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Critique de Meps


Meps
19 février 2022
Tout en étant dans le même mouvement particulièrement tenté, j'ai toujours résisté à l'envie de lire l'adaptation BD d'une oeuvre littéraire. Un peu comme pour les films, je suis en même temps conscient de tout l'apport que l'image peut apporter à l'histoire... et également beaucoup trop au fait de tout ce que l'adaptation ne pourra s'empêcher de mettre de côté et qui appauvrira donc le propos.

La meilleure solution était donc pour moi toute trouvée, un peu là encore à l'image de ce que je fais pour les films ces derniers temps : lire l'adaptation avant l'original. La déception sera évitée par l'inversion, le désavantage de la "défloration" de l'intrigue étant compensé à la fois par la joie de découvrir le trait du dessinateur et par la certitude que la lecture future de la version roman m'amènera d'autres plaisirs de profondeur.

Je me suis donc plongé avec plaisir dans l'adaptation du Vagabond des étoiles. de Jack London. J'avais apprécié la lecture de L'appel de la forêt étant plus jeune, et plus récemment adoré la lecture de Croc Blanc, injustement cantonné à la lecture jeunesse. J'avais aimé le style totalement anti-anthropomorphiste de cette histoire, la recherche de la vérité animale par un esprit humain.

Ici, c'est l'expérience carcérale qui est au centre de l'histoire, surtout dans ce premier tome qui pose le cadre de la vie de Darell Standing, sa condamnation et ses premiers temps en prison, et ce qui l'amène dans le couloir de la mort. On commence aussi à découvrir la particularité de prisonnier, son esprit particulièrement puissant et pour finir le moyen qu'il utilisera pour échapper aux tortures qu'on lui fait subir.

L'histoire est une mine d'or pour le dessinateur Riff Reb's, sur plusieurs plans. le milieu carcéral est particulièrement intéressant au niveau pictural, et il est d'ailleurs souvent l'objet de films, le jeu des lumières et ombres, la confrontation entre gardiens et prisonniers, tout est intéressant à représenter. Et l'histoire lui offre aussi l'opportunité de retranscrire les tourments de l'esprit du prisonnier, et là c'est liberté absolue, l'auteur peut imaginer comme bon lui semble les tourments du prisonnier, et il le fait avec brio. Enfin, quand l'exploration des vies antérieures arrive comme solution pour échapper à l'enfermement, ce sont de nombreuses époques qui lui sont offertes comme terrain de jeu. On comprend clairement l'intérêt qu'a pu trouver Riff à cette adaptation, tellement riche en possibilités. Jouant sur les ambiances lumineuses par des colorations différentes, très habile dans la caractérisation de ses personnages, il sait montrer à l'occasion son talent pour les décors comme dans le court passage égyptien, mais le tout sans ostentation, au service du récit et en faisant la part belle au talent de London... sans pour autant nous imposer des pavés de texte, qu'un trop grand respect de l'écrivain aurait pu le pousser à recopier.

Bref, beaucoup d'écueils sont évités avec talent et l'oeuvre est puissamment mise en valeur. La précision "librement adapté de" en couverture donne encore plus follement envie de lire le London, pour juger si la liberté a finalement magnifié le roman ou si l'original garde toute sa profondeur supplémentaire.
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