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Un petit recueil avec toutes sortes de textes consacrés aux animaux, qu'ils soient familiers, domestiques, sauvages ou même exotiques, ainsi qu'aux petites bêtes. Il fait la part belle aux oiseaux en tout genre (du pinson à la perdrix en passant par la poule et le perroquet). Les textes sont disparates, allant d'une phrase à plusieurs pages. le lecteur y rencontre de jolies trouvailles, de petits tableaux succincts, souvent poétiques, une série de portraits façon bestiaire, parfois en une ligne ou deux, presque des haïkus (Le papillon : « Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur. » ), parfois un court texte, presque une fable. D'autres fois on n'est vraiment pas très loin de poésie en prose, ailleurs c'est plutôt une nouvelle. La proximité de l'auteur avec la nature est toujours remarquablement perceptible, il a un sens aigu de l'observation qui lui permet de saisir le détail juste, de croquer la posture d'un animal en une métaphore parlante (en parlant des canards : « Devant la porte fermée, ils dorment tous les deux, joints et posés à plat, comme la paire de sabots d'une voisine chez un malade. »). Mais c'est un peu disparate et ce livre ne se lit pas d'une seule traite, d'ailleurs rien n'oblige à le lire dans l'ordre des textes, une fois passé le premier texte, « Le chasseur d'images », qui sert de présentation à l'ensemble. L'avant-dernier texte, « Une famille d'arbres », est d'une grande modernité (il m'a fait penser à L'arbre-monde). Par contre, j'ai eu beaucoup plus de mal avec les textes plus longs, en particulier ceux liés à la chasse même si la plume est belle (sans jeu de mots bien que les textes en question portent surtout sur des oiseaux) et si cela fleure bon la France rurale d'antan (avant la première guerre mondiale). Je ne suis pas sûre que l'étiquette « littérature jeunesse » soit très bien adaptée. A découvrir et à lire un peu comme on lit un recueil de poèmes.
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Voici un facétieux recueil, où Jules Renard fait plusieurs portraits très drôles, tous reliés à l'environnement naturel. Nous sommes à la campagne, au bois, au zoo, le long d'une rivière, dans un potager, … et nous observons les animaux. Tout est saisissant de justesse. Il élabore des parallèles entre le monde des animaux, des plantes, et celui des hommes. L'écriture s'appuye sur de belles métaphores poétiques. L'intention de l'auteur est d'observer les hommes derrière les masques de ces animaux, qu'ils soient volatiles, gibiers ou poissons. Ce rapprochement entre animalité et humanité ne peut que nous toucher et nous rappeler à nous-même. J'ai passé un moment magique, et relire certains passages a été aussi très agréable. Pour moi, une découverte heureuse, et Poil de Carotte est en projet.
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En 1896 naissent, sous la plume de Jules Renard, les très belles Histoires Naturelles, qui seront mises en musique par Maurice Ravel. En quelques lignes, ou dans une courte narration, l'auteur trace le portrait vivant et sensible de la faune sauvage ou domestique qui évolue sous ses yeux. Un rare sens du détail et de l'observation, une langue précise et élégante, donnent à chaque sujet une présence vibrante d'émotion. le noble cerf comme le répugnant crapaud accèdent à la même dignité, que leur confère le talent de l'auteur. Son imagination fertile, capable de transformer des gouttes de pluie en « perles d'eau », s'apparente à la poésie qui se glisse parfois dans les mots d'enfants, empreints d'humour et de fraîcheur créative, maîtrisée par l'art de l'écrivain.



Un regard attentif, capable de saisir l'infime et précieuse pulsation de la vie dans chaque être, est ce qui caractérise cette oeuvre. Un regard capable de se défaire des préjugés communs, grâce auquel l'écrivain se fait l'avocat des espèces calomniées (cochon, crapaud, chauve-souris...) et interroge le rôle convenu que l'humain s'attribue face aux animaux (celui de l'éleveur, du chasseur, du pêcheur...). Il est sans doute important de considérer que le monde dont parle Jules Renard n'avait pas encore connu les mutations survenues dans le nôtre après « la grande boucherie » de 1914-1918, les exterminations massives de 1939-1945, la mécanisation de l'agriculture, le remembrement, l'urbanisation et l'expansion démographique, qui ont forcément changé notre approche de la vie, et de la mort. L'auteur possède une proximité avec la nature que nombre d'entre nous ont perdu et que certains tentent de reconquérir, sur la base de relations nouvelles. Jules Renard, s'adonnant lui-même, non sans quelques scrupules, à la chasse et à la pêche, trace quelques pistes de réflexion, lorsqu'il parle du chagrin causé par la mort d'un animal. Suivons les derrière lui, l'esprit aux aguets : Dédèche, le petit chien euthanasié, l'a été, non parce qu'il souffrait, mais parce qu'il causait du désagrément à ses maîtres. Brunette la vache meurt, entourée de la sollicitude et des regrets de toute une famille (qui la destinait, n'est-ce pas, à l'abattoir ?). le chasseur tire le lièvre au gîte, et reconnaît, un peu tard, sa lâcheté. Monsieur Vernet, affligé par la souffrance du gibier, puis des poissons, cesse la pêche après avoir cessé la chasse : préserver la vie annoncerait donc la « sagesse » comme une « perte du goût de vivre » ? Une prometteuse amorce de débat philosophique sur un sujet qui intriguera les jeunes lecteurs.


Lien : http://libr.animo.over-blog...
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Ce recueil fait partie de ces livres sans prétention qui laissent dans votre mémoire une jolie trace et qu'on a envie de rouvrir juste pour le plaisir d'une belle phrase, d'une comparaison poétique ou d'un détail remarquablement décrit. Ces "récits animaliers" sont pleins de fraîcheur et devraient faire partie de ces textes qui se transmettent de génération en génération, en une culture commune
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Jules Renard a quelque chose d'un entomologiste : il étudie la vie des petites bêtes, à la loupe, avec une méticulosité et un sens du détail infinis. de la même façon que dans ses romans et ses pièces de théâtre (sans parler de son « Journal ») il disséquait l'âme humaine en mettant à jour ses plus intimes contradictions, il se penche sur la vie animale avec des « sourires pincés » (titre d'un autre de ses ouvrages), pleins de malice et de fantaisie.
« Histoires naturelles » (1894) constitue un bestiaire insolite, constitué d'une réunion de portraits poétiques, cocasses ou facétieux, très réalistes, et comme on dit « frappés au coin du bon sens » : cet anthropomorphisme (qui n'est pas sans rappeler La Fontaine) donne à ces portraits une dimension qui dépasse la simple description :
L'ÉCUREUIL

I
Du panache ! du panache ! oui, sans doute ; mais, mon petit ami, ce n'est pas là que ça se met.

II
Leste allumeur de l'automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue.

LE CORBEAU

I
L'accent grave sur le sillon.

II
— Quoi ? Quoi ? Quoi ?
— Rien.

LE VER LUISANT

I
Que se passe-t-il ? Neuf heures du soir et il y a encore de la lumière chez lui.

II
Cette goutte de lune dans l'herbe !

Ces petites vignettes, poétiques, malicieuses, et tellement criantes de vérité, pourraient servir de légendes à ces imagiers de notre enfance (ou celle de nos enfants, ou celle de nos-petits-enfants, au-delà c'est plus aléatoire car les animaux évoqués n'existeront peut-être plus).
Jules Renard : il ne faut pas le réduire à « Poil de carotte » et au « Journal », il est véritablement un très grand écrivain (et son théâtre, drôle et cruel, est à redécouvrir) !



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Jules Renard, l'illustre auteur de Poil de Carotte était un fin observateur de la nature. Passionné, fasciné et intrigué par cette grande dame de la faune et la flore, il écrit, à la fin du 19 ème siècle, Histoires Naturelles. Nullement un ouvrage scientifique, l'auteur nous livre plutôt une galerie de portraits d'animaux, une sorte de bestiaire, du cerf au chat, de l'escargot à l'écureuil, en passant par le crapaud, les goujons et autres fourmis… sous forme de petites aventures, pas très éloignées des fables. Jules Renard pose un regard tour à tour lucide, tendre, amusé et ironique sur les animaux, leurs comportements et leurs liens avec l'homme.

De facture classique, les textes sont tout à fait accessibles aux plus jeunes lecteurs ; le vocabulaire est simple, les phrases sont courtes, les nombreux dialogues donnent du rythme aux histoires, l'équilibre entre les descriptions et la poésie est maîtrisée, l'usage régulier du présent de l'indicatif favorise l'immersion et l'empathie. Quant à la moquerie envers les chasseurs, elle est savoureuse.

Jean-François Martin, l'heureux illustrateur de ces Histoires Naturelles, a dû suivre le principe de cette nouvelle collection : proposer des dessins avec une contrainte de taille puisqu'il n'avait qu'une semaine pour réaliser son travail en utilisant pas plus de quatre couleurs.

Réunir la littérature classique et le dessin contemporain, spontané de surcroît, est une réussite. L'illustrateur a apporté sa vision propre, de la modernité et un côté joueur indéniable – j'ai beaucoup aimé la manière qu'avaient certains animaux de nous regarder nous lecteurs droit dans les yeux semblant chercher le fond de notre pensée, et puis évidemment le clin d'oeil à l'affiche du Chat noir (cabaret de Montmartre) peint par Théopĥile-Alexandre Steinlen en 1896, seulement trois ans avant le livre de Jules Renard -.

Et puis, quelle belle et judicieuse idée de clore ces extraits par La cage sans oiseaux… une ode à la liberté. Des histoires qui trouveront naturellement leur place sous le sapin!
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Un chef-d'oeuvre de bestiaire. La finesse de l'observation n'a d'égale que la finesse de l'ècriture... Un livre que l'on n'a jamais fini de lire. Il suffit d'ouvrir une page au hasard et se laisser emporter par la poésie ou la cocasserie des scènes rapportées.
Aujourd'hui me voilà à essayer de me faire adopter, comme l'auteur par "une famille d'arbres"; Epoustouflant!
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Un vrai bonheur !
Tout est vrai, on y est. On les voit, tous ces animaux décrits ici. Toutes ces scènes liées à la nature sont tellement expressives, que l'on n'a qu'un seul regret : Pourquoi ne pas y avoir pensé aussi ?
Mais Jules Renard, au nom prédestiné, est passé par là, avec son immense talent. J'ai souvent passé d'excellents moments avec Jules Renard (Son journal), mais là, avec une écriture simple, imagée, il nous enchante.
A lire, à faire connaître, ou à lire avec vos enfants, pour éveiller leur capacité à imaginer notre monde, en dehors des villes.
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Jules Renard, dans son journal, se montre souvent d'une férocité implacable envers les humains, y compris contre ses collègues écrivains.
Le 14 novembre 1907, il accueille Victor Ségalen qui avec "Les Immémoriaux "publié sous le nom de Max Anély espère être goncourable. Voici ce que Renard écrit:
"Reçu la visite de Max Anély, auteur des "Immémoriaux". Pas trente ans, je crois, Médecin de marine. A fait son tour du monde. L'air jeune, souffreteux, pâle, rongé, trop frisé, la bouche pleine de l'or qu'il aurait rapporté de là-bas avec la tuberculose. Situation médiocre et suffisante.
Voudrait le prix Goncourt, non pour de l'argent, mais pour écrire un autre livre."
Toute l'attention, toute l'empathie de Jules Renard se reportent sur les animaux, la nature qui l'entoure.
Dans sa préface intitulée "Le chasseur d'images" il révèle son extrême sensibilité:
"Il entre au bois. Il ne se savait pas doué de sens si délicats. Vite imprégné de parfums, il ne perd aucune sourde rumeur, et, pour qu'il communique avec les arbres, ses nerfs se lient aux nervures des feuilles.
Bientôt, vibrant jusqu'au malaise, il perçoit trop, il a peur, quitte le bois et suit de loin les paysans mouleurs regagnant le village. "
Le titre "Le chasseur d'images"m'a fait penser au recueil qui me tient le plus à coeur , dans la poésie contemporaine:"Les Chasseurs", d'André Hardellet.
Ce dernier, proche des surréalistes, présente ainsi son ouvrage:
"Depuis mon jardin d'enfance, à Vincennes, je n'ai jamais interrompu ma chasse. Ce que les mots laissent parfois échapper malgré eux, les scènes qui se jouent pour un public inconnu derrière le complot des apparences--voilà mon gibier.
J'ai choisi quelques exemples où ils se rejoignent;. H pour Hardellet . R pour Renard:
Les Fourmis
H: Sable noir d'un sablier horizontal

R: Chacune d'elle ressemble au chiffre 3. Et il y en a !
Il y en a 333333333333...jusqu'à l'infini.

La Libellule
H: Suspendue à un fil invisible, vibre la libellule électrique qui surveille et inquiète les roseaux. A peine la croyez-vous partie qu'elle se reforme, insistante, à la même place - ou peu s'en faut.

R: [la Demoiselle] Elle soigne son ophtalmie.
D'un bord à l'autre de la rivière, elle ne fait que tremper dans l'eau fraîche ses yeux gonflés.
Et elle grésille comme si elle volait à l'électricité.

le Loriot
H: le Loriot et "Le temps des cerises", s'entendaient au fond de l'été - parfaitement d'accord.

R: Je lui dis:
-Rends-moi cette cerise, tout de suite.
- Bien, répond le loriot.
Il rend la cerise et, avec la cerise, les trois cent mille larves d'insectes nuisibles qu'il avale chaque année.
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Des histoires très très courtes, même pas des nouvelles, je ne sais pas quel nom il faudrait y accoler, toujours sur le thème de la nature, les animaux surtout, les plantes ne font que passer.
Bon, les plus courts ne retiennent pas l'attention, mais les amateurs d'une jolie plume appréciant le coup d'oeil incisif, et les beautés de la nature, vont très certainement se laisser prendre aux plus longs. le texte sur les perdrix, je crois que j'en aurai pleuré, il y avait décidément bien du talent Jules Renard!
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