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Le cœur , c'est un cimetière qui occupe de plus en plus de place au fur et à mesure qu'on vieillit .
Il se remplit de gens que l'on a aimés et qui chacun leur tour partent .
Les hommes que l'on aime , qui nous aiment .
Que nous laissons .
Qui nous laissent .
Dont on se lasse .
Ils viennent alors s'étendre dans les allées de notre cimetière intime .
Les gens qui changent , qu'on a adorés , à un moment de nos vies , puis qu'on ne voit plus .
Ces amitiés qui disparaissent . Qui , elles aussi viennent s'étendre au milieu de ce qui fut .
Les êtres que nous avons croisés et que nous n'avons pas eu le courage de rencontrer. Comme des étincelles , qu'on n'a pas su laisser s'enflammer.
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Et , évidemment , ces gens qui partent , définitivement .
P.180-181
On peut passer des années à côtoyer des gens qui effleurent à peine ce que nous sommes. Et un matin, on croise quelqu’un qui percute nos ambitions intimes. Fracasse nos millions de carapaces, en un éclat de rire.
Se taire. Après tout, cela ne la dérange pas. Ce silence, c'est aussi leur réconfort. La preuve qu'une amitié est bel et bien née entre eux. Il n'y a qu'avec les êtres chers que l'on peut se taire vraiment, et partager, pourtant, quelque chose de fort.
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Journée ensoleillée .
Journée qui sent l'herbe fraîchement coupée .
Une certaine odeur du bonheur .
Lorsque rien n'est compliqué .
Lorsque le mois de juin offre ses premiers vrais rayons de soleil et que sa langueur pénètre jusqu'à l'âme .
p. 103
Il y a tellement de façons d'aimer les autres. Ses billets doux, ce sont des saucisses grillées. Ses déclarations, du boudin blanc. Ses câlins, des cookies au chocolat. Il sent bon, son amour. Il fleure bon la cannelle et le sucre caramélisé. Il a le goût des pommes au four. Il a la rondeur d'un gratin dauphinois. Il atterrit dans l'estomac et fait du bien.
Il ne fait pas de bruit, mais il prend au corps. Tout entier.
Il connaissait déjà l'abandon à venir. Maman le lui avait confié en héritage. Papa le lui avait carrément balancé au visage. Il était bien placé pour savoir qu'on ne pouvait pas faire grand-chose avec l'absence. À part apprendre à vivre avec.
C’est drôle comme dans les moments importants de nos vies, nous avons tendance à redevenir l’enfant qui sommeille en nous. Cette époque où nos sentiments se lisaient sur notre visage. Lorsqu’on ne dissimulait rien.
On ne devient pas une petite mémé du jour au lendemain. C’est discret, c’est pernicieux, la vieillesse. Ça te grignote le visage et le corps, comme un rat affamé, sans possibilité de te défendre. La vieillesse est un drôle de rongeur avide et implacable...
Certains lieux abritent le présent et sont gorgés de souvenirs qui ne demandent qu'à se déverser.
L'existence est drôlement faite quand même. On peut passer des années à côtoyer des gens qui effleurent à peine ce que nous sommes. Et un matin, on croise quelqu'un qui percute nos ambitions intimes. Fracasse nos carapaces en un éclat de rires.