humilié mais reste incapable de s'extirper de ce piège tendu par Raoule. Raoule, quant à elle, assure n'être que le reflet de sa classe et se contente d'adopter le comportement qu'on attend d'elle.
Ce roman est presque sulfureux et un peu pervers : il aborde à demi-mots l'attraction sexuelle, le male gaze (les descriptions physiques de Jacques sont révélatrices de toute une époque), la domination sociale et masculine, une certaine hypocrisie morale. Un sacré programme pour un livre relativement court et très bien écrit qui sent le soufre mais qui interroge tout aussi bien aujourd'hui qu'il y a un siècle !
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Fin du XIXe siècle, une jeune femme effrontée, Raoul de Vénérande, se prend d'amour pour un homme effacé, Jacques Silvert, fleuriste et artiste peintre. Après avoir fait appel à ses services pour un bal masqué, elle va entamer avec lui un jeu de séduction et de domination malsain, notamment lorsqu'en seront témoins la propre soeur de Jacques dénommée Marie, une prostituée, ainsi qu'un potentiel amant éconduit de Raoule, le baron de Raittolbe.

Presque dès le premier coup d'oeil, Raoule s'est éprise de Jacques et s'est mise à fantasmer littéralement sur son corps, un Jacques qui en retour se laisse séduire avec délectation, tandis que la moutarde monte au nez de sa soeur et de l'ami de Raoule. C'est au milieu de ce quatuor diabolique que se développe la trame – pauvre - du roman.

Écrit en 1884, cet ouvrage n'est pas à proprement parler un chef d'oeuvre. Attention, il y a cependant un élément très original au vu de la période pendant laquelle il fut rédigé : Raoul l'héroïne masculine aime se travestir en homme, quant à Jacques, son amant soumis, elle le voit en femme, elle désire « qu'elle » lui obéisse. Raoule, une aristocrate élevée par sa tante, est bougrement narcissique, imbue de sa personne, un tantinet manipulatrice voire machiavélique, et il lui faut parfois mentir pour parvenir à ses fins. « Je représente ici, dit-elle en enlevant d'un réchaud d'écrevisses, l'élite des femmes de notre époque. Un échantillon du féminin artiste et du féminin grande dame, une de ces créatures qui se révoltent à l'idée de perpétuer une race appauvrie ou de donner un plaisir qu'elles ne partageront pas ».

L'amorce est intéressante mais fait « pschitt » au sein d'une intrigue maladroite. Si Raoule a un an de plus que Jacques et peut de ce fait se réclamer comme étant son aînée, l'âge de Jacques est tantôt de 21, 24 ou 23 ans alors que l'histoire se situe dans un court espace temps. Tout ce que l'on sait, c'est que RACHILDE (pseudo de Marguerite EYMERY) n'a que 20 ans lorsqu'elle écrit ce roman. D'après le préfacier Maurice BARRÈS, elle est encore vierge.

Quant à Jacques, il pourrait s'écrire Geac, anagramme de « cage », tant l'homme est prisonnier de sa maîtresse, même si cette condition semble le ravir à tous points de vue. Comme tout roman du XIXe qui se respecte, les protagonistes s'épient sans vergogne et se détestent.

Dans un peu subtil jeu de séduction, de manipulation, de domination et de volonté de contrôle de l'autre, on peut se sentir au coeur d'un début d'ébauche de roman du marquis de SADE ou bien dans une version immature des « Liaisons dangereuses ». le style, bien que pas désagréable, est suranné. L'intérêt du roman réside donc dans le fait qu'il fut écrit par une jeune fille de 20 ans (il était difficile pour les femmes d'alors, non seulement de se faire publier, mais aussi d'écrire, c'est pourquoi elles prenaient souvent un pseudonyme masculin), bien que certaines réflexions de l'autrice ne sont pas sans rappeler quelques pensées bourgeoises et rétrogrades de George SAND. Quant aux pensées ébauchées vers la fin de ce roman, elles paraissent elles aussi bien conservatrices, voire patriarcales, en tout cas un brin confondantes.

Non pas que la lecture de ce roman fut une souffrance, elle fut au contraire une expérience. Mais vous vous attendez à des scènes torrides de deux corps enlacés, passez votre chemin, ici il n'est question que de fantasme et d'images à peine suggérées. Estampillé roman érotique, il est peut-être d'abord et surtout un roman de moeurs.

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