Le vagabond des étoiles, tome 1

Seule la séparation forcée et la mort prématurée offrent à l'amour une part d'éternité.

Voilà comment, dans un état de droit, la justice est rendue. On y encourage la délation, la perfidie et la corruption pendant qu'on offre la liberté aux escrocs.

La mort tranche dans la vie, à l'aveugle, sans discernement.

Installe-toi confortablement, il est temps de t'apprendre qui je suis ...

Seule la séparation forcée et la mort prématurée offrent à l'amour une part d'éternité.

Vous voyez ce qu'est une mise en abyme. L'enchâssement d'un récit dans le récit, d'un tableau dans le tableau.
Imaginez donc une prison dans une prison avec, dedans, une autre prison dans laquelle... et vous auriez une idée de l'endroit où ils m'ont conduit.
Un petit boyau perdu dans les gigantesques intestins de la bête. Enterré vif. Mais cet endroit improbable se révélera aussi être la piste d'envol parfaite pour les voyages les plus insensés qu'on puisse imaginer.

Je n'ai jamais pu contrôler les destinations de tous mes voyages, et il y en eut de nombreux, vous le saurez bientôt.
Toutes ces vies me sont apparues en vrac, par morceaux, dans un désordre absolu, alors j'ai décidé, pour en simplifier la lecture, de réunir en un seul faisceau toutes les phases de ces résurrections successives.
Bientôt, la justice de mon pays va mettre fin à ma vie, enfin, à celle de Darrell Standing. Mais ils ne me prendront rien, je suis la vie, j'ai vécu dix mille générations. Je suis l'étincelle allumée qui brille sans cesse et défie le temps...
Je suis le vagabond des étoiles. (p.92)

Bien souvent au cours de mon existence, j'ai éprouvé la bizarre impression que tous mes souvenirs ne m'appartenaient pas, l'impression de connaitre des lieux où je ne me suis jamais rendu, de découvrir parfois, dans les traits d'un visage pourtant nouveau, une personne que j'ai toujours aimée, toujours haïe ou simplement croisée.
Lecteur, ne proteste pas, cette sensation de "déjà vu" est tienne aussi.

Seule la séparation forcée et la mort prématurée offrent à l'amour une part d'éternité.

- Au fait, connaissez-vous la nouvelle, mon père ?
- Quelle nouvelle, comte ?
- Dieu est mort ! Dieu est mort à Rome, dégusté par les cardinaux, hostie après hostie. Ha ! Ha ! Ha !
- Blasphème !!! Dieu est vivant et l'ange des ténèbres est sur vous !!!