Je crois qu'avec cette bande dessinée, je suis resté totalement à quai. J'avais vraiment adoré, de ce duo d'auteurs, “
Le port des marins perdus”, une saga maritime teintée de magie, réalisée entièrement au crayon gris.
Ici le graphisme est plus abouti, utilisant la couleurs avec plusieurs techniques différentes, avec toujours un trait brut et l'utilisation de crayons de couleurs, c'est riche et élégant.
Mais l'histoire m'a beaucoup moins convaincu, ou je devrais dire les histoires, car il y en a beaucoup, elle s'enchevêtrent, s'imbriquent les unes dans les autres, et malheureusement, il y en a beaucoup trop, entre l'histoire de la paternité absente, la migration des syriens, celle des argentins en Italie, les flashbacks qui se mélangent entre les vies des tous les protagonistes, la recherche d'émancipation féminine, de spiritualité religieuse, j'ai fini par me désintéresser de chacune d'entre elle à tour de rôle. Les textes en prose qui ponctuent le récit, poèmes et anciens courriers ne m'ont pas plu, je les ai trouvé assez sirupeux et l'écriture est franchement redondante, chargée d'adjectifs pour faire gonfler artificiellement la dramaturgie et l'effet poétique. Il y a beaucoup trop de choses inutiles, trop de personnages, trop d'histoires, il est même question à un moment d'homosexualité, j'ai l'impression que les auteurs ont voulu y caser la totalité des sujets qui leur tiennent à coeur, et au final, on a un récit fleur bleue et éthéré, forçant sur les violons, mais rien n'est vraiment approfondi et je m'y suis beaucoup ennuyé.
Je viens de lire deux bandes dessinées remarquables sur le sujet de la migration des syriens, “L'Odyssée d'Hakim” et “Les oiseaux ne se retournent pas”, alors dans “
Amour minuscule”, ce sujet me semble vraiment superficiel et cliché, c'est sans doute ce qui m'a le plus dérangé.