POÉSIE
De son amour noircir les murs,
C'est très difficile à la ville ;
Souvent les murs étant de verre
Aux patineurs je porte envie
Mais me contente de mes vers ;
Seuls les voleurs sont assez riches
Pour inscrire sur la vitrine
Le prénom de leur bien-aimée.
Que ton diamant, Poésie,
Une de ces vitrines raye,
Des bavardes boucles d'oreilles,
J'achète ou vole le silence
Pour en orner de roses lobes.
Patineur, la glace est rompue
(En belle anglaise copiée,
Ma poésie, avec ses pieds).
p.60
UNE
CARTE POSTALE :
LES QUAIS DE PARIS
On a remplacé les coquillages
Par des boîtes à livres. J'appris
Qu'il est de bien plus jolis rivages
En feuilletant les livres de prix.
Cher ami, sans retard levons l'ancre ;
Encrier triste comme la mer.
De grâce n'écrivons plus à l'encre ;
Les mots qu'on y pêche sont amers.
p.15
Cher ami, sans retard levons l'ancre ;
Encrier triste comme la mer.
De grâce n'écrivons plus à l'encre ;
Les mots qu'on y pêche sont amers.
Loup.
Neige un carnaval insolent
Je vous reconnais joli masque
Ce loup fuyait sous la bourrasque
Des confettis roses et blancs.
Alphabet.
Un Vrai Petit Diable. (Dictée.)
« Le mois dernier, Irène atteignit l’âge de raison.
– Il faut travailler d’après nature, affirment les
parents.
Irène voulut choisir elle-même le chapeau de paille
destiné à la garder des insolations.
Seule en face du gros arbre, laid à faire peur, elle
trouve plus amusant de dessiner de mémoire, au verso
de son Billet d’Honneur, les clowns qu’elle vit jeudi
dernier, en récompense d’une semaine d’application.
Mademoiselle Personne ne sera pas contente. Cette
vieille voisine qui, à ses heures perdues, enseigne les
arts d’agrément, ne sait quelle punition infliger à
l’espiègle Irène. À sa place, nous lui ferions apprendre
par coeur l’alphabet contenu dans vingt-cinq Cornets à
Surprises. »
Un point, c’est tout.
CADRAN
SANS AIGUILLES
Les heures nous regardaient
Ascenseurs s'envolent de leurs cages
[lourds des prières
Complet
Sur le paillasson restent les dernières
Des fenêtres s'éveillent les étoiles
ont sommeil
Partie de l'autre coté des Océans
L'aube arrive dans ma chambre
Un placard
Il y fait nuit même pendant le jour
Les journées de la semaine prochaine
[attendent
p.95
Vitre.
Voici la mauvaise saison
Le froid qui est un assassin
S’amuse à faire des dessins
Sur les vitres de sa prison
Déjeuner De Soleil.
Ah les cornes : c’est un colimaçon.
Paresseuse, si vous voulez nous plaire,
Désormais sachez mieux votre leçon,
Nous ne sommes plus ces mauvais garçons
Ivres à jamais de boissons polaires,
Depuis que les flots vivent sans glaçons.
Seize ans : les glaces sont à la framboise.
Je ne viderai pas votre panier
Avant la mort de cette aube narquoise.
À mon âge les pleurs manquent de charme ;
J’irai près du soleil, dans le grenier,
Afin que sèchent plus vite mes larmes.