AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Jules Renard a quelque chose d'un entomologiste : il étudie la vie des petites bêtes, à la loupe, avec une méticulosité et un sens du détail infinis. de la même façon que dans ses romans et ses pièces de théâtre (sans parler de son « Journal ») il disséquait l'âme humaine en mettant à jour ses plus intimes contradictions, il se penche sur la vie animale avec des « sourires pincés » (titre d'un autre de ses ouvrages), pleins de malice et de fantaisie.
« Histoires naturelles » (1894) constitue un bestiaire insolite, constitué d'une réunion de portraits poétiques, cocasses ou facétieux, très réalistes, et comme on dit « frappés au coin du bon sens » : cet anthropomorphisme (qui n'est pas sans rappeler La Fontaine) donne à ces portraits une dimension qui dépasse la simple description :
L'ÉCUREUIL

I
Du panache ! du panache ! oui, sans doute ; mais, mon petit ami, ce n'est pas là que ça se met.

II
Leste allumeur de l'automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue.

LE CORBEAU

I
L'accent grave sur le sillon.

II
— Quoi ? Quoi ? Quoi ?
— Rien.

LE VER LUISANT

I
Que se passe-t-il ? Neuf heures du soir et il y a encore de la lumière chez lui.

II
Cette goutte de lune dans l'herbe !

Ces petites vignettes, poétiques, malicieuses, et tellement criantes de vérité, pourraient servir de légendes à ces imagiers de notre enfance (ou celle de nos enfants, ou celle de nos-petits-enfants, au-delà c'est plus aléatoire car les animaux évoqués n'existeront peut-être plus).
Jules Renard : il ne faut pas le réduire à « Poil de carotte » et au « Journal », il est véritablement un très grand écrivain (et son théâtre, drôle et cruel, est à redécouvrir) !



Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}