Citations sur La Compagnie des livres (10)
Après avoir refermé le livre [La femme mystifiée de Betty FRIEDAN], elle a compris qu'en se soumettant à leurs époux, en échange d'une vie confortables, ces nouvelles femmes au foyer faisaient un énorme retour en arrière.
- La Femme mystifiée- de Betty Friedan
L'ouvrage de cette féministe américaine offert par son père a été une révélation. Hélène y a vu le reflet de sa propre vie. Les ménagères de la société d'abondance outre- Atlantique, dont il est question dans cet essai, lui ressemblent. C'est cette mélancolie-là qui l'habite depuis trois ans et qu'elle gardait secrète, comme une honte.
Après avoir refermé le livre, elle a compris qu'en se soumettant à leur époux, en échange d'une vie confortable, ces nouvelles femmes au foyer faisaient un énorme retour en arrière. (p. 220)
Elle feint d'ignorer l'air déçu de sa fille. Elle est consciente de la solitude d'Annie, mais elle doit respecter les instructions de son mari, c'est-à-dire ne rien faire qui puisse nuire à sa réputation : Annie ne doit fréquenter que des enfants de la même classe sociale, et ces nouveaux voisins n'en font vraisemblablement pas partie.
(...) Elle ne comprend pas pourquoi les autres ont le droit de s'amuser et pas elle: elle commence à en avoir assez d'être la fille du docteur. (Mazarine, 2018, p. 142)
- Papa, tu sais très bien que c'est le père qui a l'autorité sur les enfants.
-Hélène, ça, c'est la loi ! Mais nous, avec ta mère, on s'est toujours concertés pour ton éducation. Michel est un gamin d'une intelligence hors pair. Il a été élevé dans une ferme et il en connaît deux fois plus en littérature qu'Annie.Le réduire à sa classe sociale est indigne, Hélène. Je ne te laisserai pas, sous prétexte d'obéir à des règles de bienséance absurdes, détruire le lien qui s'est tissé entre ma petite fille et ce garçon. (Mazarine, 2018, p. 218)
Michel est reparti chez lui avec un exemplaire flambant neuf de - Vingt mille lieues sous les mers- de Jules Verne, que Lucien lui a offert pour son anniversaire. Rien n'aurait pu avoir plus de valeur à ses yeux. Lucien lui a confié un véritable trésor : à onze ans, il vient de recevoir son premier livre. (p. 201)
A chaque fois que je le vois dans la loge, il est en train de lire. Il pourrait devenir mon ami, mais maman ne veut pas que je lui parle. Papa dit qu'ils ne sont pas de notre milieu. Qu'est-ce que ça veut dire, grand-père ? On habite dans le même immeuble, alors c'est quoi un milieu ? (p. 165, Mazarine, mai 2018)
Je veux juste que tu vantes à Bernard les qualités de cet enfant, pour qu'il ne s'arrête pas à son statut social. (p. 225)
Lucien, à qui l'affront fait à sa fille n'a pas échappé, les observe, consterné. Il a grandi dans l'ambiance festive des bals-musettes, où les gens se retrouvaient sans préjugés ni contraintes sociales, puis, sous l'influence d'Adrienne Monnier, il a évolué dans le milieu très libéré de la littérature des années trente. (p. 15 / Mazarine, mai 2018)
lucien ne se contente pas de vendre et de prêter des livres. Il les lit tous. (...)
Pour ne pas le déranger, elle flâne entre les rayons, respirant cette odeur si caractéristique de vieux papier qui lui rappelle son enfance. Hélène est une grande lectrice. Son père lui a transmis son amour de la littérature et elle est heureuse de constater qu'Annie suit le même chemin. (Mazarine, mai 2018, p. 39)
Marguerite, par curiosité, s'approche des rayons et ses traits qui s'étaient détendus se contractent à nouveau, quand , horrifiée, elle brandit un ouvrage en s'écriant d'une voix aiguë : " Vous osez faire lire ces insanités à des jeunes filles ? Mais vous n'avez pas honte ?" Interloqué, Lucien regarde quel roman elle a dans les mains et voit qu'il s'agit de -La Garçonne- de Victor Margueritte. Il lui répond calmement :
"Je suis contre la censure. Tous les textes méritent d'être lus, quel qu'en soit le sujet. Ce roman a été écrit en 1922. Que les femmes qui ont remplacé les hommes pendant la guerre aient voulu s'émanciper ensuite, quoi de plus normal ? (p. 18)