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Citations sur L'instant d'après (37)

Soudain, le magazine d’Anna lui semble creux, vide même. Pourtant, ça lui fait du bien de retrouver chaque semaine sa ration de fun, de mode, de potins et de célébrités. Elle sait que c’est futile, mais c’est bien son genre, et après tout il y a aussi des articles de fond intéressants. Justement, en l’ouvrant au hasard, elle tombe sur la photo d’une jeune femme afghane dont le corps est horriblement balafré de cicatrices de brûlures.

Anna frissonne.
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Très vite, le train s’arrête à Wivelsfield, et Anna se demande pourquoi. Habituellement, il traverse simplement la gare. Elle espère que ce n’est rien, mais craint quelque chose de grave.
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Lou croit comprendre de quoi il s’agit. L’homme porte la main à sa poitrine tandis que sa femme reste assise, toute droite, et soudain boum, un choc ! Il s’est effondré sur la table, la tête la première. Il ne bouge plus. Complètement immobile. Pendant quelques secondes, personne ne réagit. Lou regarde le café renversé : une trace de liquide beige court jusqu’au sol – ploc, ploc ploc –, le long de la fenêtre et de la tablette en Formica. Dehors, une tempête de pluie secoue violemment les arbres.

Et puis c’est la panique. La femme se lève d’un bond et crie :

– Simon ! Simon !

Simon ne répond pas. Sa femme le secoue, et Lou aperçoit son visage : sa bouche est ouverte, et il retombe en arrière. Elle le reconnaît, elle l’a déjà vu dans ce train auparavant.

– Alors ! renifle un homme en agitant son journal d’un air péremptoire. Qu’est-ce qui lui arrive ? Il a trop bu, ou quoi ?

Son jugement galvanise Lou :

– Il a une crise cardiaque, bon sang !

Elle se lève et se souvient des automatismes appris dans sa jeunesse aux cours de secourisme, aux Jeannettes et devant Urgences :

– Appelez les pompiers, un contrôleur, quelqu’un !

Un autre homme, jeune, le cheveu hirsute, un bouc au menton, installé près de la femme au maquillage ­interrompu, laisse tomber son sac en plastique et se lève en demandant à Lou, comme si elle savait tout :

– Où ça ?

– Le wagon du milieu ! crie l’épouse.

Le jeune homme hésite.

– Par là, lui indique Lou en désignant la queue du train, et il s’y précipite.
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Le couple est marié. Leurs alliances et la façon dont ils entrelacent leurs doigts le confirment. La femme doit avoir une quarantaine d’années, pense Lou. Elle a un joli visage. Son profil est intéressant, encadré de cheveux bruns et épais. Son mari n’est pas aussi beau, à première vue ; il est grisonnant et un peu enveloppé – Lou lui donne dix ans de plus que sa femme, voire davantage –, mais il a l’air gentil. Les petites rides autour de sa bouche indiquent qu’il aime rire. La femme est tendrement blottie contre son épaule. Devant lui, un gros livre de poche, un des derniers best-sellers, mais il ne le lit pas. Il caresse la main de sa femme, doucement, tendrement. Lou ressent une pointe de jalousie. Elle envie leur tendresse et la façon innocente dont ils la montrent.

Le train s’arrête à Burgess Hill. Il pleut des cordes, et les banlieusards secouent et replient leur parapluie en montant dans le train. Un coup de sifflet les oblige à se dépêcher et, tandis que les portes se referment, Lou jette un coup d’œil à sa voisine en vis-à-vis. Elle a terminé de se maquiller les yeux, et c’est comme si son visage était plus net et mieux contrasté. Lou se dit qu’elle était pourtant mieux sans maquillage… plus douce, plus vulnérable. Jolie de toute façon. Et ses cheveux blonds, bouclés comme des cheveux d’ange, sont si différents des siens que Lou a envie de les toucher.
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07 h 58

Lou fait semblant de dormir, mais du coin de l’œil regarde la femme assise en face d’elle se maquiller. Elle a toujours trouvé ça fascinant de voir d’autres femmes se transformer ainsi dans le train.

Lou, elle, ne se maquille que pour les grandes occasions et trouve bizarre de choisir les transports en commun pour dévoiler cette forme d’intimité, même si c’est un gain de temps pour la personne. Et choisir le train de 7 h 44 pour livrer à la foule la séance de maquillage qui épaissit les cils, agrandit le regard, couvre les cernes et les rougeurs, puis pulpe les joues et les lèvres, c’est comme dévoiler les truquages d’un tour de magie.

Les gens qui l’entourent sont silencieux pour la plupart ; certains dorment ou somnolent, d’autres lisent et quelques-uns discutent.

Lou écoute discrètement son iPod, tout en prêtant l’oreille à la conversation du couple assis dans la contre-allée. Elle change de position sur son siège et, pour mieux les voir, rajuste sa capuche d’anorak : comme elle se rend à la gare en vélo, il est encore dégoulinant de pluie.
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-où est papa ?

- Papa n'est pas là, ma chérie, dit Karen mais Molly est à moitié endormie, elle renifle à nouveau et se rendort.

Alors tout doucement Karen murmure:

- Papa est parti

Plus pour elle que pour eux.
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En tout cas, là où papa est parti, il peut faire des tas de choses qu'il adore faire, tout le temps. Il pourra jouer au football... il y a des tas de gens au ciel qui adorent jouer au football. Il pourra boire de la bière... je suis certaine qu'il pourra trouver plein d'hommes avec qui il pourra boire une bonne bière bien fraîche là-haut. Il pourra parler avec ses amis, faire une petite sieste l'après-midi, tous les après-midi s'il le veut. Il pourra écouter de la musique, à fond ! Et tu sais quoi ? Il ne sera pas obligé d'aller travailler à Londres, plus jamais. Il pourra dessiner et faire tout ce qui lui chante.
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Elle se souvient alors de la voix de sa mère qui, des dizaines d'années auparavant, quand elle était petite, lui disait : « Mais, ma chérie, le monde est injuste. »

Cette phrase lui permettait alors de faire comprendre à Anna pourquoi d'autres enfants avaient plus de choses qu'elle, pourquoi les invités avaient une plus grosse part de dessert, les amis de plus beaux jouets et les copines plus d'argent de poche. C'était une philosophie très simple mais universelle.
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La vie de Simon et Karen est cimentée depuis plus de vingt ans, et leurs liens sont tressés de mille manières. Il a joué tant de rôles pour elle : il n'a pas été seulement son amant, son ami et son confident, mais aussi son compagnon de vacances, son directeur financier, son homme à tout faire, son jardinier, son compagnon de jeux, son mécanicien, celui qui faisait les courses au supermarché... La liste est interminable.
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Une fois de plus, Lou se demande combien de temps elle va continuer à mentir. Car sa vie est quand même un mensonge. Et ce mensonge la taraude de plus en plus férocement, ça ne peut pas durer éternellement.
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