Les mots
font un bruit de charrettes
à la tombée du soir
et les draps sont lourds
de silence
toi naufragé de la vie
cherchant quel rivage
ne trouvant plus
que ce miroir éprouvant
cette clameur sourde
entre les mots et la mer
il n’y a plus personne
sur les photographies
quelle enfance
un geste quelquefois
une trace
un chien qui lèche la neige
et s’éloigne
Dans le creux de l’ombre
un feuillage vibre
comme quelque chose en toi
inconnu
qui se dérobe
tu regardes un modèle oublié
un grillage une écharpe
une lueur encore
sur la mer éteinte
tu as souvenir
d’une terrasse où l’on
entrait à pas comptés
avec des gravats des herbes sales
une chaise inconfortable et l’aïeul
au regard de bronze aveugle
fadeur du ciel
où criaient quelquefois
des oiseaux de haut vol
et le siècle désancré déchiré
sans voix
comme une phrase interrompue.
Hors du temps
toutes les nuits
les images les yeux
le brasier des ombres
toi l’étrangère
ici venue
et l’inimaginable
absence
ce parler machinal
jadis rêvé
en jardin symbolique
statue furtive
ce qu’il en reste
à jamais
ce désordre froid
cet effondrement
une porte
qui claque
comme une question
toujours vivante.