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Critique de Eve-Yeshe


Magdalena, actrice reconnue, reçoit un coup de fil de son agente lui annonçant que sa mère a été retrouvée. Elle vient juste de sortir d'une consultation où la dermatologue lui a ôté un « grain de beauté » dans des conditions assez brutales…

« Cet appel n'a pas existé. Rien à entendre, rien à comprendre, mais il provoque une fissure dans ses pensées. Fissure aussi fine que l'incision dans son cou. Elle la sent, elle a peur que flot de souvenirs qui pourrait surgir. Un suintement qui finirait partout emporter. Emporté, le château construit depuis l'enfance … »

Sa mère, Apollonia, a disparu de sa vie, il y a trente ans, son père Isidore lui a simplement dit : Maman est partie… Où ? pourquoi ? Personne n'a voulu donner d'explications, elle était dépressive, et elle est allée se reposer auprès de « personnes qualifiées ». Les parents d'Isidore, Marcelle et XXX ne veulent pas répondre, aux questions de la petite fille, qui finit par penser que c'est de sa faute, et se renferme, fuit dans les études, avoir des bonnes notes pour ne pas plonger.

Elle finit par trouver refuge dans le théâtre où elle pourra exprimer sa colère via ses personnages, notamment Antigone, qu'elle a rencontrée très tôt (une représentation à l'école)

Le coup de fil déclenche un tsunami, les souvenirs remontent, la douleur de l'absence, la difficulté à se construire, sans image maternelle, le père qui finit par refaire sa vie, la laissant encore plus seule avec ses grands-parents… Elle décide de partir rejoindre cette mère qu'elle ne connaît pas… seulement pour quelques jours, car elle a une répétition prévue.

Léonor de Récondo nous livre un récit à sa manière, avec une réflexion sur l'amour, l'abandon la maternité, la difficulté de se construire en tant que femme, la fuite dans les rôles au théâtre ou au cinéma. Et surtout, elle parle très bien de l'absence, cette absence qui l'a accompagnée au fil des jours, omniprésente, unique compagne avec Antigone.

Par contre, « les retrouvailles » m'ont laissée sceptique, un peu trop faciles, d'autant plus qu'Apollonia est âgée et plutôt perdue (on se demande comment elle peut vivre seule avec la vaisselle, la saleté qui règne dans la maison isolée : on lui prépare ses médicaments une fois par semaine… mais c'est quand même touchant cette relation qui s'ébauche, avec en toile de fond un lourd secret…

Peut-on rattraper le temps perdu, nouer en si peu de temps une relation, au bout de trente ans d'absence et de souffrance ?

J'ai aimé l'omniprésence d'Antigone car l'héroïne d'Anouilh me fascine depuis longtemps, et aussi la référence à la Rose tatouée de Tennessee Williams : « Personne n'est rien avant d'être aimé », les extraits que nous donne l'auteure.

L'écriture de Léonor de Récondo est toujours aussi belle, mais je n'ai pas ressenti l'élan de « Pietra viva » que j'avais adoré ou « Amours » ou encore « La leçon de ténèbres » dans lequel elle m'a fait découvrir et apprécier l'oeuvre du peintre El Greco, mais c'est une belle histoire.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteure que j'apprécie particulièrement.

#Reveniràtoi #NetGalleyFrance

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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