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Critique de tamara29


Un grand merci tout d'abord à Babelio et aux Editions Gallimard pour m'avoir proposée la lecture de « La chambre des époux » d'Eric Reinhardt.
Difficile de définir ce livre : roman autobiographique- Autobiographie et roman ?
En 2006, Eric Reinhardt, alors qu'il écrivait « Cendrillon » apprend que sa femme Margot est atteinte du cancer du sein. Mais, au lieu de laisser son écriture pour un temps afin de la soutenir, elle le supplie justement de terminer ce roman pour être ensemble comme dans une bataille conjointe. L'auteur, qui aura souvent envie de lâcher prise, va alors trouver la force pour écrire ce roman, puisant justement cette force dans le combat de sa femme contre la maladie, son amour pour elle, leur amour. Pour elle, parce que son combat à elle est bien plus grave et difficile, il a l'obligation de finir ce roman. Comme un mantra, une incantation qu'il se répète. Cette bataille qu'ils vont vivre ensemble, se soutenant mutuellement, va renforcer leur amour. La transcender plus encore.
Par la même, dans ce contexte, il nous raconte comment son écriture n'a plus le même ton, ses mots sont comme transportés par ce qu'ils vivent, ce qu'ils ressentent tous les deux.
Au cours d'un dîner, il croise une femme dont il se souvient qu'elle était, elle aussi, gravement malade et qui a été guéri « miraculeusement », alors que les médecins ne lui laissaient que quelques mois à vivre. La maladie de sa femme, quant à elle, est en cours de rémission. Et croiser cette femme le bouleverse. Elle lui rappelle bien-entendu toute cette difficile période vécue avec Margot, lui rappelle combien il l'aime. Et cette femme, en vie, dégageant de son être toute la représentation de la vie, lui donne une beauté, une luminosité incroyable au point de la désirer. Et alors qu'il ne s'était jamais allé aux larmes, à l'apitoiement durant la période de cancer de sa femme, là, il craque. Les émotions sont trop fortes. Il laisse tout déborder.
C'est notamment cette rencontre qui va lui donner l'idée d'un roman tiré de ces émotions diverses. Alors, peu à peu, on glisse vers le roman. On retrouve certaines phrases identiques à ce qu'il avait écrit pour lui-même et sa femme, mais avec d'autres personnages. (J'ai dû faire quelques aller-retours pour vérifier si tout était répété à la virgule près ou non).
Le héros est son double. Nicolas, compositeur de musique, apprend que sa femme Mathilde est atteinte d'un cancer et elle lui demande de terminer sa symphonie « La belle au bois dormant » (comme un double du roman « Cendrillon »). Et comme des doubles, toutes les femmes ont des prénoms commençant par M : Margot, Mathilde, Marie... La/les femme(s) qu'il aime(nt) (qu'il M, on l'aura compris).
Ce roman, Eric Reinhardt ne le terminera jamais, mais il écrira les romans qu'on connaît, notamment « Cendrillon » et « L'amour et les forêts ». Pourtant, dix ans plus tard, parce que le cancer est loin derrière, cet auteur nous raconte cette période, y mêlant les épisodes de sa vie avec ceux romancés de ce musicien et de sa femme, commentant son travail d'écriture ou n'étant que spectateur/narrateur du roman sur lequel il réfléchit, il imagine.
Les récits sont mêlés, approchant parfois la frontière de l'emmêlement et de la confusion (les situations, les prénoms si proches, si copier-coller). Même dans la deuxième partie « romancée », l'auteur est toujours omniprésent (ce qu'on peut trouver original ou qui peut déranger). de bout en bout, Il nous fait la chronique de cette période, de tout son travail d'écrivain, ses pensées, ses interrogations et analyses mais aussi ses désirs. Des désirs d'ailleurs un peu extrêmes qu'il a -en quelque sorte- pu assouvir par le biais du héros Nicolas, qu'il a fait aller plus loin dans l'expérience amoureuse.
Le double Nicolas est un peu « too much » à mes yeux, un peu trop super-héros. Parce qu'il va forcément composer une symphonie qui va tellement émouvoir les gens, qui forcément va aller se produire dans les plus grandes salles de concert internationales, qui forcément va chercher à sauver la deuxième femme, etc. Cela en devenait plus qu'agaçant.
Et j'ai regretté cette 2ème partie alors que l'idée de base était intéressante, voire originale. Sûrement aussi que mon côté un chouia féministe n'a pas apprécié le(s) rôle(s) qu'il a fait tenir à « ses » femmes (un peu égoïste quand même notre Superman. On ne peut pas avoir toutes les qualités ! Ni être le parfait prince chevalier servant qui va sauver sa « belle au bois dormant » parce qu'il en a même perdu de son autodérision de la 1ère partie). Sans parler des étreintes et coïts amoureux avec une femme atteinte d'un cancer que je n'ai pas trouvées crédibles. J'ai parfois ressenti du malaise à lire certaines « scènes » au point que son style d'écriture commençait à me lasser. Dommage qu'il ne soit pas arrêté à la partie autobiographique.
Par contre, j'avoue qu'il a été assez inspiré de ne pas avoir, finalement, écrit ce roman (dont il avait déjà le titre « une seule fleur »). Pour ma part, je ne suis pas sûre que je l'aurais aimé ! (possible même que je l'eus lâché en cours de route par exaspération, de mon bras « bionique » à la super Jaimie, bien sûr…).
Pourtant, parce que cela parle de moments douloureux, de la maladie, de la mort mais bien plus encore de la vie ; parce que cela parle de la beauté de la vie et de ce tout ce qu'elle nous offre de beau (l'art, la littérature, la musique, la nature, les lieux magiques comme l'Italie et tant de choses encore) ; parce que cela parle de corps, abimés, usés par la maladie, mais aussi d'amour entre un homme et une femme, de l'amour d'Eric Reinhardt pour sa femme, j'ai été assez touchée par ce livre (la 1ère moitié, s'entend). Car il reste un témoignage d'amour.

Pour la petite anecdote, les petites coïncidences de la vie (mais la rentrée y est un peu pour quelque chose): une amie avait pris deux places pour l'enregistrement de deux émissions « le masque et la plume » de France Inter. Pour la partie littéraire qui sera diffusée le 28 Août, parmi les livres commentés, il y avait celui de Reinhardt .
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