BLANCHE : […] Les amants ne valent que par les souvenirs qu'ils se laissent et nous tâchions, c'était un joli effort, de nous laisser des souvenirs précieux. Ah ! maladroit !
MAURICE: « Et vous aimez qu'on vous aime finement, qu'on vous offre parfois deux sous de violettes, un baba au rhum, un bout de dentelle, une promenade en voiture et qu'on ait pour vous ces petites attentions sans prix qui font plus chaud au cœur des femmes que le duvet à leur cou... »
BLANCHE : Oui, j'aime qu'on m'aime ainsi.
MAURICE : De là, je suis allé à l'église. Il paraît qu'il va falloir me confesser ! BLANCHE : Sans doute, il faut remettre votre âme à neuf.
MAURICE : Les uns m'affirment que le billet de confession s'achète, et les autres que je puis tomber sur un prêtre grincheux qui me dira, si je pose pour l'homme du monde et l'esprit fort : « Il ne s'agit pas de ça, mon garçon. Êtes-vous chrétien, oui ou non ? Si vous êtes chrétien, agenouillez-vous et faites votre examen de conscience. » Je me vois grotesque, frappant les dalles de mes bottines vernies. Agréable quart d'heure !
BLANCHE : Il vous faudra, je le crains, plus d'un quart d'heure. Pauvre ami, votre fiancée vous saura gré d'un tel sacrifice !
Au fond, vous n'êtes pas méchant, mais quelquefois vous éprouvez du plaisir à dire des choses dures.
MAURICE : À la bonne heure ! c'est un plaisir de rompre avec vous.
BLANCHE : Avec vous aussi.
MAURICE : C'est bien, ce que nous faisons là, très bien. C'est tellement rare de se quitter ainsi ! Nous nous sommes aimés autant qu'il est possible, comme on ne s'aime pas deux fois dans la vie, et nous nous séparons, parce qu'il le faut, sans mauvais procédés, sans la moindre amertume.
BLANCHE : Nous rompons de notre mieux.
MAURICE : Nous donnons l'exemple de la rupture idéale.
J'hésitais à me lancer dans une nouvelle aventure de cœur. Les précédentes ne m'avaient pas enrichie. Sans le faire exprès, je n'avais aimé que des pauvres...