Le bal du Comte d'Orgel/
Raymond Radiguet
Descendante de l'illustre famille des Grimoard de la Verberie qui quittèrent la France à l'époque de
Louis XIII pour la Martinique où le Marquis de la Verberie cultiva la canne à sucre, Mahaut Grimoard de la Verberie rentra en France en juillet 1902 où à 18 ans elle épousa le Comte Anne d'Orgel âgé de 30 ans, un homme mondain à la frivolité grandiose.
Les manoeuvres inconscientes d'une âme pure sont bien souvent encore plus singulières que les combinaisons du vice, et Mahaut, née pour le hamac sous des cieux indulgents découvrent les fêtes de l'hôtel d'Orgel avec ravissement, fêtes que fréquentent un certain
Paul Robin, jeune diplomate arriviste célibataire et François Séryeuse son meilleur ami, un jeune homme de 20 ans raffiné, prudent jusqu'à la lâcheté, insouciant et oisif.
Nous sommes alors en 1920 et le petit groupe est en route pour Robinson au sud de Paris où une fête organisée par un certain Gérard les attend dans le château du parfumeur Duc. Rencontres, danses et badinages se succèdent, des liens se créent et on promet de se revoir afin de poursuivre cette quête du bonheur et du plaisir qui semble bien être le seul souci de cette société.
La couple d'Orgel est tendrement uni, Mahaut aimant son mari, et le Comte aimant quant à lui de plus en plus sa femme quand il la voit convoitée par François, mais peu à peu François va succomber au charme de Mahaut et l'aimant déjà follement et secrètement n'a qu'une crainte, celle de lui déplaire. le Comte Anne n'est pas aveugle et curieusement préfère François à tous ses autres amis parce qu'il aime sa femme. François admire le Comte et sait le flatter ce qui attire encore davantage celui-ci dont l'admiration va avant tout à l'homme capable d'être aimé de Mahaut. Très rapidement l'hôtel d'Orgel ne peut se passer de François de Séryeuse et Mahaut ne peut que s'avouer qu'elle aime François. Pour Mahaut la question est de savoir comment lui dire ce qu'elle attend de lui sans avouer ce qu'il ne doit jamais savoir ? Mahaut ne sait aimer que sagement, tendrement et secrètement. S'en suit une valse des sentiments faisant alterner des heures d'émotion et de bonheur à des jours de jalousie.
Raymond Radiguet avait vingt ans quand il écrivit dans un style talentueux ce roman publié posthume, son second (après
le Diable au Corps) et dernier puisqu'il est mort à vingt ans, au thème archi conventionnel avec le mari, la femme et l'ami de la famille, récit teinté d'une licencieuse chasteté, dans une ambiance feutrée.
J'avais personnellement aimé davantage son premier roman, celui-ci étant plus un roman psychologique évoquant les règles du désir, la première étant qu'on désire souvent ce qu'un autre désire. Les personnages par ailleurs sont très peu charismatiques, évoluant plutôt comme des ombres, des esprits plutôt que des corps.
À lire pour qui veut connaître l'oeuvre complète de
Radiguet après avoir lu son chef d'oeuvre
le Diable au Corps.