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Critique de Annette55


«  La taïga était silencieuse .
« De petites paillettes voltigeaient dans l'air , tombant du ciel, de l'obscurité cosmique où tout allait certainement bien mieux que sur terre, puis se déposaient sur les rondins gris près de l'isba .... »

Extrait de ce roman russe d'une grande richesse ( je remercie chaleureusement Idil qui m'a fait acheter cet ouvrage....) Grand merci vraiment 😀.

Il nous emporte très loin, au coeur de la taïga, dans l'immense Sibérie Orientale en Russie post- communiste : Rybatchi où tous les habitants sont chasseurs , pêcheurs....braconniers....Guennadi Milouitine dit « Guéna »aime pêcher à la senne avec Michka, , son fils aîné....il chasse la zibeline ..

Au bout du monde, les habitants de Rybatchi tirent leurs principaux revenus du trafic illégal d'oeufs de saumon et de la pêche, activités formellement interdites par la «  milice » en échange d'une taxe de 20 %, un impôt payé tout à fait discrètement aux autorités corrompues en Cash ...


Ces hommes courageux aux habitudes originales et pittoresques passent plusieurs mois dans ces contrées , loin de leurs familles, seuls dans des isbas rudimentaires ...

L'auteur s'attache à explorer l'âme de ces hommes éternellement épris de liberté tel des brigands au coeur de paysages grandioses ... époustouflants...

Entre vent de révolte , désobéissance civile, pagaille, braconnage, chant d'amour pour cette nature indomptée, le silence et la beauté de la forêt enneigée, l'auteur critique férocement la corruption généralisée, cette gangrène qui a volé les rêves que l'on a remplacé par du fric, « ce pouvoir qui est pourri partout », pareil à Moscou , ces enfants dégénérés , pourtant la Sibérie a toujours été libre !

Victor Remizov attaque ce pouvoir arbitraire qui n'aime que lui- même ....violent ,exercé à l'aveugle, sans justice !

Il décrit à l'aide d'une écriture élegante et poétique aussi bien les chevilles déliées , les hanches étroites de Macha, l'amie de Sania, : « sa taille fine et ses fesses fermes » que la trogne rouge des époux Gnidiouk: elle plantureuse, cuisinière hors pair avec « un ventre et un derrière sacrément proéminents » , nommée «  petite maman ».au visage presque carré »......

Faut - il choisir la retraite dans la taïga ? Très loin mais enfin libres ?
Ou la voix de la révolte , de la violence , de l'affrontement dans ce pays où l'emeute devient politique ?
Nature grandiose, esprit de liberté Imprègnent ce roman foisonnant de personnages où lourd labeur , travail épuisant au coeur de l'immense taïga cachaient la beauté du monde , où ces hommes devaient affronter une époque de dérèglement ?

Dilemme ...

Une très belle oeuvre visuelle , imagée qui parle et chante au lecteur comme une liqueur forte ou un film, une chasse à l'ours qui se transforme en chasse à l'homme !

Pour les amoureux de la nature et des grands espaces !


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