AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Woland


Le 4 octobre 1970, aux environs d'1 heure et demie du matin, Janis Joplin décédait dans sa chambre de l'hôtel Landmark, à Hollywood, victime d'une overdose d'héroïne. Comme pour Jim Morrison, qui mourra un an plus tard dans son appartement parisien, on ne retrouva aucune seringue ou matériel de drogué sur les lieux : des "amis" bien intentionnés étaient passés par là.

On pense aujourd'hui que Joplin, qui avait replongé dans l'héroïne le mois précédent, sous la houlette de son amie et maîtresse, Peggy Caserta, s'était procuré de la drogue par son fournisseur habituel. Mais que, par un malheureux hasard, l'héroïne ainsi dispensée était exceptionnellement pure. L'organisme de la chanteuse, affaibli par l'alcool, les drogues et le stress, n'aurait pas supporté le choc.

Ainsi s'éteignait, à l'âge de 27 ans, celle que l'on surnomma de son vivant "la plus grande chanteuse blanche du blues."

Dans cette biographie qui se double d'un hymne vibrant à la gloire des sixties et d'une certaine culture, toute pétrie d'utopie et d'humanisme, Jean-Yves Reuzeau fait revivre avec un rare talent cette anti-conformiste par excellence qui eut le malheur de naître à Port-Arthur, au Texas. Passionnée par le dessin et la littérature, l'adolescente comprend très vite que son physique, lui aussi, n'est pas non plus dans les normes tolérées par la petite communauté où elle vit. Dès le secondaire, on lui fait comprendre qu'elle est laide, on la surnomme même - cruauté qu'elle n'oubliera jamais : "le mec le plus moche du campus."

Pour se donner de l'assurance - pour oublier ? pour rêver ? - Joplin se lie d'amitié avec celui qui l'accompagnera jusqu'à sa mort : le Southern Comfort, liqueur de whisky dont elle traînera des bouteilles et des thermos sur toutes les scènes qu'elle visitera. Dans les bars où elle effectue des descentes avec une bande de garçons eux aussi marginaux pour l'époque, il y a de l'alcool, des cigarettes, de la musique et même, dans certains, des lectures de poètes beatniks. Peu à peu, la musique, celle des notes et celle des vers, prend racine en elle et elle s'entraîne à imiter les grandes chanteuses de blues noires : Bessie Smith (qui restera sa référence suprême) et Odetta.

A partir de là, le destin de Joplin est tracé. Il serpente à travers mille petits bars et salles de concert jusqu'à la chambre de l'hôtel Landmark. Mais le succès ne vint pas tout de suite. Joplin l'atteignit en fait lorsqu'elle devint la chanteuse d'un groupe résolument hippie qui s'en cherchait désespérément une : "Big Brother and the Holding Company." Quand elle quitta "Big Brother ...", elle traversa à nouveau une période critique dont elle sortait manifestement - en partie grâce à Paul Rothchild qui fut également l'imprésario des "Doors" et avait l'habitude des personnalités "incontrôlables" - quand la Mort survint pour l'emmener.

Selon sa volonté, les cendres de Janis Joplin furent dispersées dans l'océan Pacifique le 13 octobre 1970. le 26 du même mois, toujours pour respecter son testament, une fête était organisée à sa mémoire et, en février 1971, sortait son dernier album, "Pearl", considéré comme son chef-d'oeuvre.

Si, par un hasard extraordinaire, vous n'avez jamais entendu chanter Joplin, courez d'urgence vous procurer l'un de ses disques. Vous comprendrez alors pourquoi Jean-Yves Reuzeau l'évoque ici avec autant de tendresse, de pudeur et d'admiration.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}